Le Vent de la Chine Numéro 28

du 2 au 8 septembre 2001

Editorial : editorial_28_2001

L’été qui s’achève vient de voir la réémergence d’une gauche en Chine. Le fait en soi ne constitue pas une surprise, dans un Etat-Parti condamné depuis toujours à chercher son air frais dans le mécanisme pendulaire des luttes entre mouvances. Mais cette fois, la fronde va plus loin que les homélies de vieux militants. Elle réunit en une coalition hétéroclite une majorité de mécontents: instituteurs faméliques, ouvriers mis à pied, paysans ruinés et ex-Gardes Rouges à 5 ans de la retraite, qui rejettent l’invitation par Jiang Zemin (sans débat préalable, lors du 80. Anniversaire du PCC, 1er Juillet 2001) aux patrons privés à joindre le Parti. Une confusion populaire s’établit entre capital et corruption. Des voix, tel ce manifeste des 10.000 caractères dénoncent la trahison de Jiang qui, en août 1989, décrivait les patrons comme exploiteurs. En face, bien sûr, des théoriciens ont observé la montée de la classe bourgeoise neuve, en Chine comme ailleurs au monde (ex-) socialiste, et mesuré les conséquences de toute tentative de l’ostraciser: «le Parti doit repenser et restructurer sa dépendance à une seule classe» – question de vie ou de mort!

Il en a résulté en août, un conclave de Beidaihe tendu. Ce meeting balnéaire des 60 hommes forts, a résulté en une furieuse empoignade, contraignant le Président, pour voir soutenir sa ligne des  sangedaibiao (3 représentativités), à tolérer le retour d’une aile droite en disgrâce depuis des lustres. Avec d’autres, Qiaoshi, remercié en 1999, a (ré-) obtenu de Jiang l’engagement de céder tous ses mandats dès 2003. Pour la 1ère fois en 12 ans, on a même entendu l’exigence d’un meilleur statut pour Zhao Ziyang, leader libéral limogé en mai 1989. Jiang a enfin dû -autre 1ère historique!- punir la gauche, en fermant l’hebdo Quête du vrai.

Il a du aussi céder à cette fronde gauchiste : au PCC, les patrons-camarades seront surveillés de près, éjectables à la moindre faute, tenus de réinvestir en permanence, de faire la charité et ne bloquer ni syndicat ni PCC. Enfin, leur recrutement dans 10 provinces-test, est suspendu.

Jiang a donc gagné, mais au prix d’une alliance avec les réformateurs, lesquels se demandent si le moment ne serait pas venu de soutenir tactiquement un parti d’opposition …de gauche! L’attitude de Jiang ne laisse aucun doute sur son hostilité à toute remise en cause structurelle du monopole du Parti. Mais par sa légitimité communiste, face à de sulfureux groupuscules dissidents, la gauche serait la mieux placée pour conquérir une légalisation, qui pourrait intervenir plus vite qu’on ne le croit, sous un leadership jeune et conscient de l’urgence de new deal !

 

 


Editorial : Beidaihe – la révolte contre les patrons-camarades !

L’été qui s’achève vient de voir la réémergence d’une gauche en Chine. Le fait en soi ne constitue pas une surprise, dans un Etat-Parti condamné depuis toujours à chercher son air frais dans le mécanisme pendulaire des luttes entre mouvances. Mais cette fois, la fronde va plus loin que les homélies de vieux militants. Elle réunit en une coalition hétéroclite une majorité de mécontents: instituteurs faméliques, ouvriers mis à pied, paysans ruinés et ex-Gardes Rouges à 5 ans de la retraite, qui rejettent l’invitation par Jiang Zemin (sans débat préalable, lors du 80. Anniversaire du PCC, 1er Juillet 2001) aux patrons privés à joindre le Parti. Une confusion populaire s’établit entre capital et corruption. Des voix, tel ce manifeste des 10.000 caractères dénoncent la trahison de Jiang qui, en août 1989, décrivait les patrons comme exploiteurs. En face, bien sûr, des théoriciens ont observé la montée de la classe bourgeoise neuve, en Chine comme ailleurs au monde (ex-) socialiste, et mesuré les conséquences de toute tentative de l’ostraciser: «le Parti doit repenser et restructurer sa dépendance à une seule classe» – question de vie ou de mort!

Il en a résulté en août, un conclave de Beidaihe tendu. Ce meeting balnéaire des 60 hommes forts, a résulté en une furieuse empoignade, contraignant le Président, pour voir soutenir sa ligne des  sangedaibiao (3 représentativités), à tolérer le retour d’une aile droite en disgrâce depuis des lustres. Avec d’autres, Qiaoshi, remercié en 1999, a (ré-) obtenu de Jiang l’engagement de céder tous ses mandats dès 2003. Pour la 1ère fois en 12 ans, on a même entendu l’exigence d’un meilleur statut pour Zhao Ziyang, leader libéral limogé en mai 1989. Jiang a enfin dû -autre 1ère historique!- punir la gauche, en fermant l’hebdo Quête du vrai.

Il a du aussi céder à cette fronde gauchiste : au PCC, les patrons-camarades seront surveillés de près, éjectables à la moindre faute, tenus de réinvestir en permanence, de faire la charité et ne bloquer ni syndicat ni PCC. Enfin, leur recrutement dans 10 provinces-test, est suspendu.

Jiang a donc gagné, mais au prix d’une alliance avec les réformateurs, lesquels se demandent si le moment ne serait pas venu de soutenir tactiquement un parti d’opposition …de gauche! L’attitude de Jiang ne laisse aucun doute sur son hostilité à toute remise en cause structurelle du monopole du Parti. Mais par sa légitimité communiste, face à de sulfureux groupuscules dissidents, la gauche serait la mieux placée pour conquérir une légalisation, qui pourrait intervenir plus vite qu’on ne le croit, sous un leadership jeune et conscient de l’urgence de new deal !

 

 


A la loupe : Drogue-le carré d’or passe par la Chine

Le 1er semestre 2001 a été marqué par plus de 160.000 crimes liés aux stupéfiants (+32,6%), 28.000 arrestations (+15 ;4%), et des saisies-record : 6,2t. d’héroïne (+75%), 1,9t. d’opium (+110%), 2,9 tonnes d’ice (+17%) et 640.000 pilules d’ecstasy. Au 1er semestre, la Chine comptait 860.000 drogués officiels (et 12M réels, de source US), dont moins de 10% acheminés vers la désintoxication ou les camps.

D’où vient la drogue? A 80% du Triangle d’or, Laos et Thaïlande et surtout Birmanie. La nouvelle, cette semaine, consiste dans le sommet de la drogue tenu à Pékin (28/8) au plan ministériel à quatre pays, afin d’accélérer échange d’infos, perfectionnement des techniques de répression, la formation des policiers et l’encouragement à d’autres cultures que le pavot. La Chine ne produit pas de drogue, mais des filières puissantes passent par chez elle, en croissance rapide, forçant Pékin à passer à la coopération directe entre les 4 pays impliqués -comme le font déjà depuis des années, producteurs et trafiquants. Au plan bilatéral, cette coopération commence à porter ses fruits: en avril, la Birmanie lui a remis (cf VDLC 22/VI) le trafiquant chinois Tan Xiaolin.

Il y a urgence : les 75% de hausse des prises traduisent, théoriquement, une augmentation équivalente des livraisons. Or, dans le même temps, le SIDA a monté, en Chine, de 67%, selon un vice-ministre – et 70% de ce fléau est contracté par l’héroïne. Pour reprendre le contrôle, disent les experts, plus une seconde à perdre !


Pol : ‘ Hukou ‘ la demi-mort d’un servage

· Annoncé, avec un symbolisme voulu, pour le 1er octobre 2001, le démantèlement partiel du hukou (permis de résidence imposé depuis la dynastie Han) va lever un verrou à l’exode rural, créer un facteur de relance (grâce à une main d’oeuvre peu regardante) et alléger la paupérisation des campagnes. Jusqu’à présent le hukou rive le paysan à son canton. Déjà appliqué au Shandong, dans l’Anhui et l’Ouest, le nouveau «deal» permettra à quiconque justifiant d’un logement et d’un job en ville, de demander la résidence permanente. Limitation : cette mesure ne vaut que pour 20.000 bourgades, la moitié de toutes les villes petites et moyennes. Pour les 150M de chômeurs ruraux, c’est une nouvelle chance. Pour les grandes villes, c’est -peut-être- l’allégement des hordes qu’elles reçoivent et expulsent chaque année. On attend ainsi 6 à 8m de nouveaux citadins par an. Dans le Zhejiang, en 5 ans, le test mené dans 105 petites villes a abouti à l’accroissement de 80% de leur population. Un autre progrès, est l’extension aux nouveaux venus des avantages de la résidence légale – accès aux soins et à l’éducation, par exemple. NB : la citoyenneté de villes prestigieuses comme Shanghai ou Pékin s’obtient aussi, mais plus cher – moyennant la création d’une entreprise, l’obtention d’un beau diplôme, ou le versement de 120.000$, au marché noir !

· Entre taxes illégales, sécheresse, crues et bas cours des produits agricoles, l’été n’a pas été tendre pour le paysan. Très conscient du risque, Pékin promet pour la rentrée l’abolition de toutes ces taxes discrétionnaires locales, estimées à 10,5MM$/an, dont le montant serait partiellement compensé par une enveloppe de 2,4 à 3,6MM$. En contrepartie, la taxe légitime sur le revenu agricole (d’un montant très modeste) montera de 5 à 8%. Zhu Rongji espère pouvoir boucler ainsi d’ici 2003 le budget des campagnes, en ajoutant un ingrédient : l’écrémage d’1/2 des cadres locaux -mais pour en faire quoi ?


Argent : un gazoduc frisant les 20MM$

· Les travaux du gazoduc Xinjiang-Shanghai commenceront en octobre 2001, au départ d’Urumqi. Suite à l’élargissement de la participation vers l’amont (prospection/extraction à l’Ouest), et l’aval (distribution génération d’électricité), trois consortiums étrangers sont en lice, Shell, BP et Exxon –les négociations sont avancées. On note l’absence probable de Total-Fina-Elf, n’ayant pas pu jusqu’alors boucler une offre. Enigme: Sinopec annonce (27/08) vouloir participer. C’est une irruption dans la chasse gardée (nord du pays) de PetroChina, n°1 qui semble pourtant «en fond», ayant réalisé 3,28MM$ de profits au 1er semestre (+18%). Intervention du Conseil d’Etat ? Manque de crédits (le projet complet est estimé à 15-18MM$)? Symptomatiquement, Sinopec et BP bouclent en même temps (30/08) un vieux projet de production d’éthylène en JV à Shanghai (50-50%, de $2,7MM$), coopé renforçant les positions des deux, qui sont aussi présents sur le gazoduc. Une chose semble sûre : au plan financier, tout reste à définir (on ignore même si le projet se définira en un, ou deux consortiums), et le tracé n’est pas entièrement défini. Dans ces conditions, la mise en service « en 2004 » n’est pas réaliste.

· Planant depuis des lunes en altitude, les marchés boursiers chinois chutent à leur tour. Sur 8 mois, les indices de Shenzhen et Shanghai ont perdu 12% (exprimés en $): moins que le Hang Seng (-25,5%), le CAC 40 (-20,9%), mais plus que le Dow Jones (-6,5%). Outre les raisons structurelles-mondiales (la chute en mai 2000 du Nasdaq à NY), la déprime chinoise trahit : Ê la multiplication des fraudes, les placements illégaux de fonds bancaires et les délits d’initiés tels celui de ‘999′, groupe pharma ex-militaire, dont les gros porteurs ont siphonné 302M$ de profits), Ë les mauvais résultats de valeurs-phare comme Konka, frappé par la mévente et la guerre des prix. Konka annonce (28 août 2001) ses 1ères pertes sèches en 21 ans, – 23M$ en jan-juin. Ce marasme fait une victime, Sinopec, dont l’introduction au marché « A » (réservé aux chinois) s’est mal comportée. Avec 1,4MM$ et 2,8MM parts, il s’agissait du record national, promis à une hausse de 40% au 1er jour. Or cette part Sinopec, qui entre pour 15% dans l’index composite de Shanghai, n’a monté que de 3,3% le jour d’émission (8/08), à 4,22Y pour planer ensuite sous ce prix (3,96Y, le 27/08). Idem, Baosteel est passé sous son prix d’introduction le 27/8. Mauvaise nouvelle pour Petrochina, qui prévoit elle aussi son entrée au marché «A ». Il est vrai qu’une telle phase peut être salutaire, pour enrayer les deux défauts congénitaux du système -la fraude des grands acteurs, et l’optimisme des petits.

· Percluses de mauvais prêts (pour 30% à 50% de leur capital), les quatre banques d’Etat (ABC, BOC, CCB, ICBC) ont du mal. Les nouvelles venues s’en tirent mieux: Minsheng, Shenzhen Development Bank, et Pudong Development Bank voient leurs profits du 1er semestre 2001 monter de 90%, 60% et 7%. Seule banque privée, Minsheng doit sa croissance aux prêts -bien préparés et presque intégralement remboursés- aux PME assoiffées de crédits, barrées auprès des banques publiques. Autre succès: la BdComm, banque à thème, de création récente, active dans un secteur en forte croissance et jusqu’alors profitable : BdComm engrange 3,14MM$ au 1er semestre soit +50% qu’en 2000. BdComm a reçu son feu vert pour vendre 15% de ses parts à «au moins deux» institutions étrangères, pour se renforcer avant l’OMC. Citibank est sur les rangs -dont Citigroup, sa maison-mère, vient de reprendre 50% du capital de Japan Nikko Trust pour $83M.


Politique : politique_28_2001

· Annoncé, avec un symbolisme voulu, pour le 1er octobre 2001, le démantèlement partiel du hukou (permis de résidence imposé depuis la dynastie Han) va lever un verrou à l’exode rural, créer un facteur de relance (grâce à une main d’oeuvre peu regardante) et alléger la paupérisation des campagnes. Jusqu’à présent le hukou rive le paysan à son canton. Déjà appliqué au Shandong, dans l’Anhui et l’Ouest, le nouveau «deal» permettra à quiconque justifiant d’un logement et d’un job en ville, de demander la résidence permanente. Limitation : cette mesure ne vaut que pour 20.000 bourgades, la moitié de toutes les villes petites et moyennes. Pour les 150M de chômeurs ruraux, c’est une nouvelle chance. Pour les grandes villes, c’est -peut-être- l’allégement des hordes qu’elles reçoivent et expulsent chaque année. On attend ainsi 6 à 8m de nouveaux citadins par an. Dans le Zhejiang, en 5 ans, le test mené dans 105 petites villes a abouti à l’accroissement de 80% de leur population. Un autre progrès, est l’extension aux nouveaux venus des avantages de la résidence légale – accès aux soins et à l’éducation, par exemple. NB : la citoyenneté de villes prestigieuses comme Shanghai ou Pékin s’obtient aussi, mais plus cher – moyennant la création d’une entreprise, l’obtention d’un beau diplôme, ou le versement de 120.000$, au marché noir !

· Entre taxes illégales, sécheresse, crues et bas cours des produits agricoles, l’été n’a pas été tendre pour le paysan. Très conscient du risque, Pékin promet pour la rentrée l’abolition de toutes ces taxes discrétionnaires locales, estimées à 10,5MM$/an, dont le montant serait partiellement compensé par une enveloppe de 2,4 à 3,6MM$. En contrepartie, la taxe légitime sur le revenu agricole (d’un montant très modeste) montera de 5 à 8%. Zhu Rongji espère pouvoir boucler ainsi d’ici 2003 le budget des campagnes, en ajoutant un ingrédient : l’écrémage d’1/2 des cadres locaux -mais pour en faire quoi ?


A la loupe : Taiwan tend le rameau d’olivier

Acculé au 2nd trimestre par une baisse du PNB taiwanais de 2,4%, une chute de 30% des commandes électroniques US, et devant faire face à un scrutin parlementaire crucial au 1er décembre 2001, le Président Chen Shui-bian vient de suivre l’avis de son Conseil de Développement Economique (créé par lui-même) : après 52 ans de rupture, il offre à Pékin de rouvrir les liens directs (air, mer, télécom), d’abroger le plafond de 50M$ par projet taiwanais en Chine, et de laisser ses banques s’y établir. Majoritaire, le Kuo Min Tang (KMT) soutient le projet et veut le voter avant les élections.

Cette offre met la Chine dans l’embarras: en principe, elle satisfait une vieille demande de sa part et d’autre part, Pékin est précisément en quête de toute mesure susceptible de relancer son économie, face à la récession, son principal danger. Pourtant, sa réponse le 28 septembre 2001, a été rien moins que fraîche: «Taiwan doit d’abord reconnaître sa formule d’une Chine unique» – fin de non recevoir. Question de principe, agrémentée d’une arrière-pensée: il ne faut rien risquer qui renforce, lors du scrutin, la position de Chen et du Democratic Progressive Party (DPP), son Parti indépendantiste. Pour Pékin, nul doute, le pari de Chen est forcé par le business insulaire, qui aurait placé en Chine, depuis 12 ans, 60MM$, et dont les seuls investissements légaux (évalués au quart des invests non déclarés), ont augmenté en 2000 de 108% à 2,54 MM$. Les milieux d’affaires voient Taiwan comme la base de services pour l’hinterland de la côte Est, comme HK à Canton. Autrement dit, la Chine peut se permettre d’attendre !

Pendant ce temps, l’APL poursuit des manoeuvres sur l’île de Dongshan (Fujian), et concentre des troupes à Shantou (Guangdong), pour d’autres exercices jusqu’en octobre. Mais ces régions sont aussi celles les plus infestées de scandales et de triades -la question étant de savoir, à qui s’adresse l’avertissement!

 


Joint-venture : Picsou un oeil sur Pékin, l’autre sur Shanghai

· A HK, Michael Eisner, patron de Walt Disney, confirme un projet de construction a révélé que sa compagnie est en pourparlers avec Shanghai et Pékin pour éventuellement construire un parc à thème dans l’une de ces deux villes. Mauvaise affaire pour HK, qui construit à grand frais le 1er Disneyland continental, dont elle a payé la plus grande part -2,8MM$. Fidèle à sa stratégie d’implantation mondiale, le groupe US confronte ainsi les sites candidats, pour en obtenir les termes les plus favorables. Pour préparer son public futur, Disney assoit sa marque en Chine à travers la télévision et les autres médias. Le 26 août 2001, la firme a lancé son site www.disney.com.cn, géré avec Searainbow, EE de Hainan. Adapté du site US, il contient des jeux et vend sa carte de membre 18$/an. Disney veut rendre accros à  Mi laoshu («Mi le rat», Mickey) un maximum de jeunes, parmi les 300M de moins de 12 ans.

 · Notre rédaction regrette d’annoncer le décès de Pierre de Montgolfier, Président d’Airbus-Chine, (26 août 2001). Airbus par ailleurs (21/7) est en «discussions sérieuses» avec plusieurs transporteurs chinois, pour des livraisons évaluées jusqu’à 2,7MM$ et 50 appareils, surtout de petits modèles. Boeing, qui tient encore 65% du marché chinois, s’attend à des ventes de 40 appareils. Le ciel reste dégagé pour les deux concurrents : la Chine doit acheter 270 avions d’ici ’05.

 


Temps fort : Cerveaux musclés du monde entier, unissez-vous!

«L’OVNI de la capitale millénaire a jailli du ciel pour allumer la flamme glorieuse de la jeunesse» (Quotidien de la Jeunesse, 23/08/2001)… Dans les mois précédant la sélection des JO de 2008 (13/7), Pékin avait vécu sous une fièvre martiale pour défendre les chances de sa candidature. Loin de mourir après la victoire, l’engouement n’a fait que se renforcer pour les 21. Universiades (22/08 – 01/09), plus grande fête du sport jamais tenue sur sol chinois: plus de 7000 athlètes de 166 pays se sont affrontés dans 12 disciplines, relayées par les médias nationaux -mais peu, hors du pays, vu la cote encore modeste de ce RV. Contrairement aux autres fédérations mondiales, qui réservaient leurs meilleurs hommes à d’autres critériums estivaux, la Chine avait lancé ses réserves : ses espoirs  ont trusté 54 médailles d’or sur 171, brillants en plongeon, en ping-pong, mais aussi en escrime, et se permettant de battre les US en basket (championnat remporté par la Yougoslavie).

«Nos amis du monde entier» ont donc goûté la défaite, mais aussi la fête en leur honneur – on les vit tant sur la cendrée que dans les boîtes, les marchés de souvenirs et les plateaux télévisés.

Les moyens déployés furent grandioses, surtout la cérémonie d’ouverture -leur importance suggéra parfois une fête compensatoire, pour le cas où Pékin eût dû essuyer un revers Olympique. Par milliers en ville, flottaient les banderoles. En tenues flamboyantes, 40.000 bénévoles des universités, écoles et casernes, recevaient l’hôte dans la langue de Venus Williams. Les stades avaient été restaurés, 7 gymnases et 1 village bâti, pour 120 M$: opération de prestige, sans espoir de profit.

Ces Universiades avaient un spectateur: Jacques Rogge, nouveau Président belge du CIO, qui a pu saluer les capacités locales à tenir des JO. L’essentiel, pour Pékin, étant de gagner en expérience. A quelques heures de l’ouverture, manquaient 1000 lits: les Universiades ont relogé ailleurs en ville leurs jeunes nationaux : geste de panache!

 


Petit Peuple : la revendication du droit au baiser

· Deux procès estivaux marquent les progrès rapides de la sensibilité personnelle – l’éveil du citoyen à ce qu’il considère comme ses droits, et les problèmes qui en découlent, entre l’ancienne et la nouvelle mentalité. Cité par le Soir de Pékin (06/08), à la cantine d’un restaurant pékinois de fruits de mer, un employé détestant sa ration de porc, s’était avisé de la mettre aux déchets. Outré par ce gâchis, le patron répliqua en placardant au tableau du personnel une punition peu usuelle – le plongeur fut privé de viande durant un mois. Ce dernier répliqua en réclamant une aide juridique afin de défendre sa dignité. Deux mois avant, à Guangshan (Sichuan), Mme Tao avait été renversée par un chauffeur ivre. D’abord prête à oublier, elle vient de quérir compensation de la perte de son «droit au baiser». En effet son visage a été meurtri, aux lèvres surtout, et Mme Tao allègue que son mari n’aime plus ses étreintes. Très suivi par le monde de la basoche, ce procès permettra un débat rare, et conditionnera surtout l’avenir de l’accidentée -car en ce pays, une femme défigurée et quittée, peut connaître des jours difficiles.