Le Vent de la Chine Numéro 26

du 14 au 20 juillet 2001

Editorial : editorial_26_2001

«On a gagné»: ces mots à l’écran de CCTV, quelques minutes après la victoire de Pékin pour les Jeux Olympiques de 2008 résumaient la jubilation. Des M de gens se sont rués vers la place TAM, aux cris de joie, gongs et pétards. Des policiers, s’oubliant, se transformèrent comme tout le monde en Paganini du klaxon. Parmi la foule, cet ouvrier de Harbin voyait dans ce vote une reconnaissance que «la Chine grande et forte, avait sa place dans le monde». Autre remarque qui en dit long, un provincial, sur TAM, déclara: «je croyais que Pékin était une ville de massacre – à présent, il me semble que nous avons passé le cap»! Pour Pékin, c’était le triomphe, dès le 2d tour, sur des rivaux tels Paris ou Toronto. La différence d’atmosphère était vive: le soir, la population était consignée. Par peur de l’échec, seules 2 fêtes (ados gominés, rock’n pop, sur invit.) se tenaient. Mais quand Jiang Zemin vint, serrant les mains et «remerciant les camarades», ce fut le signal que cette nuit, pour la 1ère fois en12 ans, tout était permis!

Pour Jiang, c’était une victoire personnelle, au moment crucial de la composition de la prochaine équipe de pouvoir, lui permettant de mieux imposer ses vues au reste du directoire.

Pour la Chine, c’était le bout d’un long chemin, pour obtenir bien plus que des J0, se faire reconnaître d’égal à égal avec le reste du monde. C’ est ce qu’on appelle  nan zheng beizhanremporter la victoire après une longue guerre au sud et au nord » !

Cette fête est aussi la fin d’une fatalité qui forçait, selon Lu Xun, les chinois à «se voir tantôt supérieurs tantôt inférieurs au reste de la terre, jamais égaux». L’attribution des JO a une portée symbolique forte: après huit ans, le monde prend la main que la Chine tendait. Il l’investit de responsabilités nouvelles. Notamment, face à l’OMC, dont les négociations d’entrée reprennent (16/7). Dans cette affaire, un perdant : l’APL, et les faucons aux yeux rivés sur Taiwan!

Reste l’incertitude sur les Droits de l’Homme. Les militants déçus ont peut-être raison de déplorer d’avance, l’absence de grands changements. Les progrès viendront d’une démocratie non pour tous, mais pour beaucoup (villes, Côte, Sud) autour des nouvelles valeurs-argent, résidence, éducation. Démocratie plus floue et lente, mais endogène, et de ce fait, indéracinable !


Editorial : J.0. 2008 – ardemment désirée, l’entrée chinoise au club des nations!

«On a gagné»: ces mots à l’écran de CCTV, quelques minutes après la victoire de Pékin pour les Jeux Olympiques de 2008 résumaient la jubilation. Des M de gens se sont rués vers la place TAM, aux cris de joie, gongs et pétards. Des policiers, s’oubliant, se transformèrent comme tout le monde en Paganini du klaxon. Parmi la foule, cet ouvrier de Harbin voyait dans ce vote une reconnaissance que «la Chine grande et forte, avait sa place dans le monde». Autre remarque qui en dit long, un provincial, sur TAM, déclara: «je croyais que Pékin était une ville de massacre – à présent, il me semble que nous avons passé le cap»! Pour Pékin, c’était le triomphe, dès le 2d tour, sur des rivaux tels Paris ou Toronto. La différence d’atmosphère était vive: le soir, la population était consignée. Par peur de l’échec, seules 2 fêtes (ados gominés, rock’n pop, sur invit.) se tenaient. Mais quand Jiang Zemin vint, serrant les mains et «remerciant les camarades», ce fut le signal que cette nuit, pour la 1ère fois en12 ans, tout était permis!

Pour Jiang, c’était une victoire personnelle, au moment crucial de la composition de la prochaine équipe de pouvoir, lui permettant de mieux imposer ses vues au reste du directoire.

Pour la Chine, c’était le bout d’un long chemin, pour obtenir bien plus que des J0, se faire reconnaître d’égal à égal avec le reste du monde. C’ est ce qu’on appelle  nan zheng beizhanremporter la victoire après une longue guerre au sud et au nord » !

Cette fête est aussi la fin d’une fatalité qui forçait, selon Lu Xun, les chinois à «se voir tantôt supérieurs tantôt inférieurs au reste de la terre, jamais égaux». L’attribution des JO a une portée symbolique forte: après huit ans, le monde prend la main que la Chine tendait. Il l’investit de responsabilités nouvelles. Notamment, face à l’OMC, dont les négociations d’entrée reprennent (16/7). Dans cette affaire, un perdant : l’APL, et les faucons aux yeux rivés sur Taiwan!

Reste l’incertitude sur les Droits de l’Homme. Les militants déçus ont peut-être raison de déplorer d’avance, l’absence de grands changements. Les progrès viendront d’une démocratie non pour tous, mais pour beaucoup (villes, Côte, Sud) autour des nouvelles valeurs-argent, résidence, éducation. Démocratie plus floue et lente, mais endogène, et de ce fait, indéracinable !


A la loupe : Des Jeux, et de l’eau

Pékin a obtenu le verdict dont elle rêvait depuis dix ans. A présent, il lui faut préparer, et faire face à un problème technique grave :

Placée entre la steppe mongole et le désert du Gobi, et ayant peu investi au cours du dernier demi-siècle dans son réseau aquatique, la capitale est presque à sec, ayant vu, en 1999, son plateau aquifère chuter de 2m.

Ses besoins sont immenses – 4 MMm3 d’eau /an, pour ses foyers, usines et champs. Or, le réservoir de Miyun, a baissé des 2/3, à 1,4MM m3. Si la sécheresse des 3 dernières années se prolonge, l’eau manquera dès 2002.

Pour faire face, Pékin s’apprête à des chantiers pharaoniques.17MM$ permettront d’ici 15 ans d’acheminer vers le Nord, sur 1200km, 15% des eaux du Yangtzé -hélas polluées. 2,1MM$ permettront l’achat à l’étranger de 16 stations d’épuration des eaux, pour recycler 90% des eaux usées contre les 42% actuels.

Et surtout, les prix vont changer : dès 2003, l’eau coûtera 6Y/m3, puis 10, voire (prédit un informateur) 40Y/m3, contre 2 Y aujourd’hui. Un fort exercice de communication sera nécessaire, car la part de gens capables d’assumer un tel  «budget-eau», sera mince.

Certains experts n’hésitent plus, vu le sérieux de la crise, à préconiser un déplacement de Pékin vers une région plus humide. Mais un volet du dossier reste vierge – celui de la formation des citoyens à «l’eau, matière précieuse»: le pékinois consomme 280 l/j, contre 100/130 à l’européen du nord, qui s’en trouve bien !


Pol : Chine-HK, Chine-Taiwan

· Le KMT, le parti historique à Taiwan, aujourd’hui d’opposition, a changé (7/07) sa stratégie chinoise : il offre le principe de «une confédération, deux Etats». Cette ligne présentée par Lien Chan, le terne ex 1er Min., aujourd’hui Prsdt du parti, sera le fer de lance du KMT aux législatives de décembre, manière de ne pas laisser au «Nouveau Parti» (de droite) le monopole du dialogue avec Pékin. Il s’agit donc de tendre à Pékin un rameau d’olivier, et de se distancer de l’ancien leader sulfureux, Lee Teng-hui. Le KMT espère rallier les partisans du Président indépendantiste Chen Shui-bian, dans un pays frappé par la pire crise en 19 ans. La promesse implicite de relance des échanges avec la Chine, répondent à ces angoisses. Mais Pékin, impavide face à cette plate-forme à usage interne, a dit « non ». Pour lui, un seule principe demeure valable:  yi guo liang zhi" – un pays, deux systèmes!

· Cette même formule prend des rides à Hong Kong, après le vote d’une loi par l’Assemblée Hong Kongaise (11/7), reconnaissant à Pékin le droit explicite de révoquer le gouverneur de la RAS en cas d’ incompétence». Votée au Legco par 35 voix/ 18, la clause (manifestement « inspirée » par Pékin) précise noir sur blanc ce pouvoir déjà en filigrane dans la Loi Fondamentale (charte des droits de la RAS dans la RPC ). L’article s’intègre dans la loi prévoyant la composition, en mars 2002, du futur collège électoral de 800 délégués, à majorité opté et en minorité élu au suffrage direct. Faut-il le préciser? Le vote de cette loi a suscité la consternation au sein de l’opposition, voire (in petto) de la majorité hong kongaise -clairement, l’autonomie promise s’amenuise – à mesure que se rapproche l’échéance d’élections directes du gouverneur, prévue dans le traité de dévolution signé avec Londres.


Argent : le marché intérieur, moteur du succès

· Confrontée au frein de la croissance des US, à la récession du Japon et de Singapour, la Chine pense maintenir le rythme, grâce à sa demande intérieure qui en 2000, assurait 93% du PNB de 1000MM$, contre 2,2% à l’excédent commercial. Selon un sondage Reuters (9/07), la hausse du PNB, 7,97% au 1er semestre, est dans les temps pour l’objectif annuel (8%). Parmi ses atouts, Pékin mise sur l’immobilier qui, depuis ’99, a généré 1,5 à 2% de la croissance du PNB (+8% en 2000). La course au home sweet home se poursuit: de janv. à mai, les investissements du secteur ont monté de 26,5%, à 18,5 MM$, dont 47,4% au logis privé. Exception : les ventes de bureau (-4,3%). Pour combattre l’écart grandissant entre riches et pauvres, l’Etat place 20,5MM$ cette année dans le programme  anju, d’accès à la propriété pour foyers gagnant moins de 7250$ /an. Le 10. Plan vise l’élargissement de l’espace habitable par foyer, de 13,6m² à 23m² en 2005.

NB : déjà vive, cette croissance recevrait un coup de fouet si le secteur était assaini de ses taxes et lourdeurs administratives. Selon le Ministère de la construction, si chaque année 10% des propriétaires déménageaient, dépensant au passage 12.000$, l’économie en tirerait 120MM$ / an d’investissement de plus.

· En attente du feu vert du Conseil d’Etat, un plan de la SARFT prépare un conglomérat multi média entre CCTV, China National Radio, China Radio Int’l, Beijing Film et leurs portails Internet. Le plan, qui prendra «au moins 3 ans à négocier», veut (re-)constituer un monopole sous tutelle SARFT, comme en fonctionnent encore aux niveaux provincial/local. Trois objectifs sont visés: rapatrier vers Pékin une part des prébendes publicitaires (10MM$ en2000, +25%), mieux contrôler (inspirer "l’enthousiasme patriotique populaire", selon Xu Guangchun, le ministre) et résister, par montée en puissance cybernétique, à l’entrée (OMC oblige) des étrangers. La réalité de terrain est plus nuancée. 3000 réseaux câblés et sociétés de TV prospèrent, le plus souvent sans licence, pour 90M d’usagers (1er réseau mondial), y compris ce service de vidéo sur commande, fureur des chaumières.

NB: un conflit s’étale dans la presse, entre Ministère- en faveur de l’ouverture mutuelle des télécom et du câble TV (contenant, et contenu), et SARFT. Le Min. voit, comme ailleurs au monde l’optimisation des moyens, l’accélération en puissance de l’internet par le câble. La SARFT y est hostile, soit pour maintenir intacte la censure audio-visuelle soit (c’est plus vraisemblable) pour ne pas partager la manne de la publicité!

 


Politique : politique_26_2001

· Le KMT, le parti historique à Taiwan, aujourd’hui d’opposition, a changé (7/07) sa stratégie chinoise : il offre le principe de «une confédération, deux Etats». Cette ligne présentée par Lien Chan, le terne ex 1er Min., aujourd’hui Prsdt du parti, sera le fer de lance du KMT aux législatives de décembre, manière de ne pas laisser au «Nouveau Parti» (de droite) le monopole du dialogue avec Pékin. Il s’agit donc de tendre à Pékin un rameau d’olivier, et de se distancer de l’ancien leader sulfureux, Lee Teng-hui. Le KMT espère rallier les partisans du Président indépendantiste Chen Shui-bian, dans un pays frappé par la pire crise en 19 ans. La promesse implicite de relance des échanges avec la Chine, répondent à ces angoisses. Mais Pékin, impavide face à cette plate-forme à usage interne, a dit « non ». Pour lui, un seule principe demeure valable:  yi guo liang zhi" – un pays, deux systèmes!

· Cette même formule prend des rides à Hong Kong, après le vote d’une loi par l’Assemblée Hong Kongaise (11/7), reconnaissant à Pékin le droit explicite de révoquer le gouverneur de la RAS en cas d’ incompétence». Votée au Legco par 35 voix/ 18, la clause (manifestement « inspirée » par Pékin) précise noir sur blanc ce pouvoir déjà en filigrane dans la Loi Fondamentale (charte des droits de la RAS dans la RPC ). L’article s’intègre dans la loi prévoyant la composition, en mars 2002, du futur collège électoral de 800 délégués, à majorité opté et en minorité élu au suffrage direct. Faut-il le préciser? Le vote de cette loi a suscité la consternation au sein de l’opposition, voire (in petto) de la majorité hong kongaise -clairement, l’autonomie promise s’amenuise – à mesure que se rapproche l’échéance d’élections directes du gouverneur, prévue dans le traité de dévolution signé avec Londres.


A la loupe : Pékin – une dure métamorphose

Pour s’ouvrir au monde en 2008, Pékin olympique veut sa métamorphose, et voit grand. Peu de quartiers seront épargnés par la démolition, suivi d’une reconstruction selon les plans d’architectes internationaux. Le bénéfice escompté est triple:

1. adapter la ville à l’OMC, à ses métiers et rythmes (faire de Pékin un centre asiatique des services, comme Shanghai);

2. poursuivre une politique de prestige, nécessaire à la pérennité du régime, et

3. «faire tourner le commerce» – alimenter croissance nationale et profits privés de gens bien placés.

La capitale a été découpée en espaces nouveaux: quartier «financier», «dot-com», «culturel», «green olympique». Des M de m² d’architecture Ming et de  siheyuan (cours carrées) en place depuis en 1215, laissent place aux tours d’habitation, d’affaires (peut-être un record du monde), aux grandes surface, et aux parcs et au gazon encore inconnu en 2000. Il en émerge une ville verte, neuve, châtiée, pour ceux qui peuvent payer -les autres, émigrant en banlieue.

Car une part du prix retombera sur la ville, par le biais du niveau de vie, et des prix, qui s’envoleront.

Une autre sera supportée par la solidarité nationale (les impôts). Une 3ième, par l’investisseur étranger, qui cofinancera les équipements (sportif, urbain, d’infrastructures), dans le tourisme (60MM$ de recettes en 2008, selon Goldman Sachs) et du  sponsoring.

Dans ce dernier domaine, la bataille sera sévère. Déjà, la candidature de Pékin, pour 35 M$, a été souscrite par 20 firmes telles Fuji, Telstra ou Heineken. Chaque groupe désireux d’avoir son logo olympique, le paiera en dizaines

de millions de US$. Non sans  avoir négocié avec l’Etat des garanties contre ses deux risques – le piratage de son produit, qui sera exacerbé par ce marché très alléchant lors des Jeux Olympiques, et le risque politique, de voir son image chère payée, s’inverser par l’expression de violences à travers le pays .

 


Joint-venture : multi-noces d’acier

· De janvier à mai, les imports d’acier ont fusé, à 7,03Mt (+16,9%), l’égal de la production annuelle du n°1 Baosteel,et les exports ont chuté (-19%,) à 1,97Mt, approfondissant le déficit à 42%.. Cette mauvaise tenue incite le secteur à accélérer ses synergies intérieures (Wuhan Steel / Shougang cf VDLC no20/VI). Et vu les baisses de commandes, des prix, et les rapprochements mondiaux tel celui en Europe (fév.’01) entre Usinor, Arbed, et Aceralia (Espagne), les aciéries locales cultivent aussi des alliances hors frontières. Le 11/7, Nippon Steel a admis des pourparlers avec Baosteel pour une JV de tôles revêtues, d’un investissement de 160 à 240M$, à ouvrir à Shanghai en 2004. Baosteel améliorerait ses ventes aux constructeurs automobiles en Chine, et son % age de qualité et valeur ajoutée. Nippon Steel, qui possède des parts dans Usinor et Pohang Steel (Corée du Sud), renforcerait son emprise chinoise. Mais au fait: Nippon Steel avait dit ne vouloir de lien avec Baosteel, qu’une fois réussie son entrée en bourse étrangère – pourquoi a-t-il changé d’avis ?

· La décision de la CAAC (27/4) de fusionner 10 Cies aériennes régionales en 3 pôles, Air China, China Eastern et China Southern, a suscité une onde de choc: dès le 1/5 (cf VDLC no17/VI), six transporteurs s’alliaient en China Sky Aviation. A présent, ils tentent d’obtenir l’autorisation de casser les prix sur vols intérieurs.

Hainan Air,dont George Soros (US) est actionnaire (15%), a contre-attaqué en prenant le contrôle de Shanxi Air, par une holding de 38,6M$, dont 89% des parts pour elle, et 4,7% à Chang’an Air (du groupe Hainan Air depuis août ’00). En acquérant les 40 lignes et les 3 «Yun-7» de Shanxi Air, Hainan Air qui tient depuis mars, 60% de Xinhua Air (Pékin), contrôle les 4 «hub» régionaux de Haikou, Xi’an, Taiyuan et Pékin, qu’il dessert avec 49 appareils: c’est dans la ligne de son objectif, de passer avant déc.’02, n°1 chinois des lignes «feeder». Alors que les 3 grands ne pensent qu’à leur fusion et à la bataille des lignes principales, Hainan n’a qu’un rival sur ce créneau: Shanghai Air.

La bourse elle, applaudit la démarche : le capital de Hainan Air est passé de 1,2M$ en 1989 à 1,1MM$, et ses parts B ont doublé cette année.

· Chine et UE accélèrent leur collaboration en recherche spatiale. L’ASE et la CNSA, son homologue, échangeaient depuis 20 ans, leurs infos scientifiques. Le 9/07, elles ont convenu du lancement de 2 satellites chinois, (dec. 2002, mars 2003) pour explorer la magnétosphère terrestre, et recouper les résultats de 4 satellites européens Cluster du même type. Le projet Double Star étudie l’impact des particules solaires sur cette zone la plus exposée de notre atmosphère, engendrant coupures de courant, dommages aux satellites ou rupture des communications.

 


Temps fort : Jour J moins 1 – la veillée d’armes

Jeudi 12, Pékin entier attend, nerveux et plein d’espoir. Parmi les jeunes comme les adultes, les juristes comme les commerciaux ou les ouvriers, les doutes peuvent foisonner sur tel leader, sur la corruption ou la pollution- mais sur le principe des Olympiades pékinoises, le VdlC n’a pas entendu une voix hostile – le petit peuple semble vibrer d’un enthousiasme sincère !

Ce garagiste et ses mécaniciens pensent que «les olympiades, c’est nécessaire : Pékin le mérite, ville pleine de potentiel et de culture». Cette a-yi (femme de maison), tout en sachant qu’un vote favorable entraînera la destruction de son quartier, est aussi en faveur: «nous les réclamons, ces JO – et tant pis pour les ennuis à attendre -demain est un autre jour»!

A Shichahai, le lycée des sports, c’est la veillée d’armes. En salle de wushu trône le slogan antique et cocardier : «nourrir les chevaux, entraîner les soldats, et la victoire est nôtre !».

Pour justifier ses droits aux Jeux Olympiques, pour la presse, tous les arguments sont bons : tel journal rappelle que la Chine pratique les sports depuis les Xia, 21 siècles avant JC – ils servaient à l’éducation, la défense et la détente. Notoirement favorable à Pékin, Antonio Samaranch est décrit comme « la plus notable figure du sport » et « le héros qui conduisit le CIO vers son âge d’or »- rien de moins.

Yuan Weimin, Président de la candidature de Pékin, découvre un argument érudit: dès 1908, un quotidien de Tianjin se demandait quand la Chine hébergerait les JO. La réponse tombe 100 ans après – preuve de la puissance irrésistible de la roue du destin!

La rue chinoise elle, remarque subtilement que le jour du verdict, est un vendredi treize : jour de malchance, mais seulement pour ceux qui y croient, l’Occident chrétien. Donc, pas pour la Chine qui a contrario, est assurée du succès. Et si ce n’est pas vrai, n’est-ce pas, quand même, à la chinoise, un bon moyen de se prémunir ?


Petit Peuple : ‘nous entrerons dans la carrière…’

· Entre samedi 7 et lundi 9 juillet, dans des milliers de centres d’examen à travers la Chine, 4M d’ados ont connu la cime de mois d’angoisse: c’était l’ heure de vérité du Gaokao, version moderne du concours mandarinal déjà pratiqué avant J.C.

En cet été torride, la tension fut comble. Pharmaciens et marchands d’air frais écoulèrent leurs stocks respectifs -élixirs et climatiseurs. Dès la veille, les taxis étaient réservés, et bien des parents n’avaient pas hésité à payer l’hôtel au rejeton, histoire de lui assurer le calme au frais. On put voir des mamans, faisant foin de l’athéisme officiel, prier au temple bouddhiste, ou à l’église chrétienne, ou aux deux -deux précautions valent mieux qu’une… Depuis lundi soir, c’est l’anti climax: Il reste au jeune à ronger son frein, des semaines interminables, avec à l’arrivée, pour les vainqueurs, un banquet, des vacances et le sentiment que la vie peut commencer. Aux perdants et à leurs familles ayant perdu la face, demeurera l’image du train de la chance qui s’ébranle, au sifflet cruel -mais quand même, le « loisir » de recommencer l’an prochain!