Le Vent de la Chine Numéro 32

du 7 au 13 octobre 2001

Editorial : editorial_32_2001

La série d’attentats anti-US (11 septembre 2001) a plongé le PCC dans le silence– temps d’un débat au sommet sur ses suites pour les rapports du monde. Le bilan du Plenum du CC 24-26/9 s’est avéré mince : Ê le feu vert confirmé du Parti aux privés (selon la théorie de Jiang Zemin des , «3 représentativités»); Ë la non promotion de Zeng Qinghong, 3ème proche de Jiang (après Jia Qingling et Li Changchun) à marquer le pas dans la course à la prochaine équipe dirigeante: Jiang impose sa ligne, mais non ses héritiers; et Ì la poursuite de la lutte contre la corruption et pour un «style nouveau et plus efficace de pouvoir» – euphémisme pour une réforme politique, nécessaire vu l’aggravation en 2000 du nombre des conflits sociaux, à 207.600 contre 100.000 en 1998 (+40%/an), et des fraudes – pour 217MM$ identifiés en 3 ans. Silence de l’appareil, ne signifie pas inaction : Pékin donne une preuve de plus de son intense capacité de réaction rapide. Un choix a été vite opéré, sous la pression discrète d’une certaine base (classe moyenne, affaires), pour le soutien aux US, l’intégration, les IED, la lutte multilatérale contre la récession et contre une pieuvre terroriste qui pourrait, en 2008, frapper les Jeux Olympiqes de Pékin -la Chine exprime cette hantise.

Rien n’est dit, mais ce soutien chinois dans la campagne contre l’internationale intégriste peut s’avérer immense: accès aux fichiers, aux réseaux chinois, mais aussi garantie de neutralité du Pakistan, et accès au corridor afghan de Taxkorgan (garnison chinoise à 3.200m, 4000 soldats), sous contrôle de l’alliance du Nord (anti-Taliban). Ainsi, dans cette affaire, Pékin prend le contre-pied de son attitude lors de l’intervention de l’OTAN au Kosovo. Elle reçoit un 1er profit de sa position conciliante : G. Bush annule sa tournée asiatique de ce mois, même à Tokyo, mais non sa participation à l’APEC (Shanghai, 20/21 octobre) – où il verra Jiang!

Si l’on avait le moindre doute sur la vigilance chinoise en cette phase, les mesures prises post-attentats devraient le dissiper: Pékin vient d’octroyer 120.000 US$ aux réfugiés afghans, de fermer ses frontières à l’Ouest (Xinjiang), de bloquer tout visa au Moyen-Orient – même à Israël et suspendre tous ses vols vers la région, tandis que ceux vers Russie et l’Asie Centrale demeurent, mais avec vigile armé – Pékin est prête !

 


Editorial : Affaire WTC – à Pékin : le temps du silence, et de l’action!

La série d’attentats anti-US (11 septembre 2001) a plongé le PCC dans le silence– temps d’un débat au sommet sur ses suites pour les rapports du monde. Le bilan du Plenum du CC 24-26/9 s’est avéré mince :

1. le feu vert confirmé du Parti aux privés (selon la théorie de Jiang Zemin des , «3 représentativités»);

2. la non promotion de Zeng Qinghong, 3ème proche de Jiang (après Jia Qingling et Li Changchun) à marquer le pas dans la course à la prochaine équipe dirigeante: Jiang impose sa ligne, mais non ses héritiers; et

3. la poursuite de la lutte contre la corruption et pour un «style nouveau et plus efficace de pouvoir» – euphémisme pour une réforme politique, nécessaire vu l’aggravation en 2000 du nombre des conflits sociaux, à 207.600 contre 100.000 en 1998 (+40%/an), et des fraudes – pour 217MM$ identifiés en 3 ans.

Silence de l’appareil, ne signifie pas inaction : Pékin donne une preuve de plus de son intense capacité de réaction rapide. Un choix a été vite opéré, sous la pression discrète d’une certaine base (classe moyenne, affaires), pour le soutien aux US, l’intégration, les IDE, la lutte multilatérale contre la récession et contre une pieuvre terroriste qui pourrait, en 2008, frapper les Jeux Olympiques de Pékin -la Chine exprime cette hantise.

Rien n’est dit, mais ce soutien chinois dans la campagne contre l’internationale intégriste peut s’avérer immense: accès aux fichiers, aux réseaux chinois, mais aussi garantie de neutralité du Pakistan, et accès au corridor afghan de Taxkorgan (garnison chinoise à 3.200m, 4000 soldats), sous contrôle de l’alliance du Nord (anti-Taliban).

Ainsi, dans cette affaire, Pékin prend le contre-pied de son attitude lors de l’intervention de l’OTAN au Kosovo. Elle reçoit un 1er profit de sa position conciliante : G.W. Bush annule sa tournée asiatique de ce mois, même à Tokyo, mais non sa participation à l’APEC (Shanghai, 20/21 octobre) – où il verra Jiang!

Si l’on avait le moindre doute sur la vigilance chinoise en cette phase, les mesures prises post-attentats devraient le dissiper: Pékin vient d’octroyer 120.000 US$ aux réfugiés afghans, de fermer ses frontières à l’Ouest (Xinjiang), de bloquer tout visa au Moyen-Orient – même à Israël et suspendre tous ses vols vers la région, tandis que ceux vers Russie et l’Asie Centrale demeurent, mais avec vigile armé – Pékin est prête !

 


A la loupe : Vers le principe pollueur / payeur?

La lutte contre la pollution prend son envol, comme jamais avant, à en lire les mesures annoncées sur plusieurs fronts par les autorités, pour un budget de 85MM$ d’ici 2005, soit 1,3% du PNB, le double du Plan précédent.

A Pékin, Shougang, l’aciérie encore responsable en 2000 de 10Mt de production, doit déménager ses 5 hauts fourneaux, tous ses fours et coulées vers Qian’an (Hebei), afin d’éliminer 90% de ses émissions de fumées, poussières et dioxyde de soufre du futur site des Jeux Olympiques. C’est un exemple mis en avant au terme d’une campagne nationale de 3 mois (juin-août 2001) par la SEPA, qui a abouti à la fermeture de 2361 usines, à la suspension de 1.224, et à la mise à l’amende de 4.897. Actuellement, le système des quotas permet aux pollueurs de racheter leur droit au rejet de leurs effluents, moyennant une taxe symbolique de 5  fen/t d’eau usée (environ 1 cent d’²), alors que les pollutions combinées de l’air, de l’eau et de la terre coûtent (officiellement) au pays près de 10MM$ par an, et que 7 des villes les plus polluées de la terre se trouvent en Chine (le record étant détenu par Taiyuan, (Shanxi). La SEPA prépare un barème de taxes dissuasives, pour des centaines d’effluents chimiques (testé à Zhengzhou, Fuzhou et Jilin) – avec une délicate balance à respecter, pour éviter la mise en faillite de l’outil. Un des premiers postes bénéficiaires des investissements publics, sera la reboisement : En 5ans, 11,5Mha de nouvelle forêt seront plantés, et autant de réserves animales créées – il est plus que temps.

 


Pol : Sécu :la base cotisante s’effrite

· 8 ans après sa création, le Fonds de Sécurité Sociale connaît sa 1ère grande crise, avec un recul au 1er semestre du nombre absolu des cotisants, de 1,55M -ils sont 81,6M. Les mauvais payeurs seraient des PME et du privé, mais aussi de grandes EE qui oublient de reverser leur part. C’est inquiétant: ce fonds finance le réemploi de 18M de chômeurs, et 30M de pensions. Le trou des pensions, de 4,2MM$ en 2000, risque de s’approfondir (dit le ministère) à 55MM$ en 2006. Or l’Etat ne peut plus compter sur la bourse, en chute de 16% en 2001, pour refaire ce manque à gagner (cf VdlC n°25/VI). Aussi mise-t’il sur une autre stratégie, déjà courante dans la récupération des créances privées : celle d’un "tableau de la honte". Le ministre du Travail y cite déjà 20 firmes débitrices d’au moins 1,2M$ chacune, dont la Beijing Urban Construction, filiale de la mairie. Ailleurs, au Guangdong, 6 cadres de la SS ont été arrêtés pour avoir prêté moyennant pots-de-vin, près d’1M$ de leur fonds à des firmes privées.

· La création d’une réserve stratégique de pétrole brut est devenue «urgente» selon Zhu Xingshan -soutenu par une mission de l’Agence internationale de l’Energie (3 septembre 2001) qui recommande un stock de 18Mt de brut. Pékin, d’ici 2005, veut s’en tenir à 6t, soit une réserve de 9 jours, à comparer aux 90 jours de rigueur dans les pays de l’OCDE. La Chine aura besoin de 200M de t/an en 2005 dont 45% à importer. Les achats stratégiques pourraient débuter, une fois le brut sous la barre des 20$ /baril  -il est à 22$. A cette érosion des cours mondiaux, Petrochina et Sinopec réagissent en réduisant leur propre stock de 11 à 9Mt -l’inverse de la démarche nationale !


Argent : Railcom face à deux voies – engorgées!

· Fait annoncé comme signant la fin du monopole de China Telecom, le 23 septembre 2001, le réseau du géant national a vu la jonction de celui de son petit rival China Railcom (ex-réseau des chemin de fer, comme son nom l’indique). Toutefois, la route reste longue pour ce dernier qui ne revendique, pour une capacité de 12M d’usagers dans 52 villes, que 2 ou 3M d’abonnés, la plupart cheminots. CT est n°12 mondial parle revenu (20,5MM$ en 2000), avec 160M d’abonnés. La carte maîtresse de Railcom pour "aiguiller" vers lui les clients de CT, sont les 10% (local) voire 15% (longue distance) de baisse des tarifs. C’est peu, pour gagner son pari d’ici 2006 de gagner 5-10% du marché : RC sera contraint d’investir dans d’autres services, qu’il prévoyait de financer par Œ son entrée en bourse, ? une fusion avec China Unicom, n°2 chinois du mobile, aussi opérateur de lignes fixes. Mais sur le plan Œ, les attentats US ont renvoyé aux calendes grecques toute entrée à Wall Street, et sur le ?, Unicom vient de rompre les négociations, arguant d’un manque de complémentarité des deux groupes. Railcom mise, à présent, sur la rumeur d’un plan de redécoupage de CT, par branche et par région…

 


Politique : politique_32_2001

· 8 ans après sa création, le Fonds de Sécurité Sociale connaît sa 1ère grande crise, avec un recul au 1er semestre du nombre absolu des cotisants, de 1,55M -ils sont 81,6M. Les mauvais payeurs seraient des PME et du privé, mais aussi de grandes EE qui oublient de reverser leur part. C’est inquiétant: ce fonds finance le réemploi de 18M de chômeurs, et 30M de pensions. Le trou des pensions, de 4,2MM$ en 2000, risque de s’approfondir (dit le ministère) à 55MM$ en 2006. Or l’Etat ne peut plus compter sur la bourse, en chute de 16% en 2001, pour refaire ce manque à gagner (cf VdlC n°25/VI). Aussi mise-t’il sur une autre stratégie, déjà courante dans la récupération des créances privées : celle d’un "tableau de la honte". Le ministre du Travail y cite déjà 20 firmes débitrices d’au moins 1,2M$ chacune, dont la Beijing Urban Construction, filiale de la mairie. Ailleurs, au Guangdong, 6 cadres de la SS ont été arrêtés pour avoir prêté moyennant pots-de-vin, près d’1M$ de leur fonds à des firmes privées.

· La création d’une réserve stratégique de pétrole brut est devenue «urgente» selon Zhu Xingshan -soutenu par une mission de l’Agence internationale de l’Energie (3 septembre 2001) qui recommande un stock de 18Mt de brut. Pékin, d’ici 2005, veut s’en tenir à 6t, soit une réserve de 9 jours, à comparer aux 90 jours de rigueur dans les pays de l’OCDE. La Chine aura besoin de 200M de t/an en 2005 dont 45% à importer. Les achats stratégiques pourraient débuter, une fois le brut sous la barre des 20$ /baril  -il est à 22$. A cette érosion des cours mondiaux, Petrochina et Sinopec réagissent en réduisant leur propre stock de 11 à 9Mt -l’inverse de la démarche nationale !


A la loupe : Fête Nationale au lampion de la lune

Cela arrive tous les 19 ans, la Fête nationale (1er octobre, fondation de la RPC), tombait cette année avec la zhongqiu, Fête de Mi-automne, où l’on admire la pleine lune blanche, récite des odes de Li Bai et s’échange les gâteaux de lune. Comme chaque année depuis 1999, quand la fête a été portée à une «semaine dorée» de congés, ce fut l’occasion d’une consommation intérieure, encore difficilement quantifiable mais boulimique. Les touristes atteignirent "entre 60M et 75 M" contre 60 en 2000 et 73M au 1er mai. 14 Cies aériennes ont ajouté 1.376 vols pour accueillir les +5% de passagers (1,45M), manifestement peu inquiets des récents attentats aux US. Mais cette année, fuyant promiscuité et mauvais services, de nombreux citoyens ont préféré visiter parcs de banlieues et temples retirés plutôt que les grandes villes, où circuits et hôtels n’ont atteint que 60% de remplissage (on espérait 80%). Exception faite du métro de Shanghai qui battit son record, avec 1,34M de passagers les 1 et 2 octobre 2001, et de Tian’anmen qui agglutina 200.000 visiteurs le 1er oct. devant 300.000 pots de fleurs et des panonceaux géants célébrant les slogans du jour. Les magasins battirent leur plein, mais non, en fin de journée, les tiroirs-caisses. Spécialement soldés, portables et nippes partirent comme des petits pains. Ignorant l’amère expérience des fabricants de TV, les DVD chinois poursuivirent leur guerre des prix: à Chengdu, le lecteur Shinco se vend pour moins de 100$.

Comme toujours en Chine, on n’a pas lésiné sur le poste nourriture: un seul restau de Quan jude, chaîne pékinoise de canard laqué, a triplé ses ventes, découpant 1.100 palmipèdes par jour. Les 2 et 6 octobre, jours de  ;fengshui (chance) propices, on a fort convolé de par l’Empire, au son des fifres et klaxons des

caravanes décorées de ballons rouges, convoyant noces et fiancés vers les salles de banquets et sites

photogéniques!

 


Joint-venture : Thalès, la fin de la Longue Marche

· Après 4 ans de pourparlers, Thales (ex-Thomson-CSF) a signé (21 septembre 2001) un contrat de près de 100M ² pour équiper l’espace aérien de la côte d’un système Euro-CAT de gestion du trafic en vol. Déployé entre Pékin, Shanghai et Canton, il suivra les appareils sur tout leur trajet, et non plus aux abords des aéroports. Pour le groupe français, c’est une double consécration, ayant remonté la pente après de longues années "boudées" par Pékin suite à la vente de 120 Mirages à Taiwan en 1992, et ayant été préféré à l’américain Raytheon. Raisons invoquées de ce choix: le fait, pour Thales, d’avoir déjà installé en Australie en 1998 un réseau de configuration voisine, offrir certains codes sources (qui permettront aux chinois la maintenance), un prix et un délai acceptables, et -peut-être- les 12 derniers mois de climat incertain entre Chine et USA. La mise en marche est prévue pour 2004.

· L’entrée à l’OMC acquise, la Chine tient sa promesse aux assureurs européens, qui ont reçu de la tutelle CIRC, 8 licences pour des JV à 50/50% dans une des villes ouvertes (Shanghai, Pékin, Canton ou Foshan). En assurances-vie, sont servies CNP (France), CGNU (G.B.), et Transamerica (européen, c’est bien connu, filiale du hollandais AEGON). En non-vie, ont été fournies les allemandes Allianz (titulaire depuis 1999 d’une JV-vie avec Dazhong à Shanghai) Gerling, et Royal &Sun Alliance (GB). AXA (France, JV-vie à Shanghai depuis 2000), a reçu 1 licence pour étendre ses opérations à une autre.

NB: Hors Union-Européenne, Zurich Financial Services aussi obtient une licence non-vie.

· Le 7 septembre 2001, BP s’est retiré du projet de 15-18MM$ de PetroChina pour la construction du gazoduc Xinjiang-Shanghai. Les étrangers (Shell, Exxon, Gasprom -Russie) devraient recevoir 49%. Depuis, la presse abonde de commentaires sur les fortes réserves de gaz du Xinjiang, (8,4 trillions de m3) et les concessions ouvertes aux étrangers en JV à l’exploration et/ou exploitation, à un taux préférentiel de 15% de taxes. Des analystes d’HSBC Securities, Alliance Capital maintiennent leur doute sur la viabilité du projet. Le Président de BASF Juergen Strube et le maire de Shanghai Xu Kuangdi, viennent de confirmer un problème au niveau du futur prix du gaz : à 0,16$/m3 (prix fixé par le Conseil d’Etat, 60% plus cher que la moyenne mondiale). BASF ne veut pas lancer son projet pétrochimique d’1MM$ à Shanghai, et au nom de l’intérêt local, Xu accentue la pression : "un gaz moins cher ne profiterait pas qu’à BASF mais aussi aux utilisateurs ménagers de la ville». Alors que la construction du gazoduc débute «sous peu», la saga continue…

· Depuis les années 1970, après une rencontre du Président-fondateur de Matsushita avec Deng Xiaoping, le groupe a réalisé 180 projets de transfert de technologie et d’équipement, et 4 JV dès 1987 rien que sur Pékin. En 1989, il est resté en place, quand bien des groupes quittaient le pays. Ce nonobstant, Matsushita s’est vu interdire (31 août 2001) pour un an de vendre ses téléphones mobiles en Chine: 4 modèles affichaient «ROC» (République de Chine) quand l’usager appelait Taiwan. Cette interdiction a été appliquée bien que Matsushita ait publié des excuses dans 30 journaux chinois, ait retiré tous les modèles litigieux, et ait proclamé sa bonne foi. Cette sensibilité chinoise accrue, touchant à la promotion de l’île nationaliste par des firmes installées sur le continent, s’est aussi appliquée en septembre à CSFB (Crédit Suisse), retiré de la liste des syndicats d’émission pour un titre Unicom, suite à l’invitation par la banque d’officiels insulaires à HK. La même mésaventure était advenue au motoriste aéronautique français Snecma, pour avoir invité le ministre taiwanais de l’Economie Lin hsin-I à Paris pour co-signer une JV de maintenance avec China Airline. A mesure que gagne la Chine en puissance économique, le projet d’isoler Taiwan s’affirme.

 


Temps fort : Management, amphis – réformes en masse

Pour les EE, le cahier des charges de l’OMC se traduit par des licenciements, la chasse aux coûts et la surproduction, l’obligation de financer leur R&D, et surtout, une révision déchirante de la qualité de leur management. Pour Zhu Rongji, la Chine a bien moins besoin d’IED (cf  n°31 du VDlC) que de talents. Pour ranimer ses EE et les aider à combler leur retard sur les firmes étrangères, le Gouvernement, depuis 10 ans, multiplie les mesures d’incitation au retour des Chinois d’Outre-mer, et pour colmater la fuite des cerveaux diplômés -trois sur cinq en moyenne- des EE vers les firmes étrangères. Nouvel avatar de cette politique : la Chine s’est fixé, pour l’horizon 2005, ses "Objectifs talents".

Première à donner suite, Pékin (ville) a publié son projet de réforme des directions de ses EE, et prétend remplacer avant 2005 leurs hauts cadres dépourvus de formation supérieure, par des jeunes diplômés, qui accéderont plus vite aux postes à responsabilités. A ce prix, en 2005, la moyenne d’âge du management des EE municipales ne dépassera pas 40 ans. Pékin n’offre rien pour pallier d’autres causes de départs vers les Cies étrangères: meilleurs salaires, contact avec les tendances les plus "in" de gestion, chances de stages à l’étranger.

Le Ministre de l’Education aussi se prépare. Il vient d’ordonner aux universités de consacrer l’anglais langue principale de leurs cours de finance, économie, droit ou info-tech. Le mandarin ne servira qu’à l’explication de termes techniques, les manuels seront importés. Ceci ne touchera d’emblée que 5 à 10% des jeunes, et sera limité par le déficit en professeurs bilingues. Mais elle salue un changement conceptuel majeur, dans l’attitude au monde extérieur.

Prises ensemble, ces réformes des managers et des amphis en traduisent une autre, non-dite, déjà visible : la réforme politique, rendue possible par la relève démographique des Gardes Rouges non diplômés par une génération de technocrates: c’est l’inversion d’un slogan universel dans les années 1960 : «plutôt rouge qu’expert»!

 


Petit Peuple : des pigeons et des vaches

· A Fengzhen (Mongolie intérieure), 78 sociétaires d’une coopérative laitière s’étaient endettés de 60.000Y pour acheter 78 vaches à la foire aux bestiaux de Jinzhou (Shanxi), une des plus grandes du pays. Ils les choisirent belles, fortes, robe pie (noire et blanche), et les payèrent cuir et poil. Les ennuis débutèrent une semaine plus tard, à la 1ère pluie : les bêtes perdirent la queue, d’autres leur teinture, d’autres les cornes (de bois), tandis que les panses gonflées aux ballons ou aux hormones pour simuler une gestation reprenaient leurs formes flasques et stériles. Au total 40 ruminants, en guise de frisonnes, s’avérèrent de vulgaires vaches jaunes locales. A cette découverte, les gendarmes de Fengzhen, firent un blitz au Shanxi et empoignèrent les faussaires au terme d’une battue de 6 heures, assistés de 200 villageois locaux ravis de cette rare animation. Le fait que les escrocs en soient à leur 10ème coup dans l’année, n’aida en rien les victimes: les maquignons alléguèrent sans vergogne que le troupeau leur avait été vendu ainsi, et se déclarèrent insolvables. En attendant le procès, les fermiers méditent à travers deux proverbes sur la malhonnêteté du monde:  niuguisheshen ("démon de vache, esprit de serpent" -c’est-à-dire voleurs ne valant pas la corde pour les pendre), et  hutoushewei, ("tête de tigre et queue de serpent" : une affaire qui s’achève en eau de boudin)!