Le Vent de la Chine Numéro 34

du 21 au 27 octobre 2001

Editorial : editorial_34_2001

Comme s’en plaignaient bien des membres des 21 délégations, le sommet de l’APEC (Shanghai, 20/21 octobre 2001) semble avoir été lui aussi détourné par Ben Laden. L’anti-terrorisme y a supplanté la coopé économique. Les bilatérales (Bush-Jiang, Bush-Poutine, Bush-Koizumi) se sont succédées, évinçant la plénière, tandis que le monde se passionnait pour la nouvelle offensive terrestre (dévoilée par Bush) en terre afghane…

Les débuts de l’APEC suscitaient l’espoir d’un changement d’attitude, pour ce forum des riverains du Pacifique – plus d’action, moins de discours faire-valoir.

Bush se targuait d’avoir obtenu accord et soutien de tout le monde.

Mais bientôt, il devenait clair que ce soutien n’était nullement massif ni inconditionnel : le communiqué final condamnait le terrorisme à travers le monde (sans le nommer), mais ne soutenait pas l’action militaire en Afghanistan (face au refus de l’Indonésie et de la Malaisie musulmane, voire de Singapour anti-US). Idem, les mentions à la lutte contre le blanchiment d’argent (instrument du terrorisme), et à la protection des routes de l’or noir, sont restées vagues. Russe et chinois ont soutenu cette action militaire des USA, mais en insistant pour qu’elle s’achève vite. Enfin, ce soutien a eu son prix: Taiwan fut contraint à quitter le sommet pour des raisons de procédures, Washington laissa faire !

Une autre caractéristique de ce sommet, fut le stress permanent de la sécurité. Dès vendredi, il était question de « couper court » : de fait, la plénière débutait le samedi à 15h20, perdant une matinée de débats. Il était question de onze intégristes de l’organisation Al Qaeda en cavale en Chine – justifiant les peurs de Pékin et cet ordre de fer.

Au plan interne chinois, ce sommet est celui de Jiang Zemin, seul poids lourd du Parti parmi ses hôtes, en l’absence remarquée de Zhu Rongji. Consécration non dénuée de risque: ce sommet enregistre le déclin du «club de Shanghai», pacte de sécurité entre Chine, Russie et les 5 pays d’Asie centrale. Avec l’Ouzbékistan ouvert à l’armée US et le Pakistan coopérant avec l’alliance, ce sont des ans d’efforts diplomatiques chinois qui disparaissent, en échange de la vive reconnaissance de G.Bush: encore ce prix doit-il être accepté par l’appareil! Enfin, l’APEC, au plan des stratégies de sécurité, apporte une leçon: un Shanghai bouclé et vide ne tire aucun profit de cette « grande messe » mondiale. «Il faudra trouver autre chose », dit Pékin, pensant à son propre grand RV de 2008 !

 


Editorial : APEC – retrouvailles Pacifique anti-terroristes

Comme s’en plaignaient bien des membres des 21 délégations, le sommet de l’APEC (Shanghai, 20/21 octobre 2001) semble avoir été lui aussi détourné par Ben Laden. L’anti-terrorisme y a supplanté la coopé économique. Les bilatérales (Bush-Jiang, Bush-Poutine, Bush-Koizumi) se sont succédées, évinçant la plénière, tandis que le monde se passionnait pour la nouvelle offensive terrestre (dévoilée par Bush) en terre afghane…

Les débuts de l’APEC suscitaient l’espoir d’un changement d’attitude, pour ce forum des riverains du Pacifique – plus d’action, moins de discours faire-valoir.

Bush se targuait d’avoir obtenu accord et soutien de tout le monde.

Mais bientôt, il devenait clair que ce soutien n’était nullement massif ni inconditionnel : le communiqué final condamnait le terrorisme à travers le monde (sans le nommer), mais ne soutenait pas l’action militaire en Afghanistan (face au refus de l’Indonésie et de la Malaisie musulmane, voire de Singapour anti-US). Idem, les mentions à la lutte contre le blanchiment d’argent (instrument du terrorisme), et à la protection des routes de l’or noir, sont restées vagues. Russe et chinois ont soutenu cette action militaire des USA, mais en insistant pour qu’elle s’achève vite. Enfin, ce soutien a eu son prix: Taiwan fut contraint à quitter le sommet pour des raisons de procédures, Washington laissa faire !

Une autre caractéristique de ce sommet, fut le stress permanent de la sécurité. Dès vendredi, il était question de « couper court » : de fait, la plénière débutait le samedi à 15h20, perdant une matinée de débats. Il était question de onze intégristes de l’organisation Al Qaeda en cavale en Chine – justifiant les peurs de Pékin et cet ordre de fer.

Au plan interne chinois, ce sommet est celui de Jiang Zemin, seul poids lourd du Parti parmi ses hôtes, en l’absence remarquée de Zhu Rongji. Consécration non dénuée de risque: ce sommet enregistre le déclin du «club de Shanghai», pacte de sécurité entre Chine, Russie et les 5 pays d’Asie centrale. Avec l’Ouzbékistan ouvert à l’armée US et le Pakistan coopérant avec l’alliance, ce sont des ans d’efforts diplomatiques chinois qui disparaissent, en échange de la vive reconnaissance de G.Bush: encore ce prix doit-il être accepté par l’appareil! Enfin, l’APEC, au plan des stratégies de sécurité, apporte une leçon: un Shanghai bouclé et vide ne tire aucun profit de cette « grande messe » mondiale. «Il faudra trouver autre chose », dit Pékin, pensant à son propre grand RV de 2008 !

 


A la loupe : Shanghai, ‘ ville la plus sûre du monde ‘

Des 15 au 21 octobre 2001, lors du sommet de l’APEC, rien n’a pu- franchir le tianluodiwang, «filet tendu du ciel à la terre» à Shanghai, rutilante de ses 128 rues neuves et quartiers rénovés, des 2M de pots de fleurs et des casques des 10.000 policiers en camouflage, gilets pare-balles et chiens renifleurs. Ailleurs, 100.000 hommes veillaient au bon déroulement du sommet.

Aubaine pour les fonctionnaires qui ont eu droit à 5 jours de congé, un mois après la semaine de fête nationale. Les migrants ont été «épinglés» et reconduits chez eux!

La sécurité aérienne fut serrée: G.Bush par exemple, dont le jour et l’heure d’arrivée restèrent secrets, fut accompagné, avec son avion Air Force n°1, de chasseurs US (et d’un AWACS?), et l’espace aérien fermé sur 400km à la ronde. Le centre fut interdit à tout véhicule, comme 4 stations de métro, 4 tunnels et même le Bund (quai du Huangpu) : le 1er Ministre canadien Jean Chrétien et sa suite y perdirent un banquet, et un restaurant célèbre y perdit alors quelques heures de gloire! 3MM$ ont été investis pour le confort des 13.000 délégués et journalistes : le câble et l’Internet à haut-débit furent installés dans 27 hôtels, dont la plomberie neuve garantissait l’eau potable (selon un manager) «jusque dans la cuvette ». Enfin, symbole choc du changement, Tang Jiaxuan, Ministre des Affaires Etrangères feignit de s’indigner qu’un journaliste de Taiwan parlât de la Chine communiste : «vous êtes ici à Shanghai, ville chinoise…La Chine communiste a vécu… Un tel concept n’a plus cours» ! 


Pol : la Chine en deuil de ses OS

· Ce mois-ci, deux dates ont réuni dans un passé commun les deux rives du Détroit, séparées par 52 ans de rivalité. Chine et Taiwan avaient célébré de concert le «double dix» (10 octobre 2001), anniversaire de la révolution républicaine en 1911. Puis le 15/10, elles ont toutes deux versé une larme sur le décès à 101 ans, à Hawaii, d’un personnage mythique: Tchang Hsueh-liang. Ce «Seigneur de la guerre » mandchou, à la tête d’une armée privée de 200.000 hommes, avait fait basculer le destin du pays en 1936, en kidnappant Chiang Kai-shek, créant ce qu’on appela ensuite «l’incident de Xi’an». Avant de relâcher le Generalissimo, Tchang le contraignit à constituer le «Front uni» contre le Japon entre nationalistes et communistes : c’était en réalité un rare message de la Chine de base, à ses dirigeants de gauche comme de droite, les enjoignant à l’union contre l’ennemi unique, l’envahisseur nippon ! Pour ajouter à sa légende une touche de romantisme trouble, Tchang fut à l’occasion amant d’une fille de Mussolini. Honoré comme «grand patriote» par Jiang Zemin, le remuant maréchal a également reçu un éloge funèbre de la part de Chen Shui-bian, le Président taiwanais.

·  La presse cite cette firme d’Etat de machines-outil du Liaoning déplorant la perte de contrats en centaines de milliers de yuans, faute de disposer d’assez d’OS (ouvriers spécialisés). Un autre cas est Dongfeng Motor, qui se dit «capable de dessiner des voitures demandées par le marché, mais non de les réaliser, faute d’OS ». La raison du déficit est surprenante. Les écoles professionnelles sont bien là, en nombre suffisant. Les frais d’admission sont plus bas que la fac, et les salaires une fois diplômés, sont tout à fait concurrentiels (800$/mois à Shenzhen, et 10% seulement de moins que le détenteur d’un MBA). Mais ce sont les candidats qui boudent cette carrière. Dans le Shaanxi, 54 écoles sur 173 ont dû fermer en 2000 faute d’étudiants, en dépit d’un taux de chômage élevé dans la région. Au niveau national, cette classe d’établissements, en cinq ans, a perdu 20 % de ses effectifs – il s’en ferme tous les ans. Pour appeler les choses par leur nom, les parents perdent la face, à inscrire leurs enfants en école professionnelle, et non dans la filière universitaire: hier héros rouges, les cols bleus, aujourd’hui, font ringard !


Argent : Shenzhen perd sur les deux tableaux

· Tout peut changer en l’espace d’un an. Lors de la Foire High-Tech de Shenzhen en 2000, Yu Youjun, le maire, était tant certain de l’ouverture dans l’année, du marché boursier secondaire national, dans sa ville, qu’il avait averti les visiteurs-actionnaires de « se préparer ». Mais avec l’effondrement mondial de ce type de placements pour start-up et valeurs high-tech, l’ouverture à Shenzhen a été remise sine die – priorité à la bourse traditionnelle, qui a perdu 22% depuis janvier 2001 (+6% depuis le 11 septembre). Or, dans l’attente de cette création, Shenzhen n’avait plus droit à des émissions nouvelles de parts ‘A’ (pour chinois) : l’objectif étant de transférer la bourse primaire à Shanghai, et la secondaire à Shenzhen. Voilà pourquoi lors de la Foire de 2001 (12-19 octobre), le maire a demandé la levée de cet embargo qui pénalise spécialement Shenzhen, dont 42% de la production industrielle, est high-tech! Lancé par la mairie en 1999, Shenzhen Venture Capital déplore le recul des investissements dans les start-up, faute de profits à espérer lors de la 1ère mise en bourse. Zhou Xiaochuan, Président de la CSRC, admet les faits, mais refuse son feu vert à la réouverture du robinet «parts A»…Tout en s’interdisant tout calendrier pour le lancement du 2nd marché – Shenzhen perd sur les 2 tableaux !

· Cédant au lobbying de Sinopec et de PetroChina, la SDPC a décidé (16 octobre 2001) de modifier son mécanisme de prix du carburant, pour la 2ème fois en 14 mois. En juin 2000, Pékin fixait les prix intérieurs sur la moyenne du mois précédent, au marché spot de Singapour. Les pétroliers chinois se plaignaient que le système offre aux usagers un regard trop aisé sur les prix futurs (en allant sur Internet par exemple), et de stocker avant les hausses (voir VDLC n°16/VI). Désormais, la SDPC ne fixera plus de prix de référence mensuel, mais ajustera les taux selon les fluctuations mondiales, «avec une marge fixe» (non précisée). Qui plus est, les nouveaux prix de référence seront basés sur les moyennes FOB free on boardde Rotterdam, Singapour et NY. Ainsi les spéculateurs auront moins de «prise» sur les prévisions, et les taux intérieurs refléteront mieux les taux mondiaux, plutôt que les tendances asiatiques. Allant plus loin encore dans le sens des pétroliers, la SDPC a décrété que les prix au détail pourront flotter de + ou – 8% (contre 5% actuellement) par rapport au prix fixé par le gouvernement.


Politique : politique_34_2001

· Ce mois-ci, deux dates ont réuni dans un passé commun les deux rives du Détroit, séparées par 52 ans de rivalité. Chine et Taiwan avaient célébré de concert le «double dix» (10 octobre 2001), anniversaire de la révolution républicaine en 1911. Puis le 15/10, elles ont toutes deux versé une larme sur le décès à 101 ans, à Hawaii, d’un personnage mythique: Tchang Hsueh-liang. Ce «Seigneur de la guerre » mandchou, à la tête d’une armée privée de 200.000 hommes, avait fait basculer le destin du pays en 1936, en kidnappant Chiang Kai-shek, créant ce qu’on appela ensuite «l’incident de Xi’an». Avant de relâcher le Generalissimo, Tchang le contraignit à constituer le «Front uni» contre le Japon entre nationalistes et communistes : c’était en réalité un rare message de la Chine de base, à ses dirigeants de gauche comme de droite, les enjoignant à l’union contre l’ennemi unique, l’envahisseur nippon ! Pour ajouter à sa légende une touche de romantisme trouble, Tchang fut à l’occasion amant d’une fille de Mussolini. Honoré comme «grand patriote» par Jiang Zemin, le remuant maréchal a également reçu un éloge funèbre de la part de Chen Shui-bian, le Président taiwanais.

·  La presse cite cette firme d’Etat de machines-outil du Liaoning déplorant la perte de contrats en centaines de milliers de yuans, faute de disposer d’assez d’OS (ouvriers spécialisés). Un autre cas est Dongfeng Motor, qui se dit «capable de dessiner des voitures demandées par le marché, mais non de les réaliser, faute d’OS ». La raison du déficit est surprenante. Les écoles professionnelles sont bien là, en nombre suffisant. Les frais d’admission sont plus bas que la fac, et les salaires une fois diplômés, sont tout à fait concurrentiels (800$/mois à Shenzhen, et 10% seulement de moins que le détenteur d’un MBA). Mais ce sont les candidats qui boudent cette carrière. Dans le Shaanxi, 54 écoles sur 173 ont dû fermer en 2000 faute d’étudiants, en dépit d’un taux de chômage élevé dans la région. Au niveau national, cette classe d’établissements, en cinq ans, a perdu 20 % de ses effectifs – il s’en ferme tous les ans. Pour appeler les choses par leur nom, les parents perdent la face, à inscrire leurs enfants en école professionnelle, et non dans la filière universitaire: hier héros rouges, les cols bleus, aujourd’hui, font ringard !


A la loupe : La pauvreté ne meurt jamais !

«Un pays en voie de développement à forte population, à l’héritage maigre et à l’économie sous-développée, surtout dans ses campagnes» : telle est la définition de la Chine par le Conseil d’Etat, dans son Livre Blanc consacré à «l’allégement de la pauvreté». 22 ans d’efforts sont décrits comme un succès, pour avoir réduit les masses vivant « sous le seuil de pauvreté », de 250M (30,7% de la population rurale en 1980) à 30M en 2000, soit 3%. Le critère chinois est le «manque de vêtement et de nourriture».

La Banque Mondiale, en partant de «moins d’1$/j», en dénombre plus de 60M -d’autres vont jusqu’à 120M.

Les auteurs du Livre estiment avoir «quasi-réalisé l’objectif d’éradiquer la pauvreté rurale à la fin du XXe siècle». Les options retenues pour la suite de cette lutte d’ici 2010 sont pragmatiques:

[1] une meilleure synchronisation des agences d’aide, ONG nationales –Fédération des Femmes, et différents départements qui agissaient auparavant chacun de leur côté;

[2] une meilleure évaluation des ressources locales, pour mieux répartir l’aide (3MM$ en 2000, trente fois le budget de 1980), en priorité aux régions reculées de l’Ouest.

Parallèlement, le Livre Blanc annonce le soutien -c’est une 1ère, aux ONG étrangères, qui depuis des années réclament la reconnaissance de l’Etat chinois, ainsi qu’un amendement à la loi leur ouvrant des déductions fiscales sur les dons qui leur sont faits. Certains officiels voient dans un rôle accru des véritables ONG un moyen efficace d’alléger la charge de la Sécurité Socialela définition chinoise d’une ONG est vague, allant des hôpitaux aux musées en passant par les syndicats).

Mais les réticences du pouvoir sont grandes, à laisser l’autonomie à quelque entités non publiques que ce soit, dans ce domaine de la société civile où s’exprime le plus lourdement le monopole politique de l’Etat.

 


Joint-venture : Labos pharmaceutiques et médecine chinoise

· Présent en Chine depuis 1979, avec des ventes qui passeront les 40M ² en 2002, Servier, groupe privé pharmaceutique français, vient d’inaugurer à Pékin (20 octobre 2001) une filiale de R&D à 100%. Servier compte s’associer la recherche universitaire locale, pour adapter au marché chinois (7e mondial) ses propres molécules brevetées -au nombre de 10.000, notamment dans les domaines cardiovasculaire, cérébral et antidiabétique. Servier veut aussi découvrir de nouvelles molécules de médecine traditionnelle chinoise, «source incomparable de connaissances sur le potentiel thérapeutique de produits végétaux», et ouvrira à Tianjin en 2002 une usine JV, avec son partenaire Huajin (15M²), d’une capacité de 36M boîtes de médicaments /an pour le marché national. 

NB : cette semaine, l’institut Enwei (Sichuan), conjointement avec le laboratoire de recherche Pritzker (Université de Chicago), achevait un test-pilote de 12 semaines sur 8 patients atteints du SIDA, traités avec un médicament à base de 13 végétaux et d’un insecte. Le traitement aurait abouti à la baisse d’«au moins de 50%» des charges virales des malades. Si les prochains tests, sur 600 patients, s’avèrent concluants, le médicament sera commercialisé -en Chine- d’ici 3 ans.

· Après une année dure (licenciement de 17.000 employés dans le monde, 3,7% de sa masse salariale), Siemens (Munich) se refait en Chine du Sud, où il a reçu (12 octobre 2001) un des plus gros contrat de l’histoire du groupe –316M$.Signé avec la State Power Corporation (SPC), il concerne deux convertisseurs, à inaugurer dès 2004. En utilisant la technologie dite de courant direct à haut voltage (HDVC), les stations permettront de transmettre 3000MW des centrales hydrauliques et à charbon de l’Ouest, avec des pertes minimes. La 1ère station est prévue à Anshun (Guizhou), séparée par 940km de ligne à haute tension de la station de Zhaoqing (Guangdong). Siemens, dans cette technologie, en est à sa 3ème réalisation en Chine après la liaison Gezhouba (Hubei) –Shanghai (1200 MW sur 1040 km), et celle Tianshengqiao (Yunnan) –Canton (1800 MW, 960 km). Le projet s’intègre dans la stratégie de la SPC pour bâtir le réseau intégré national, et dans la priorité du Xe Plan aux provinces de l’Ouest, qui deviendront les « électriciens de la Côte » !

 


Temps fort : Télécoms chinois ‘ ne coupez pas !’

Après 6 mois de débat, le Conseil d’Etat a tranché : scinder China Telecom en deux entités territoriales plutôt que par secteurs d’activité. Après fusion (en négociation) avec Jitong, CT aura pour fief 21 provinces du Sud et du Nord-Ouest. Une autre unité, fonctionnera sur 10 provinces et villes côtières et du Nord : China Netcom avec qui une part de CT doit fusionner. La fin du quasi-monopole (CT détient 99% des lignes fixes,171M des abonnements) est supposé saluer l’accès à une ère de concurrence et de qualité des services. Mais cette profession de foi ne convainc pas tous: le monopole sur les services locaux demeure, réparti entre les deux groupes. Même China Daily ne se risque pas à prédire les incidences sur le grand public, «pour qui CT est devenu synonyme de piètre qualité et de tarifs élevés».

C’est que l’apparition d’Unicom (1994) et Railcom (2000) avait suscité des espoirs, vite déçus, de concurrence en lignes fixes (cf VDLC 32/VI). A présent, pour justifier leur espoir de concurrence future, les auteurs du plan invoquent l’entrée des deux groupes dans les secteurs de la longue distance et de la transmission de données. Dans la même veine, Merrill Lynch prédit que l’octroi à CT d’une licence de téléphone portable 3G, créneau où oeuvrent déjà China Mobile et Unicom, devrait aussi faire évoluer les choses.

Un but visé, est prévenir l’entrée «post-OMC» des étrangers sur ce marché en pleine croissance -/+ 50% de janvier à septembre 2001, et 302M d’usagers. Ainsi, le « mariage » de Netcom avec CT lui barre la route d’une alliance étrangère, et Netcom, en plus, renforce CT en lui apportant son réseau fibres optiques haut de gamme. De plus, la restructuration ouvre la voie à l’introduction en Bourse (HK, NY) des deux firmes : même sur un marché maussade, ces valeurs sûres ont des chances de trouver de quoi gonfler leurs voiles -et aller pourfendre l’étranger ! 

 


Petit Peuple : le ‘ Nuage ‘ en fumée

· A Guiyang (Guizhou), grande terre de mafia, vingt individus fondaient cette année une nouvelle san he hui (société des 3 harmonies) au nom prémonitoire : la triade du Nuage. Comme toutes les pègres de Chine, le Nuage comptait vivre du commerce de la chair et de la «protection» des PME locales, mais son chef, dit «Vieil Aigle», avait conçu une méthode nouvelle et maladroite pour recruter ses membres, dont il voulait 2000, pas moins : une fois les candidats identifiés, il suffisait, pensait-il, de les kidnapper et de leur tatouer à l’épaule le sigle nuageux de la société secrète, pour voir disparaître toute velléité de résistance. Une préparation complémentaire à leur métier futur, consistait à abuser d’eux sexuellement. Le système a marché avec quelques âmes faibles dévoyées (jeunes filles sans espérances dans la vie, petites frappes), jusqu’ au jour où les sbires tombèrent sur une employée d’hôtel qui à peine libérée de son calvaire, se précipita non vers le trottoir mais au commissariat, dont son oncle était chef. En cinq jours, la bande entière fut sous les verrous- sauf vieil Aigle, tuyauté à temps et qui prit son envol -au dessus des nuages !