Le Vent de la Chine Numéro 38

du 19 novembre au 2 décembre 2001

Editorial : editorial_38_2001

L’affaire du sang contaminé du Henan (septembre 2000) révéla des centaines de milliers de paysans victimes du Sida après avoir vendu leur sang depuis 1992 à des centres de collecte privés. L’aide à ces malades -minime, au vu des besoins- reposait sur l’initiative de quelques médecins bénévoles. Une forte résistance publique freinait la prise de conscience. La semaine passée, 8 paysans séropositifs montés à Pékin, étaient interdits d’accès à la  conférence internationale contre le Sida, 1ère en Chine (13-16 novembre 2001), avec 2700 médecins et juristes de 20 pays. Cet été, même les experts du ministère de la Santé, au Henan, n’avaient pas pu rencontrer les villageois contaminés.

Pourtant, les choses changent vite et fort. Le seul fait que la conférence ait eu lieu signifie que Pékin (c’est-à-dire le ministère de la Santé, et le Comité Permanent du Politburo) a appelé à l’aide la communauté médicale internationale pour imposer les mesures nécessaires à la santé du pays, contre l’avis des responsables provinciaux voulant garder le silence. C’est un tournant important dans la pratique au sein de l’appareil.

D’autre part, la presse chinoise a déclaré le nombre des patients «5 à 10 fois» supérieurs aux 600.000 admis jusqu’alors –3 à 6M, donc ; et ces villageois montés à Pékin ont pu rédiger une lettre remise ensuite au ministre Zhang Wenkang, et rencontrer la presse étrangère au grand jour, contrairement à l’an dernier -preuve d’évolution des mentalités !

Dès son arrivée, à la conférence, Peter Piot, directeur exécutif de l’UNaids a créé un vent nouveau, en décrivant l’enjeu: «Savoir si la Chine de demain comptera 10 ou 50 M de séropositifs se décide maintenant »… Le Directeur de l’UNaids précise ses suggestions à la Chine: Ê que le pays négocie avec les groupes mondiaux pour produire ou acheter le remède par trithérapie (le seul permettant de freiner ou vaincre l’évolution fatale) en version générique, à prix beaucoup plus bas que les 10.000$ actuels. Action possible, déjà pratiquée par Inde et Afrique, et que vient d’accepter la Conférence de l’OMC à Doha, comme « pratique exceptionnelle pour pays pauvres combattant une épidémie ». Ë D’autre part, le succès de la lutte anti-Sida en Chine est lié au fait, de donner le signal – d’admettre publiquement l’existence du fléau, et de rompre le silence – c’est la grande demande de l’UNaids, et sans doute aussi, du ministère de la Santé !

 


Editorial : SIDA en Chine – un tournant dans la lutte !

L’affaire du sang contaminé du Henan (septembre 2000) révéla des centaines de milliers de paysans victimes du Sida après avoir vendu leur sang depuis 1992 à des centres de collecte privés. L’aide à ces malades -minime, au vu des besoins- reposait sur l’initiative de quelques médecins bénévoles. Une forte résistance publique freinait la prise de conscience. La semaine passée, 8 paysans séropositifs montés à Pékin, étaient interdits d’accès à la  conférence internationale contre le Sida, 1ère en Chine (13-16 novembre 2001), avec 2700 médecins et juristes de 20 pays. Cet été, même les experts du ministère de la Santé, au Henan, n’avaient pas pu rencontrer les villageois contaminés.

Pourtant, les choses changent vite et fort. Le seul fait que la conférence ait eu lieu signifie que Pékin (c’est-à-dire le ministère de la Santé, et le Comité Permanent du Politburo) a appelé à l’aide la communauté médicale internationale pour imposer les mesures nécessaires à la santé du pays, contre l’avis des responsables provinciaux voulant garder le silence. C’est un tournant important dans la pratique au sein de l’appareil.

D’autre part, la presse chinoise a déclaré le nombre des patients «5 à 10 fois» supérieurs aux 600.000 admis jusqu’alors –3 à 6M, donc ; et ces villageois montés à Pékin ont pu rédiger une lettre remise ensuite au ministre Zhang Wenkang, et rencontrer la presse étrangère au grand jour, contrairement à l’an dernier -preuve d’évolution des mentalités !

Dès son arrivée, à la conférence, Peter Piot, directeur exécutif de l’UNaids a créé un vent nouveau, en décrivant l’enjeu: «Savoir si la Chine de demain comptera 10 ou 50 M de séropositifs se décide maintenant »… Le Directeur de l’UNaids précise ses suggestions à la Chine: Ê que le pays négocie avec les groupes mondiaux pour produire ou acheter le remède par trithérapie (le seul permettant de freiner ou vaincre l’évolution fatale) en version générique, à prix beaucoup plus bas que les 10.000$ actuels. Action possible, déjà pratiquée par Inde et Afrique, et que vient d’accepter la Conférence de l’OMC à Doha, comme « pratique exceptionnelle pour pays pauvres combattant une épidémie ». Ë D’autre part, le succès de la lutte anti-Sida en Chine est lié au fait, de donner le signal – d’admettre publiquement l’existence du fléau, et de rompre le silence – c’est la grande demande de l’UNaids, et sans doute aussi, du ministère de la Santé !

 


A la loupe : La chute de Kaboul – vue depuis Pékin

La prise de Kaboul par l’Alliance du Nord (13 novembre 2001) a activé une diplomatie chinoise déjà dynamique. Comme tous les voisins de l’Afghanistan, la Chine craint une vacance du pouvoir qui mettrait à mal la stabilité régionale.

Ses intérêts sont triples:

[1] D’abord, détruire à la racine le fondamentalisme islamique exporté d’Afghanistan en Chine. Pour ce faire, Qian Qichen, vice 1er ministre, a beau jeu d’annoncer (11/9) à Mary Robinson, « Mme Droits de l’Homme » à l’ONU, que 1.000 Ouighours ont été entraînés dans les camps d’Al Qaïda : la répression accrue sur le Xinjiang (2.500 arrestations en 2 mois, et 4 condamnés à mort le 10/11) s’intègre dans la lutte anti-terroriste mondiale!

[2] La Chine se soucie du vide de pouvoir à Kaboul, et d’un risque de voir US et/ou Russie (dont les relations s’améliorent) le combler à leur profit, faisant passer le pays sous leur influence. Le pire scénario serait un stationnement des troupes d’un -ou des deux- en Asie centrale, «l’arrière-cour» de la Chine.

[3]  Enfin, Pékin a besoin de calme en Asie centrale pour des raisons de sécurité énergétique, et pour que fonctionne son X. Plan (01-05) de rééquilibrage de l’Ouest chinois, dans lequel il investit -en vain pour l’instant- des MM$. A présent, 64% de ses imports de pétrole viennent du Proche Orient. A l’avenir, le pays pense rééquilibrer cette dépendance, en accédant (par un réseau futur de pipelines) aux champs d’Or noir d’Asie Centrale. Ce qui ne se conçoit que dans un climat de stabilité à long terme.


Pol : prairies – un nouveau chancre vert

· Sécheresse, prédation humaine, pollution, et sauterelles ont dégradé 90% (chiffres officiels) des 400 M d’habitants des prairies chinoises. Les voilà vulnérables à une plante parasite, l’Eupatorium adenophorum introduite depuis les années 1950 d’Amérique centrale via Birmanie et Vietnam. Toxique, cet herbage au relent fétide tue le bétail qui le broute, et l’herbage indigène, sur déjà 25M d’ha. Dans la préfecture de Liangshan (Sichuan, frontalier du Yunnan), les pertes causées par ce chiendent excèdent 2,5M$ par an. Les autorités ne savent que faire (aucun des remèdes, coûteux et polluants -n’en viennent à bout), pour éviter l’invasion des terres fertiles du Sichuan. La Société Agronomique de Chine prévoit qu’avec l’OMC et l’augmentation des imports agricoles, les risques pour l’écosystème vont augmenter: excellente raison pour mettre en place des règles de quarantaine plus strictes !


Argent : du vent dans les voiles pour le textile

· Pas plus que les paysans (cf VDLC 37/VI), les entrepreneurs chinois ne se sentent prêts à l’OMC. Selon un sondage commandé par le Conseil d’Etat, ils ne sont que 3,2%, les cadres privés à justifier d’une connaissance solide des principes de l’OMC, et 20% admettent n’en connaître peu ou rien. «Le problème n°1 de l’OMC, alerte Zhang Ruimin, PDG de Haier ce n’est pas l’entrée elle-même, mais l’ignorance par beaucoup de compagnies des défis à affronter». A la veille de la ratification, les textes des règles ne sont pas rendus publics, "dans l’attente (dit le MOFTEC) d’une traduction faisant foi" -provoquant l’impatience d’industriels, d’universitaires et de cadres. Autre souci de nombreux groupes, marchés chinois et banques faibles en capitaux freinent la levée de fonds nécessaire aux entreprises pour être compétitives à temps, face à aux étrangers dotés de systèmes financiers plus sophistiqués. Mal nécessaire, selon un chercheur de la SDPC, pour qui «seule une force extérieure peut faire avancer les réformes de l’Etat».

· Un secteur sans d’états d’âme, c’est le textile. La disparition des accords multifibres (2005) va éliminer les quotas à l’export chinois, remplacés jusqu’en 2008 par des clauses de sauvegarde dans les régions importatrices -qui expireront en 2008. Entre 1995 et ’99, la restructuration du secteur a coûté 3,2M d’emplois, envoyé à la casse 9,7M de navettes entre 1998 et 2000, mais à ce prix, les pertes cumulées de 543M$ en 1999, se sont métamorphosées en profits de 3,4MM$ en 2000 – la Chine devient le tailleur du monde. Déjà en ‘2000, la Chine a exporté pour 36,1MM$ de vêtements (50 fois plus qu’en 1978), totalisant 17% des exports mondiaux d’habillement. D’ici dix ans, prédit la Banque Mondiale, les ventes chinoises à l’extérieur vont monter de 375%, s’emparant de 50% des exports globaux. Et les faibles coûts en main-d’oeuvre assureront pour des années son avantage compétitif. Seul nuage à l’horizon rose, l’utilisation par les pays occidentaux de «barrières commerciales vertes» pour endiguer le torrent textile chinois : fin octobre 2001 en Europe, 300.000 blousons chinois ont été retournés à l’envoyeur par les douanes, pour cause de métal dans les fermetures éclair, non conformes aux normes "CE". Préconisée par les experts chinois, la double parade consistera à rehausser les normes chinoises, et de «porter plainte pour discrimination, comme d’autres PVD».


Politique : politique_38_2001

· Sécheresse, prédation humaine, pollution, et sauterelles ont dégradé 90% (chiffres officiels) des 400 M d’habitants des prairies chinoises. Les voilà vulnérables à une plante parasite, l’Eupatorium adenophorum introduite depuis les années 1950 d’Amérique centrale via Birmanie et Vietnam. Toxique, cet herbage au relent fétide tue le bétail qui le broute, et l’herbage indigène, sur déjà 25M d’ha. Dans la préfecture de Liangshan (Sichuan, frontalier du Yunnan), les pertes causées par ce chiendent excèdent 2,5M$ par an. Les autorités ne savent que faire (aucun des remèdes, coûteux et polluants -n’en viennent à bout), pour éviter l’invasion des terres fertiles du Sichuan. La Société Agronomique de Chine prévoit qu’avec l’OMC et l’augmentation des imports agricoles, les risques pour l’écosystème vont augmenter: excellente raison pour mettre en place des règles de quarantaine plus strictes !


A la loupe : Un ennemi public -la fraude comptable

Devant l’Institut national de comptabilité (29 octobre 2001), Zhu Rongji n’a pas mâché ses mots, dénonçant la comptabilité truquée, "cancer" susceptible de "faire chuter l’économie nationale". Dans la même logique, le Ministère des Finances a annoncé (13/11) le retrait de leur certification aux comptables qui échoueront à une inspection annuelle.

La mesure tente de redresser 2 des 3 faiblesses du métier, à commencer par l’incompétence. 48% des 54.000 experts-comptables chinois, à 50 ans passés, gardent leur formation à l’école soviétique, et leurs tics comptables d’économie planifiée, tendant à embellir les chiffres. Le passage à l’économie de marché n’a rien arrangé : pour obtenir leurs contrats, les cabinets d’audit vivent la tentation de "fournir le produit demandé par le client" – des bilans retouché pour accéder en bourse, payer moins d’impôts, éviter contrôle fiscal voire sanction. Pour l’exercice ‘2000, révèle une enquête du Ministère, 98,7% des firmes présentaient des déclarations entachées d’irrégularités. Cette année, le ministère a sanctionné au moins 25 cabinets comptables pour manipulation de comptes de Cies listées, tel Zhongtianqin, qui a inventé pour Guangxia 90M$ de profits fictifs (cf VDLC 30/VI). Pour Zhu, ce genre de fraude ne fait pas que menacer la bourse, mais conduit aussi le Conseil d’Etat à "prendre les décisions erronées".

Autre problème, la méthode d’expertise utilisée en Chine diffère des pratiques internationales. Résultat, les négociations de JV achoppent sur l’évaluation des actifs de la partie chinoise, au prix d’une inévitable perte en transferts technologiques et financiers. Le désordre du secteur crée de belles chances aux cabinets occidentaux, d’écrémer le meilleur personnel, et le marché: la raison sans doute, pour laquelle Pékin tarde permettre les cabinets étrangers en pleine propriété!

 


Joint-venture : PSA – le lion chinois sort ses griffes

· Après General Motors, (cf VDLC 35/VI) c’est au tour de PSA Peugeot-Citroën de dévoiler sa stratégie post-OMC. Son président Jean-Martin Folz, annonce (15 novembre 2001) la montée en puissance de DCAC, sa JV avec Dongfeng. De 80.000 voitures sorties des chaînes de Wuhan en 2000, elle passera à 150.000 en 2004, moyennant 120M$ et l’apport d’une plate-forme de production pour la Peugeot 307, et d’une nouvelle ligne de moteurs Peugeot/Citroën de 1,6 à 2l à son usine de Xiang fan – en quittant Canton en 1998, Peugeot n’avait pas cédé sa licence de production. De 2002 à 2004, le groupe sortira trois nouveaux modèles/an, spécial Chine, lui permettant d’entrer dans le segment des moyennes/grosses cylindrées et (pense PSA) de capturer 15% du marché contre 9% en 2001. PSA mise donc sur la production locale, aidé par une réduction de la taxation des véhicules made in China (annoncée le 25/10, pour relancer la consommation intérieure), et par l’abaissement des taxes à l’import sur les pièces à 10% en 2006. Mais PSA garde le fer au chaud de l’import, créant (comme l’y autorise l’OMC) 2 JV de commercialisation pour les 2 marques et les 2 origines, qui donneront à la partie étrangère davantage de contrôle sur les ventes. Le marché importé est porteur aussi, grâce à sa taxation allégée dès 2006 de 80% à 25%. NB : après la recapitalisation, PSA et Dongfeng auront chacune 32% des parts de la nouvelle JV, contre 27 et 31% précédemment, le reste allant aux banques des deux bords.

· Dans un pays où 95% de tous les logiciels utilisés sont copiés, il n’est pas surprenant que le nouveau Windows XP de Microsoft se soit vendu en version pirate un mois avant sa sortie (9 novembre 2001), à 3.60$, cinquante fois moins que la légitime. Microsoft prévient que les faux correspondent à des versions béta, qui peuvent endommager les PC. Selon l’Alliance Commerciale du Software, lobby international de l’industrie, les firmes de logiciels ont perdu 1,1MM$ en Chine en 2000. Le groupe de Richmond (Washington) avertit que cette fraude pénalisera la R&D locale du logiciel, et dissuadera l’étranger de développer des produits pour le marché local. Justement, Microsoft ne sortira sa console de jeux Xbox en Chine ni à HK: les profits ne se font pas sur l’appareil (vendu 299$ aux USA, à perte de 125$), mais sur les jeux. Enfin, la révision de la loi du droit de marque, entérinée à l’ANP pour se conformer à l’OMC, peut lui mettre du baume au coeur: Dorénavant seront considérées des infractions à la propriété intellectuelle la copie abusive, la location de logiciels piratés, et le décodage des logiciels légitimes. La révision facilite aussi la résolution les litiges, par exemple, en permettant à la cour d’imposer un terme à l’infraction en référé. Excellentes dispositions, mais l’enfer est pavé de bonnes lois inappliquées.

· Comme en écho aux récentes annonces par Alcatel et Motorola (et autres), Ericsson a publié son plan d’investir 5,1MM$ en Chine à l’horizon 2006. Avec 10 JV dans 26 villes chinoises, la firme de téléphonie de Stockholm a fait 1,1MM$ de chiffre en Chine au 1er semestre 2001, contre 2,3MM$ en 2000 soit 12% de ses ventes globales. Ericsson est n°1 chinois en infrastructure mobile, mais son rang dans les parts de marché de combinés a chuté de la 1ère place en 1997 à la 4ème, pour n’avoir pas anticipé la demande de produits moins sophistiqués. Par ailleurs Sony – le partenaire en JV d’Ericsson en production de téléphones mobiles-, sera le premier japonais à construire des PC en Chine. Dès 2002, son usine (existante) de Wuxi (Jiangsu) va produire 200.000 PC portables de type Vaio, destinés au marché chinois.

 


Temps fort : Distribution – la ruée vers l’or du Nord

Carrefour sort de l’impasse juridique. Le n°3 des grandes surfaces en Chine (avec un chiffre d’affaires de 963M$ en 2000) possède 27 hyper-marchés en JV à travers le pays, et veut ouvrir «dix magasins par an» à partir de l’entrée dans l’OMC. Mais l’octroi de licences était gelé depuis 6 mois, car le groupe français n’avait négocié l’ouverture de ses magasins qu’au niveau local, sans passer par les autorités centrales. Carrefour a finalement signé (le 9 novembre 2001) un accord avec le gouvernement pour régulariser sa situation. «Nous avons trouvé une nouvelle structure légale (nationale, NDLR) acceptable pour les autorités locales et régionales» assure le PDG Daniel Bernard, monté à Pékin. L’accord impliquant un versement fiscal intervient à peine 48h après le feu vert au géant US Wal-Mart pour ouvrir ses 1ères surfaces à Pékin, (où Carrefour est en force, avec 4). N°1 mondial de la grande distribution, Wal-Mart prépare 3 centres commerciaux et 2 "Club-Stores" (hypermarchés), pour un investissement de 25M$, dont 18,5M fournis par la Cie financière Zhongshan Weiye (Pékin). Après un brillant départ dans le sud (12 magasins), c’est à la conquête du nord que se lance Wal-Mart, qui prévoit une explosion du marché post-OMC, avec l’accélération de l’exode rural, la baisse des taxes à l’import, donc des coûts alimentaires, la suppression du quota des points de vente pour chaînes étrangères, et des tailles limites des hypermarchés (20.000m²). NB : Wal-Mart et Carrefour se fournissent à 85% sur le marché local.

Cette perspective induit une forte concurrence, et un changement de support de vente: pour Hualian, n°1 national, les temps sont proches où «le grand magasin sera moins rentable que le supermarché». 7 chaînes pékinoise de distribution et 6 compagnies d’investissement ont créé (8/11), un groupe, Capital Chain, avec 120M$ d’actifs sur 500 magasins. Le groupe vise un chiffre d’affaires total de plus de 2,4MM$ par an -2 fois et demi Carrefour aujourd’hui!

 


Petit Peuple : les pères se louent au jour

· Dans les villes-HLM, royaumes de toujours plus d’enfant unique, on travaille dur, et le soir venu, entre parents et môme, on ne cause guère. A Taihe, banlieue de Shanghai, un garçonnet de sept ans -appelons-le Benben-, émerveille à juste titre la communauté journalistique et psychologique, par la solution géniale qu’il a trouvée à ce problème existentiel. En six mois, son père n’avait pas échangé avec lui un traître instant de complicité, vidé qu’il était de son turbin sous-payé 7 jours /7,12heures/jour. Un soir, l’air de rien, «Combien tu gagnes ?», demanda-t-il. «30 yuans», répliqua las le chef de famille, avant de retomber dans sa léthargie devant l’étrange lucarne. Le mois suivant,  xiaoniao yiren (le "moineau qui se pose sur l’épaule -enfant attention-né"), Benben réveilla l’auteur de ses jours, lui tendant 30 yuans accompagnés de ce contrat insolite et rédhibitoire: «Papa, 30Y – je te loue la journée, on va au parc, d’accord?». Pendant ces semaines, en guise de sandwich, il s’était nourri au pain sec pour réunir 40 yuans, à savoir 30 de salaire du père, et 10 pour le billet du parc, et les attractions. Ayant saisi, avec le sens aigu de l’enfance, la carence de leur univers, Benben n’avait pas hésité à lancer cette bombe, qui décomposa et recomposa le père, le fils et leurs rapports. Depuis, chaque samedi, père et fils, main dans la main, s’en vont au parc.