Le Vent de la Chine Numéro 35

du 29 octobre au 4 novembre 2001

Editorial : editorial_35_2001

Délocalisation, ventes et transferts d’activités poursuivent leur course à travers le monde -moyen ultime des firmes pour conserver leur attractivité boursière. En 2001 dans le secteur de l’électronique, le seul resourçage est évalué par Mc Kinsey à 73% voire (pour 40% des firmes) jusqu’à 90%. De cette saignée, la Chine se taille la part du lion, comme en attestent trois contrats la semaine passée.

u Hitachi (26JV,12.000 jobs) veut y quintupler ses investissements à 1,02MM$, sextupler ses achats de pièces (3,7MM$) et octupler ses ventes (4 MM$). D’ici 2005, 7% de sa production mondiale sera chinoise, contre 2,5% en 2000.

u Pour 312M$, le PDG d’Alcatel, S. Tchuruk annonce le rachat au MII et à l’Etat Belge de 18% de sa JV Shanghai Bell, pour atteindre la majorité «plus 1 part» -le reste allant au MII. Avec 10 filiales, le nouveau groupe, ASB sera n°2 de l’électronique en Chine, et le 1er en Chine présent dans tous les métiers des télécoms. Les ventes d’ASB atteignent 2MM$/an – ASB contrôle 1/3 du marché chinois des lignes fixes. Dans cette concentration, le MII perd dans l’immédiat son objectif d’un Major chinois des télécoms, mais sauve Shanghai-Bell d’obsolescence technologique en lui obtenant l’accès au vivier de brevets d’Alcatel (800 nouveaux/an)

u Avec CEC (géant issu de la scission, en 1997, entre ministères et actifs électroniques, 69 entreprises d’Etat dont 27 en bourse et 6 étrangères), Philips signait (22 octobre 2001) un accord traduisant la mort de son rêve de devenir acteur mondial en téléphone mobile (dont il tenait 2,3% du marché). Pour un montant secret, le groupe d’Eindhoven cède 3 lignes de montage de son usine du Mans (France) rouvertes à Shenzhen chez CECW (filiale CEC), qui reprend aussi, à travers sa propre sa filiale Cellon-France, 309 ingénieurs de sa division R&D. Cellon concevra des modèles «pour le monde entier», et prétend anticiper une restructuration «horizontale» du secteur, intégration bien moins chère et redondante que celle des géants globaux obligés de financer toutes leurs étapes de production. Très subventionné, Cellon vise 25% du marché en 2003, avec pour clients Haier ou Hisense -partenaire d’Hitachi! Pour Philips, l’enjeu est triple: colmater ses pertes, toucher royalties et dividendes sur ses parts (35%) chez CECW/Cellon, et équiper toute la production de CECW de ses propres cartes à puces!

 


Editorial : Pénétration chinoise dans la téléphonie globale

Délocalisation, ventes et transferts d’activités poursuivent leur course à travers le monde -moyen ultime des firmes pour conserver leur attractivité boursière.

En 2001 dans le secteur de l’électronique, le seul resourçage est évalué par Mc Kinsey à 73% voire (pour 40% des firmes) jusqu’à 90%. De cette saignée, la Chine se taille la part du lion, comme en attestent trois contrats la semaine passée :

[1] Hitachi (26JV,12.000 jobs) veut y quintupler ses investissements à 1,02MM$, sextupler ses achats de pièces (3,7MM$) et octupler ses ventes (4 MM$). D’ici 2005, 7% de sa production mondiale sera chinoise, contre 2,5% en 2000.

[2] Pour 312M$, le PDG d’Alcatel, S. Tchuruk annonce le rachat au MII et à l’Etat Belge de 18% de sa JV Shanghai Bell, pour atteindre la majorité «plus 1 part» -le reste allant au MII.

Avec 10 filiales, le nouveau groupe, ASB sera n°2 de l’électronique en Chine, et le 1er en Chine présent dans tous les métiers des télécoms. Les ventes d’ASB atteignent 2MM$/an – ASB contrôle 1/3 du marché chinois des lignes fixes. Dans cette concentration, le MII perd dans l’immédiat son objectif d’un Major chinois des télécoms, mais sauve Shanghai-Bell d’obsolescence technologique en lui obtenant l’accès au vivier de brevets d’Alcatel (800 nouveaux/an)

[3] Avec CEC (géant issu de la scission, en 1997, entre ministères et actifs électroniques, 69 entreprises d’Etat dont 27 en bourse et 6 étrangères), Philips signait (22 octobre 2001) un accord traduisant la mort de son rêve de devenir acteur mondial en téléphone mobile (dont il tenait 2,3% du marché).

Pour un montant secret, le groupe d’Eindhoven cède 3 lignes de montage de son usine du Mans (France) rouvertes à Shenzhen chez CECW (filiale CEC), qui reprend aussi, à travers sa propre sa filiale Cellon-France, 309 ingénieurs de sa division R&D. Cellon concevra des modèles «pour le monde entier», et prétend anticiper une restructuration «horizontale» du secteur, intégration bien moins chère et redondante que celle des géants globaux obligés de financer toutes leurs étapes de production. Très subventionné, Cellon vise 25% du marché en 2003, avec pour clients Haier ou Hisense -partenaire d’Hitachi! Pour Philips, l’enjeu est triple: colmater ses pertes, toucher royalties et dividendes sur ses parts (35%) chez CECW/Cellon, et équiper toute la production de CECW de ses propres cartes à puces!

 


A la loupe : Pékin et HK – une affaire de famille

HK, elle aussi, prévoit la récession en 2001 (0,2% de baisse du PNB), et 6% de chômage en 2002. En visite à Pékin pour le 5ème Symposium bilatéral économique, ses dirigeants espéraient la traduction concrète des promesses faite lors de l’APEC par Jiang et Xiang Huaicheng, ministre des Finances. Ils n’ont pas été déçus. Le 24 octobre, le maire de Pékin, Liu Qi a annoncé que toute JV Hongkongaise dans la capitale, aurait droit aux privilèges des firmes continentales, fiscalité et taux d’intérêts améliorés, et accès à des secteurs aujourd’hui clos aux firmes étrangères.

Sous le slogan «nouvelles Olympiades = nouvelles chances et nouvelle coopération», Liu s’est engagé à privilégier l’approbation des firmes de la RAS soumissionnant 377 projets municipaux d’équipement des Jeux Olympiques de 2008, pour un budget de 13,7MM$, projets immobiliers, d’infrastructure, environnementaux et de tourisme.

Dès le 25/10, 8 contrats étaient signés avec des firmes de HK, dont une JV de 150M$ entre Beijing Enterprises (mairie), Hutchison Whampoa (de Li Ka-Shing, ami personnel de Jiang), et un voyagiste pékinois, pour bâtir hôtels et parcs d’attraction. Kerry Properties prévoit une JV pour construire 3Mm² de zone commerciale, résidentielle et centres d’expositions et de conférences de 1,2MM$ dans le district de Chaoyang.

Remerciant ses hôtes, Antony Leung, Secrétaire Hongkongais aux finances exprima l’espoir que d’autres provinces "offrent à HK le même traitement", qui resserre les liens personnels entre leaders socialistes et tycoons, entre HK et nation chinoise, et renforce la compétitivité des deux villes.


Pol : le Pape tend l’anneau à Pékin

· Les ondes de choc des attentats du 11 septembre, se ressentent jusqu’au Vatican : le 24 octobre 2001 le Pape Jean-Paul II, après avoir évoqué l’inquiétude du monde, a soumis ses excuses et sa "tristesse" à Pékin pour les "erreurs du passé colonial" de son Eglise -main tendue. Adressé lors d’un symposium sur le missionnaire Jésuite Matteo Ricci, (premier jésuite introduit à la Cour Impériale en 1601), le message papal réitère l’offre de normalisation de 1999, faite à la veille de la visite de Zhu Rongji à Rome – l’accord avait capoté en dernière minute, suite aux pression des conservateurs des deux bords. Le Vatican est le seul Etat européen à reconnaître Taiwan et non la RPC, tandis que Pékin interdit la consécration (sélection) de prêtres par le Pape, réservant ce monopole à son «Eglise patriotique» de 4M de fidèles – 8M selon Jean Paul, en ajoutant l’église de l’ombre. Pékin n’a pas mal reçu le rameau d’olivier, se déclarant « prêt », sous réserve que le Saint-Siège ferme sa nonciature à Taipei. Le gros problème étant l’ordination (la sélection) des évêques, et le grand progrès à attendre, la fin du schisme de l’église catholique chinoise!

· Sept mois après l’explosion de l’école de Fanglin (Jiangxi), et la mort des 37 enfants et professeurs qui fabriquaient des pétards, le Ministère de l’Education a publié (16 octobre 2001) un décret ordonnant de mettre bon ordre aux abus des travaux physiques dans le cadre du programme «travail-école». Le décret fait suite à une émission TV du 9 octobre (CCTV), présentant des enfants du Gansu, n’ayant pas vu la couleur de leurs écoles depuis la rentrée début septembre, astreints à la cueillette non rémunérée du coton, à deux heures de route. Les revenus de la vente du coton 0,4Y/kg, bien en-dessous du cours) allaient à la direction de l’école. Les objecteurs se voyaient taxés de 10Y/jour. Le Ministère n’a pas aboli la pratique, mais a interdit tout profit à ce programme "travail-école" dont le but est supposément – « enseigner l’éthique par les travaux pratiques ».


Argent : chemins de fer – stratégie vitesse

· «Les trains vont rouler plus vite» : ce slogan est aussi une nécessité du réseau ferré, imposée par la concurrence de l’avion et de l’autobus. La 4ème accélération nationale du rail depuis 1997 a été annoncée le 21 octobre 2001. Pour le trafic passager, les plafonds passent à 160 km/h, après rénovation de 4.500 km de voies rapides. Résultat : HK n’est plus qu’à 24 h de Pékin (six de moins), prix du billet inchangé. La prise de vitesse a permis au rail, déficitaire depuis toujours, d’engranger ses 1ers profits (60M$) en 2000. Le plafond sur voie rapide doit passer à 200 km/h d’ici 2005.

· Les sportifs en chambre ont enfin la chance de pouvoir « se dépenser » financièrement dans les matchs de football. La loterie du ballon rond existe depuis le 12 octobre 2001, dans 12 provinces et villes. Pour 2 yuans, le parieur doit prédire les scores hebdo (gagne, perd ou nul), de 9 matchs de championnat italien et 4 britanniques. Le gros lot, 600.000$ (pour 13 bonnes prévisions) a fait adopter ce jeu dès le 1er jour. 50% des recettes iront aux gagnants, 20% couvriront les frais et 30% iront à un fonds spécial pour la construction de stades et le soutien des clubs. Ce loto a aussi pour but de rediriger vers les caisses publiques l’argent parié partout aujourd’hui sous le manteau, sous contrôle des triades. Le nouvel outil de paris ne fait pas que des émules – certains parents s’inquiètent de cette porte de Mammon légalement ouverte à leurs enfants. On aura remarqué que le championnat chinois était exclu – un loto basé sur les résultats locaux aurait eu un pitoyable succès, vu sa sulfureuse réputation. La Fédération ne veut introduire ce type de paris, qu’après nettoyage des écuries d’Augias : cinq clubs de 2de division, 61 joueurs et entraîneurs viennent d’être suspendus pour la saison 2001-’02, pour trucage – dans le match le plus glauque, le 29 septembre, Wuniu (Chengdu) s’était laisser docilement éreinter par Mianyang (Sichuan), au score irrecevable de 11 à 2.


Politique : politique_35_2001

· Les ondes de choc des attentats du 11 septembre, se ressentent jusqu’au Vatican : le 24 octobre 2001 le Pape Jean-Paul II, après avoir évoqué l’inquiétude du monde, a soumis ses excuses et sa "tristesse" à Pékin pour les "erreurs du passé colonial" de son Eglise -main tendue. Adressé lors d’un symposium sur le missionnaire Jésuite Matteo Ricci, (premier jésuite introduit à la Cour Impériale en 1601), le message papal réitère l’offre de normalisation de 1999, faite à la veille de la visite de Zhu Rongji à Rome – l’accord avait capoté en dernière minute, suite aux pression des conservateurs des deux bords. Le Vatican est le seul Etat européen à reconnaître Taiwan et non la RPC, tandis que Pékin interdit la consécration (sélection) de prêtres par le Pape, réservant ce monopole à son «Eglise patriotique» de 4M de fidèles – 8M selon Jean Paul, en ajoutant l’église de l’ombre. Pékin n’a pas mal reçu le rameau d’olivier, se déclarant « prêt », sous réserve que le Saint-Siège ferme sa nonciature à Taipei. Le gros problème étant l’ordination (la sélection) des évêques, et le grand progrès à attendre, la fin du schisme de l’église catholique chinoise!

· Sept mois après l’explosion de l’école de Fanglin (Jiangxi), et la mort des 37 enfants et professeurs qui fabriquaient des pétards, le Ministère de l’Education a publié (16 octobre 2001) un décret ordonnant de mettre bon ordre aux abus des travaux physiques dans le cadre du programme «travail-école». Le décret fait suite à une émission TV du 9 octobre (CCTV), présentant des enfants du Gansu, n’ayant pas vu la couleur de leurs écoles depuis la rentrée début septembre, astreints à la cueillette non rémunérée du coton, à deux heures de route. Les revenus de la vente du coton 0,4Y/kg, bien en-dessous du cours) allaient à la direction de l’école. Les objecteurs se voyaient taxés de 10Y/jour. Le Ministère n’a pas aboli la pratique, mais a interdit tout profit à ce programme "travail-école" dont le but est supposément – « enseigner l’éthique par les travaux pratiques ».


A la loupe : Taiwan – le DPP largue les bagages

Frappée par la récession mondiale et par une vague de typhons, l’économie de Taiwan va régresser cette année – du jamais vu depuis 1951. Les commandes à l’exportation ont reculé de 26,8% en septembre 2001, et la production industrielle de 14,1% : 8ème mauvais mois depuis janvier.

C’est dans ce climat délétère, face à une opinion déboussolée que Chen Shui-bian, le Président (issu du parti indépendantiste DPP), prépare le scrutin législatif du 1er décembre et louvoie entre les rêves nationaux de l’électorat, et les réalités économiques d’une Chine en meilleur état apparent que le reste de l’Asie.

L’effet «attentats /11 sept », à Taiwan comme ailleurs, a insufflé une dose de realpolitik. Pour relancer l’économie, les échanges avec la Chine sont indispensables, ne serait-ce que pour compenser la perte provisoire du marché US, et au nom des 60MM$ déjà délocalisés à la côte entre Pékin et Shenzhen.

Le 29 septembre, Taiwan offrait la réouverture sans délai des liens directs (air, mer, télécom). Le 20 /10, le DPP a sauté un pas historique en modifiant sa charte pour y mettre en exergue (prioritaire) sa résolution de 1999 qui reconnaît l’existence de la ROC, République de Chine une et indivisible. Jusqu’alors, le DPP n’admettait que «Taiwan», notamment par sa clause d’indépendance de 1991, par laquelle il revendiquait pour la population (à 80% indigène, hakka et minnan) la création d’un Etat taiwanais.

L’implication de la nouvelle démarche est, de jure, l’abandon de l’exigence d’un référendum automatique, une fois le DPP au pouvoir (il en est aux portes, ayant la présidence, mais non la majorité au Yuan Législatif toujours aux mains du KMT). Sans aller jusqu’à tendre la main à Pékin, Taiwan recherche les conditions de sa remontée des enfers économiques, qui passe désormais, de façon de plus en plus incontournable, par un dialogue avec Pékin.

 


Joint-venture : la stratégie ‘ OMC ‘de GM-Chine

· Jack Smith, PDG de GM a profité de l’APEC pour dévoiler ses stratégies d’avenir. Présent à Shangghai par sa JV avec SAIC (1,5MM$ d’investissement, autos, camionnettes), et à Shenyang (JV avec Jinbei, 4×4, 230M$) le constructeur de Detroit revendique 5% du marché national, que GM (Chine), dit «violemment compétitif» (sic). GM compte doubler ses ventes cette année à 60.000 véhicules, grâce au lancement en juin 2001 de sa Sail, une «Opel Corsa aux couleurs de la Chine», vendue 12.000 à 15.000$, à vocation privée – segment de marché le plus porteur. Pour encourager la classe moyenne à accéder à son rêve motorisé, GM a demandé à la BPdC une licence JV financière non-bancaire pour sa filiale GMAC, afin d’offrir des crédits aux privés et aux concessionnaires. En 2001, seules 12% des voitures s’achètent à crédit en Chine, contre 80% aux US, faute d’une "liste noire" fiable des mauvais payeurs. Par ailleurs, en "lever de rideau" avant l’OMC, le 20 octobre 2001, GM-Shanghai a exporté son 1er lot de 50 vans Buick, destination Manille – 4.950 suivront d’ici 2006. Les experts locaux pensent que la Chine couvrira bientôt l’Afrique, l’Amérique Latine et le reste de l’Asie du S.E.

· Pékin encaisse à tour de bras l’investissement étranger- 48MM$ d’IDE sont attendus en 2001, 20% de plus qu’en 2000. L’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce devrait être approuvée durant la réunion (confirmée par son Directeur Général) des ministres du commerce à Doha (Qatar, 9/13 novembre). D’ici là, la Chine abolit d’urgence 573 règlements et révise 20 lois non-conformes au traité d’adhésion. Mais en même temps, elle renforce les mesures légales pour protéger ses marchés. Le MOFTEC a promis en septembre d’utiliser «les armes de la loi pour combattre la concurrence déloyale». Il met la dernière main à des règlements limitant l’import/export de biens (par exemple, défense aux étrangers de toucher au commerce des antiquités) et soumet au Conseil d’Etat une série d’amendements à la loi anti-dumping de 1997 (raffermissant clause de sauvegarde, mesures de rétorsion au dumping et aux imports subventionnés). En septembre, le MOFTEC a également promis un arsenal de lois «complexe» aux firmes étrangères tentées par l’achat de firmes chinoises après l’entrée dans l’OMC – démarche partiellement contradictoire au cadre réglementaire publié à même époque par la SETC –voir VDLC 30 (VI), visant à favoriser l’accès des étrangers à la propriété des 8 M de PME chinoises!

 


Temps fort : Bourse, EE – deux mesures de crise !

Le 22 octobre 2001, après clôture de la Bourse de Shanghai, la CSRC prit une mesure lourde de conséquence en suspendant la taxe aux entreprises d’Etat (depuis juillet) de 10% du produit des émissions de leurs parts, au profit du Fonds national de Sécurité Sociale (cf VDLC 23/VI). C’est à cette mesure (et à la campagne anti-fraude boursière), que les opérateurs attribuaient les 30% de chute des cours (parts «A», pour Chinois) depuis juillet : la taxe de 10% était le cheval de Troie, pensaient-ils, d’un flot de parts surévaluées d’EE invendables, dont l’Etat s’apprêtait à inonder le marché.

La décision fut ardemment débattue entre Ministère des Finances (en faveur du maintien) et CSRC (pour l’abrogation), et arbitrée par Jiang Zemin (dixit Ping’an securities), qui craignait la perte de confiance des petits porteurs, et l’épuisement du robinet de l’épargne pour les EE. L’effet ne se fit pas attendre: dès le 23/10, les parts-A se sont envolées (+ 9,6%), comme les volumes d’échanges (+ 278% à Shanghai, + 325% à Shenzhen).

De manière bien moins voyante, Pékin aurait aussi gelé la semaine dernière toute faillite de GEE (de + de 6M$ de capital), pour prévenir les explosions de colère d’ouvriers mis à pied. Inspirées par la baisse de croissance du PNB (7% au 3ème trimestre contre 7,9% au 1er), ces deux objectifs (rehausser la bourse, calmer les troubles sociaux) sont des exutoires à des problèmes à long terme. Privée d’une source de financement pertinente (de nombreuses EE ne paient pas leurs charges sociales), la SS conserve son trou des pensions, estimé en février à 850MM$, 85% du PNB de 2000. Une conséquence du maintien en survie de milliers d’EE déficitaires et surnuméraires, est la croissance des mauvaises dettes -déjà 30-50% des «actifs» des 4 grandes banques d’Etat. Trou de la SS et mauvaises dettes ralentissent la réforme -cruciale- des EE et des banques – minuit moins 5 avant l’entrée à l’OMC !

 


Petit Peuple : un proviseur voyeur ET aveugle

· Depuis son ouverture en août ‘2000, le Collège (privé) expérimental de Jeunes Filles du XXI siècle était le "must" absolu de la capitale, garantissant aux parents que les 90 pensionnaires nattées, en tenue bleu et blanc, resteraient isolées des garçons, des lectures folâtres, des chewing-gums et des glaces. Outre un programme bétonné, ce pensionnat aux annuités prohibitives et aux listes d’attentes interminables, s’enorgueillit de cours à thème – maintien à table, cuisine, tricot, conseils psychologiques pour mademoiselle -âge tendre. Le 1er avril 2001, un incident a dynamité cette aura simple et pure – le jour où Qingqing, 16 ans, s’avisa de réclamer son courrier. Mielleuse et documentée, la réponse du proviseur confirma les soupçons des gamines : leurs lettres étaient ouvertes, lues par le censeur qui s’en régalait et les gardait par de vers soi, dépositaire-voyeur de leurs amours et rêves… Choquée de cet abus de pouvoir ( yi tian yi ri, "déplacer le ciel et décolorer le soleil"), Qingqing ne fit ni une ni deux, et fugua à Lanzhou (Gansu), pour rejoindre son soupirant -étudiant, arabe. L’affaire vira vite au scandale, avec l’aveu (trois jours après !) du proviseur aux parents, l’intervention de la police,la plainte en justice et le déballage de la correspondance, qui révéla des relations allant bien au-delà de la «passion de l’anglais» alléguée par les amants. Depuis, Qingqing, prostrée, refuse de retourner aux cours. Le père réclame de l’institut 860.000 RMB de préjudice moral -apparemment le coût global de toute la scolarité payée d’avance. Quant au "XXI siècle", dans la bonne société comme chez les ados, il est grillé, par le voyeurisme et par l’aveuglement du principal!