Le Vent de la Chine Numéro 22

du 10 au 23 juin 2001

Editorial : editorial_22_2001

Un 1er âge d’or du vin en Chine advint en 1997 : sous l’engouement d’un «exotisme français», 3,3M hl étaient importés (50% de la consommation), dont le peuple découvrait les vertus médicinales… En 2000, ces temps sont passés: seuls 3,7% des citadins achètent du vin étranger. Avec un nectar moins bon mais bien moins cher, les EE font la loi : Changyu (30%), Tinghua (28%), Great Wall (27%) et Dynasty (15%).

L’étranger change de stratégie. ¶ JV depuis 1988, Dragon Seal (Pernod Ricard), expérience unique de qualité, de marque et marketing, semble prêt à fermer, quoique bénéficiaire (+22% de profits en 2000). Le PDG du groupe déclare : «la Chine n’est plus une priorité».

· Castel, n°1 français du négoce, prépare des accords de fourniture de vin rouge, sous marque du distributeur (Hualian notamment), dans plus de 80 supermarchés et des 10aines d’alliances de catering. L’avantage est de pénétrer le marché, malgré ce climat moins faste, et de contourner les taxes de 114%/ bouteille, en attendant l’OMC (elles descendront à 40%, en 2006). Travaillant sans marque ni image, le risque de cette stratégie est la vulnérabilité, à l’issue du contrat. Ainsi en privilégiant volumes (5M hl en 2000) sur qualité et en chassant ses partenaires experts (car Dragon Seal n’est pas le seul), la Chine suivrait-elle une évolution inverse de celle constatée ailleurs au monde?

Trompe-l’oeil, pense ce professionnel. Le marché chinois serait simplement en train de mûrir.

Avant 1995 le vin, destiné aux seuls étrangers, ne se trouvait qu’en hôtels et Magasins de l’Amitié.

1995 fut l’année de l’explosion, abreuvée par import massif de piquette (1$/bouteille) depuis Canton.

1996-98 fut bien l’apogée, mais à un niveau de qualité bas risquant d’induire un report vers la bière: chaptalisation, colorants, coupage.

2001 est l’ère de la grande distribution, 55% des ventes, pour un marché de 30 à 50M de clients aisés, qui se forment le palais.

Le problème de Dragon Seal serait moins de marché, que de partenaire -ce phénomène de désaffection envers la JV, et la trop faible maîtrise de tout le cycle productif, n’est nullement limité à l’agroalimentaire. Un bras de fer se prépare, entre locaux (ayant entre-temps amélioré leurs techniques) et étranger importé. Enfin, le vin n’est plus un produit de mode, mais il est entré dans les moeurs – en moins de 10 ans !

 


Editorial : Le vin chinois nouveau est arrivé!

Un 1er âge d’or du vin en Chine advint en 1997 : sous l’engouement d’un «exotisme français», 3,3M hl étaient importés (50% de la consommation), dont le peuple découvrait les vertus médicinales… En 2000, ces temps sont passés: seuls 3,7% des citadins achètent du vin étranger. Avec un nectar moins bon mais bien moins cher, les EE font la loi : Changyu (30%), Tinghua (28%), Great Wall (27%) et Dynasty (15%).

L’étranger change de stratégie. ¶ JV depuis 1988, Dragon Seal (Pernod Ricard), expérience unique de qualité, de marque et marketing, semble prêt à fermer, quoique bénéficiaire (+22% de profits en 2000). Le PDG du groupe déclare : «la Chine n’est plus une priorité».

Castel, n°1 français du négoce, prépare des accords de fourniture de vin rouge, sous marque du distributeur (Hualian notamment), dans plus de 80 supermarchés et des 10aines d’alliances de catering.

L’avantage est de pénétrer le marché, malgré ce climat moins faste, et de contourner les taxes de 114%/ bouteille, en attendant l’OMC (elles descendront à 40%, en 2006). Travaillant sans marque ni image, le risque de cette stratégie est la vulnérabilité, à l’issue du contrat.

Ainsi en privilégiant volumes (5M hl en 2000) sur qualité et en chassant ses partenaires experts (car Dragon Seal n’est pas le seul), la Chine suivrait-elle une évolution inverse de celle constatée ailleurs au monde?

Trompe-l’oeil, pense ce professionnel. Le marché chinois serait simplement en train de mûrir.

Avant 1995 le vin, destiné aux seuls étrangers, ne se trouvait qu’en hôtels et Magasins de l’Amitié.

1995 fut l’année de l’explosion, abreuvée par import massif de piquette (1$/bouteille) depuis Canton.

1996-98 fut bien l’apogée, mais à un niveau de qualité bas risquant d’induire un report vers la bière: chaptalisation, colorants, coupage.

2001 est l’ère de la grande distribution, 55% des ventes, pour un marché de 30 à 50M de clients aisés, qui se forment le palais.

Le problème de Dragon Seal serait moins de marché, que de partenaire -ce phénomène de désaffection envers la JV, et la trop faible maîtrise de tout le cycle productif, n’est nullement limité à l’agroalimentaire. Un bras de fer se prépare, entre locaux (ayant entre-temps amélioré leurs techniques) et étranger importé. Enfin, le vin n’est plus un produit de mode, mais il est entré dans les moeurs – en moins de 10 ans !

 


A la loupe : Une enfance à risque

4 mois après l’explosion de l’école de Fanglin (Jiangxi), l’incendie d’une maternelle à Nanchang (5/06) a de nouveau endeuillé la province, avec 14 décès de tous-petits. Cette fois, il s’agissait d’une école chère (1700Y/mois) et cotée – mais pas en règle. Quand la spirale anti-moustiques a mis le feu à un drap, les portes étaient bloquées et les surveillants -arrêtés -jouaient au mah-jong.

Trois jours après la Journée Internationale de l’enfance, ce drame souligne la place ambiguë des 400M d’en-fants -dont 15% uniques- dans la société chinoise.

A la campagne, l’enfant souffre toujours d’un taux de mortalité encore élevé (38/1000 contre 14 en ville et 5 au Japon). En dépit d’une application plus lâche du planning familial, il reste précieux dans ses deux rôles traditionnels de perpétuation de la lignée et de soutien des vieux jours. Aussi le trafic des bébés demeure florissant -13000 kidnappés libérés par la police, de février à juillet 2000.

En ville, les xiaolong  (petits dragons) sont gâtés: jusqu’à 12 ans, entre Shanghai, Pékin, Chengdu, Canton et Xian, parents et grand parents dépensent pour eux 108$/mois/enfant et 483M$ /mois au total, dont 58% en alimentation (ou sucreries!) et 21% en frais d’école.

Résultat : 14% des petits pékinois sont obèses. D’ autre part, confrontés à un curriculum épuisant, à des heures quotidiennes de devoirs,à une pédagogie autoritaire, à des cours particuliers et à la solitude du pensionnat, 30% d’enfants vivent sous stress permanent, souffrent de troubles psychologiques -autant que leurs enseignants, ce qui n’améliore en rien leur environnement!


Pol : Dernière minute – Chine-US, accord OMC

· Les négociations entre Chine et OMC achoppaient depuis janvier avec les USA sur le volet agricole: Pékin exigeait un taux de subvention «PVD» de 10% de sa production agricole. Après un meeting «APEC» à Shanghai, le min. Shi Guangsheng et le Secrétaire d’Etat R. Zoellick ont annoncé un «consensus total», sur ces aides, et d’autres dossiers en suspens – import-export, distribution, assurances. Cette avancée va de pair avec la visite à Pékin, cette semaine, de Vicente Fox, Président du Mexique, dernier des 141 pays à n’avoir pas signé, venu pour rassurer sur sa volonté d’aboutir. Encore non publié, cet accord bilatéral rouvre la porte à l’entrée chinoise à l’ OMC pour novembre prochain (nouvelle ronde mondiale au Qatar, où la Chine veut être à part entière). Il dissipe aussi tout doute sur la volonté politique de Pékin, d’adhérer au plus vite.

· Gelés depuis 13 mois, les préparatifs du futur Grand Théâtre, derrière le Grand Palais du Peuple à Pékin, ont repris. Approuvé dès juillet 1999 par Jiang, le projet à l’audacieux design de l’architecte français Paul Andreu -bulle de titane et de verre au coeur d’un lac artificiel- avait été suspendu à quelques heures de la pose de la 1ère pierre (1/04/2000), suite à une levée de boucliers d’architectes locaux lui reprochant son coût (1,2MMFF) et son style choquant, face à la Cité Interdite. En attendant l’annonce officielle, le 12 juin (?), la presse fait silence – au fond de la fosse, hommes et machines travaillent.

· Tan Xiaolin, parrain de la drogue, a été arrêté en Birmanie puis extradé en Chine. Son organisation produisait en Birmanie, y importait substances de raffinage et assistance technique. Au cours de la même opération, le 20 avril, 39 comparses ont été mis sous les verrous, et 3 tonnes d’héroïne interceptées – c’est la plus grosse prise de l’histoire du régime. Depuis l’ouverture de la frontière entre les deux pays en 1979, Ruili, ville frontière (Yunnan), en dépit d’un fort dispositif policier, voit passer un trafic mondial, et la Chine ne peut empêcher une hausse constante de sa consommation (860.000 toxicomanes officiels en 2000, et dix à vingt fois plus réels). Le Premier ministre Zhu Rongji, en visite à Bangkok (20/5) a demandé l’organisation d’un sommet antidrogue entre Chine et pays du Triangle d’Or -Thaïlande, Laos, Birmanie. Enfin, vu la loi et la pratique judiciaire chinoise face au trafic de drogue, le sort de Tan et de la plupart de ses comparses ne fait aucun doute – la mort !


Argent : e (double) bonheur est sur l’eau

·Après villa, résidence secondaire et benchi (Mercedes), comme signe extérieur de richesse, à quoi peut bien rêver le millier de milliardaires (en yuan) chinois? D’un yacht, a deviné Double Happiness, groupe d’équipements sportifs qui vient de s’étendre sur ce créneau. En attendant le client local, DH vient de livrer sa 1ère commande à un industriel suisse, et reçu six commandes fermes d’un courtier italien. Aujourd’hui astreint aux petites tailles, le groupe shanghaïen compte passer sous cinq ans aux navires de 20 à 33m. La Chine est 3è constructeur mondial (4MTJB /an) de navires, avec 10% du marché. Shanghai compte sur son réseau fluvial, lacustre et côtier, son savoir-faire et sa main d’oeuvre à bas prix pour se faire une place, sur ce marché mondial de 25MM$, en hausse de 6-7%/an. Il y a du pain sur la planche (à voile): à ce jour, aucun yacht ne joue de la trompe, sur les eaux de la Huangpu!

· Quoique votée par l’ANP dès octobre 1999 et devant entrer en application en septembre 2001, la taxe sur les carburants reste au placard, au moins jusqu’à 2002, vient de révéler Zhu. Un cours mondial haut (29$/baril) est la cause officiel du report, aggravé par les incertitudes : l’Irak (3% du marché) menace de stopper ses livraisons, risquant une nouvelle flambée des prix. Déjà, les prix à la pompe ont augmenté de 3,13 à 3,24Y/l le 5/06. TVA, taxe à la consommation et taxe au carburant grèveraient, ensemble de 50% le prix de l’essence- «trop gros fardeau»pour l’usager. Mais ce report pour raison «politique» (en mars, une manif de taxis avait paralysé Lanzhou) prive le pays du bénéfice recherché – l’abrogation des multiples taxes locales sous prétexte d’entretien des routes. C’est aussi un coup à la réforme de la taxation, d’autant plus dommageable que les domaines d’impôt à vocation nationale, ne sont pas illimités. Un chercheur au Conseil d’Etat (anonymement évoqué par China Daily) soupçonne que la vraie raison du gel de la taxe serait moins le risque de hausse des cours, qu’une coalition de provinces contre le niveau central.

 


Politique : politique_22_2001

· Les négociations entre Chine et OMC achoppaient depuis janvier avec les USA sur le volet agricole: Pékin exigeait un taux de subvention «PVD» de 10% de sa production agricole. Après un meeting «APEC» à Shanghai, le min. Shi Guangsheng et le Secrétaire d’Etat R. Zoellick ont annoncé un «consensus total», sur ces aides, et d’autres dossiers en suspens – import-export, distribution, assurances. Cette avancée va de pair avec la visite à Pékin, cette semaine, de Vicente Fox, Président du Mexique, dernier des 141 pays à n’avoir pas signé, venu pour rassurer sur sa volonté d’aboutir. Encore non publié, cet accord bilatéral rouvre la porte à l’entrée chinoise à l’ OMC pour novembre prochain (nouvelle ronde mondiale au Qatar, où la Chine veut être à part entière). Il dissipe aussi tout doute sur la volonté politique de Pékin, d’adhérer au plus vite.

· Gelés depuis 13 mois, les préparatifs du futur Grand Théâtre, derrière le Grand Palais du Peuple à Pékin, ont repris. Approuvé dès juillet 1999 par Jiang, le projet à l’audacieux design de l’architecte français Paul Andreu -bulle de titane et de verre au coeur d’un lac artificiel- avait été suspendu à quelques heures de la pose de la 1ère pierre (1/04/2000), suite à une levée de boucliers d’architectes locaux lui reprochant son coût (1,2MMFF) et son style choquant, face à la Cité Interdite. En attendant l’annonce officielle, le 12 juin (?), la presse fait silence – au fond de la fosse, hommes et machines travaillent.

· Tan Xiaolin, parrain de la drogue, a été arrêté en Birmanie puis extradé en Chine. Son organisation produisait en Birmanie, y importait substances de raffinage et assistance technique. Au cours de la même opération, le 20 avril, 39 comparses ont été mis sous les verrous, et 3 tonnes d’héroïne interceptées – c’est la plus grosse prise de l’histoire du régime. Depuis l’ouverture de la frontière entre les deux pays en 1979, Ruili, ville frontière (Yunnan), en dépit d’un fort dispositif policier, voit passer un trafic mondial, et la Chine ne peut empêcher une hausse constante de sa consommation (860.000 toxicomanes officiels en 2000, et dix à vingt fois plus réels). Le Premier ministre Zhu Rongji, en visite à Bangkok (20/5) a demandé l’organisation d’un sommet antidrogue entre Chine et pays du Triangle d’Or -Thaïlande, Laos, Birmanie. Enfin, vu la loi et la pratique judiciaire chinoise face au trafic de drogue, le sort de Tan et de la plupart de ses comparses ne fait aucun doute – la mort !


A la loupe : Réformes : Zhong Nan Hai révise ses plans

Les liens entre réforme et conjoncture (modernisation des structures, et santé économique du pays) sont évidents : à Pékin comme ailleurs, on mène ses réformes selon ses moyens: devant  son ex- voire future université Tsinghua, mardi 5 juin, Zhu Rongji a annoncé un frein à 3 réformes importantes, pour cause de frein de 2 à 3% à l’économie mondiale (et de 1% à la chinoise, avec une prévision de croissance de 7 et non plus 8%).

La traque des taxes illégales en milieu rural, selon le modèle testé en Anhui, est reportée à plus tard, faute de crédits, surtout à l’enseignement (en dépit d’une enveloppe de 2,4 MM$ en 2001 à cet effet) . Testée au Liaoning, la reprise par l’Etat des charges des EE, ne sera étendue qu’à une ville par autre province. La taxe au carburant (voir p2), est remise à des jours meilleurs.

Ce revirement est dû au vieux souci – stabilité avant tout. Fin mai, un rapport officiel de 308p., conclusion de 18 mois d’enquête dans 11 provinces, traduisait l’inquiétude publique, en admettant que fraudes, taxes illégales et écart grandissant de revenus entre riches et pauvres, entretiennent une tension et des manifestations plus nombreuses que celles révélées publiquement.

"Gare à l’OMC", prévient le rapport,"le ressentiment s’accroîtra probablement». Urgentes mais vagues, les solutions préconisées incluent réduction de l’écart des salaires, renforcement de la SS et avènement d’une démocratie socialiste. Ce rapport renforce son promoteur, le chef du Département de l’Organisation, Zeng Qinghong, un des dauphins de Jiang, et coïncide avec la hausse de sa cote médiatique.

Zeng avait vu sa montée au Politbureau rejetée en octobre par le Comité Central: il pourrait s’agir d’un nouvel

essai pour renforcer son image, avant promotion au sein du nouveau leadership «de la 4e génération», en 2002 (16.Congrès)- la succession de Jiang!

 


Joint-venture : Chine/la Banque Mondiale passe le relais

· Loin de s’arrêter à la TV et à l’électroménager, la guerre sino-chinoise des prix se mue en guerre sino-étrangère pour la maîtrise du marché intérieur, ultime tactique pour pallier la supériorité technologique extérieure. Afin d’éroder la mainmise de Nokia, Ericsson, Motorola et Siemens, les constructeurs chinois de téléphone portable, 10% des ventes nationales, ont rogné leurs profits pour attirer la clientèle, au risque de provoquer l’effet contraire: bas prix et niveau technique faible provoquent le rejet des yuppies chinois, avides de reconnaissance sociale -on appelle cela,  xiyangsaopei (se gratter le dos pour une démangeaison au genou -prendre des mesures inappropriées).

NB: 17 constructeurs nationaux dont Kejian, Datang et Panda, tentent une alliance (1/06) en forme de holding, combinant achats, marketing, pub et R&D.

Sur le marché des presses à imprimerie, qu’elle inventa, l’industrie locale en est réduite à écraser les prix pour protéger son marché. Monopolisé (80% du marché) par le leader mondial Heidelberg, le créneau haut de gamme leur est fermé pour cause d’écart technologique trop fort. Jusqu’ à hier,les producteurs chinois pouvaient survivre sur le marché de l’offset, intermédiaire (dont 60% à Beiren). Mais Heidelberg se tourne vers ce marché avec des atouts imbattables (impression couleur, rapidité) et fait souffler un vent de panique parmi les 1800 usines spécialisées, et fait chuter les prix. Le secteur sait qu’il ne dispose plus que d’un bref répit, sous tarif douanier élevé (40%), pour se restructurer.

· En application d’une décision de décembre 1999, de supprimer la Chine de sa liste des pays « en voie de développement », la Banque Mondiale lui accordera moins de 900M$ pour l’année fiscale 2001, qui s’achève ce mois-ci. Elle en avait signé le double (1,7MM$) en 2000. La Chine était alors 2e emprunteur de l’institution financière.

Cette réduction peut être l’avatar d’un incident politique: entre 1999 et 2000, un projet «BM» de 60M$ pour reloger 60000 fermiers Han sur des terres tibétaines du Qinghai avait été rejeté par la RFA et les US, deux de ses grands bailleurs de fonds, forçant Pékin à retirer sa demande (août 2000) pour éviter de la voir refusée. La raréfaction des crédits de la BM reflète aussi le poids croissant de la Chine.

Pékin peut lever des fonds à l’étranger, comme en avril où les marchés ont couvert rapidement son émission de 1MM$ de bons (en US$ sur 10 ans à 6,799%). De même, la Chine attire de plus en plus d’investissements, à mesure que s’approche l’entrée à l’OMC: au 1er trimestre les investissements étrangers directs (IED) ont grimpé à 8MM$ (+12%) tandis que les IEC montaient de 44% à 16MM$. Une obtention par Pékin des JO de 2008, ne ferait qu’augmenter la tendance.

 


Temps fort : JV AOL/LEGEND: consolidations en vue

Legend, n°1 du PC, doit signer lundi un contrat de 200M$ avec AOL. La JV fournira des services online, équipera les PC Legend de logiciels AOL, avec accès direct à fm365.com, site de Legend. Elle est compatible avec la loi: les deux bords ont la parité en financement, en nombre de sièges au Conseil d’administration, mais Legend tient 52% du capital enregistré.

Cette JV a une grande portée d’avenir, en brisant un tabou sur les JV de divertissement et d’info sur le net. L’enjeu réside dans les 200M de surfeurs prédits d’ici 5 ans – déjà 22,5M à ce jour- le plus grand marché du monde.

Cette naissance a des répercussions pour les portails chinois, luttant pour leur vie après le crash de 2000. L’émergence d’un rival puissant en software, en hardware et en financement, contraint les autres à une restructuration, qu’ils reportaient pour cause d’ego et de mauvaise conjoncture. Sina, Sohu et Netease, les 3 sites cotés au Nasdaq, voient leurs parts au plus bas (-90% pour Sohu depuis juillet.). Par l’entremise de Goldman Sachs, Netease cherche un parti. Des indices parlent de mariage pour Sina, tels le départ du PDG-fondateur Wang Zhidong (4/06) et le renvoi de 15% des salariés en juin. Le marié serait son rival hongkongais Chinadotcom, riche d’un trésor de guerre de 433M$, ce qui ne lui évitera pas, en 2001, de mettre à pied 900 sur 2500 employés. Sohu pourrait convoler avec Jade Bird, firme de software pékinois qui en possède déjà 19% depuis mai.

La nouvelle JV est forte de l’image et du poids de ses fondateurs, capable de se financer ailleurs que dans la pub sur le net (80M$, cette année). C’est la récupération, annoncée depuis des années, du réseau des dotcom, mortes de n’avoir voulu créer un marché payant, par les groupes traditionnels. Encore y a-t-il loin de la coupe aux lèvres: Legend-AOL devra encore trouver le moyen de convaincre l’usager chinois de s’abonner pour des services auxquels il accède, aujourd’hui, gratuitement !

 


Petit Peuple : une promenade ambigüe

· Cet après-midi gluant de chaleur de juin, dans un excellent quartier pékinois, un rassemblement insolite sortit un instant les chalands de leur torpeur : un groupe de jeunes progressait devant l’esplanade du Stade des Travailleurs. Une fille ouvrait la marche, brandissant un drapeau écarlate, suivie d’une trentaine d’autres, silencieux, souriant gauches. De quoi pouvait il s’agir ? Les tenues étaient trop uniformes, simples et nettes -casquettes de base-ball grenat, chemises ou chemisiers blancs, pantalons ou jupes droites bleues. La marche progressait en file indienne, deux par deux. En fait, dans son déplacement, ce groupe de jeunes portait un double sens ambigu et bon enfant. A trois jours près, il marquait la commémoration d’autres marches à travers la ville, qui entrèrent dans l’histoire douze ans plus tôt. Mais en même temps, l’étendard national affichait le but de la sortie : "Restaurant de canard laqué – "Comme chez Soi !» : sans en avoir l’air, les annonceurs, pour leurs happenings publicitaires, vont toujours plus loin!