Le Vent de la Chine Numéro 20
Le 50e anniversaire (23/5) du retour pacifique du Tibet à la RP Chine a été fêté à Lhassa, au Palais du Potala devant 5000 cadres. Est-ce un hasard? Ce même jour, G.W. Bush, à Washington, assurait le Dalai Lama de son soutien. Geste qui n’améliorera pas les rapports de Pékin avec le prélat bouddhiste, ni avec les US!
Pour la Chine, cette date est l’occasion de réaffirmer l’appartenance indiscutable du Tibet à la Chine, mais aussi le moment d’une réflexion sur l’avenir du Toit du Monde. Pour améliorer le sort du territoire le moins peuplé, le plus en altitude et le plus démuni du pays, Pékin change de stratégie de lutte contre la pauvreté. Finis, les parachutages annuels de crédits aux 592 préfectures déshéritées. Désormais, les fonds iront aux régions, qui devront soumettre des projets dans le cadre de réformes structurelles. Au Tibet, la nouvelle priorité ira à un marché de distribution du grain et du bétail, permettant au paysan d’espérer un meilleur profit. Inspirée de l’expérience des ONG et de l’étranger, cette approche suppose aussi une «démarche volontariste» des familles bénéficiaires.
Sous l’angle énergétique, ni charbon ni pétrole au Tibet, mais des fleuves et du soleil à volonté: d’ici 2005, la capacité hydroélectrique montera d’un tiers, à 500.000Mw, moyennant 220M$, et 2000 foyers auront leur générateur solaire (à 180$/pièce). Yardong, frontière indienne fermée depuis 1962 pour cause de guerre, va rouvrir, promettant des échanges en hausse de +15%/an (110M$ en 2000), et une route amputée de 9000 km entre Inde et Qinghai/Gansu – l’enjeu n’est pas que tibétain!
En transports, annoncé pour le 2d semestre, le chemin de fer Golmud-Lhassa prend du retard: question de tracé non arrêté, et de technique – comment éviter l’enfoncement des rails dans le permafrost.
Enfin, le Tibet poursuit un développement touristique ambitieux, ayant reçu en 5ans 2M de vacanciers dont 136.000 étrangers en 2000 (+37%). Justement, cette semaine a débuté, depuis Qinghe (Tibet), une expédition sur l’Everest, de 6500 à 8000m, de 44 sherpas de plusieurs pays d’ Asie, afin de récupérer une partie des 100t de détritus laissés par près d’ un siècle d’expéditions, ainsi que des dépouilles de 200 malchanceux alpinistes. Dans ce projet financé par Pékin, la référence au 50. Anniversaire est évidente. Celle à la candidature aux JO 2008 l’est plus encore, en raison de la signature écologique que Pékin entend lui donner!
Le 50e anniversaire (23/5) du retour pacifique du Tibet à la RP Chine a été fêté à Lhassa, au Palais du Potala devant 5000 cadres. Est-ce un hasard? Ce même jour, G.W. Bush, à Washington, assurait le Dalai Lama de son soutien. Geste qui n’améliorera pas les rapports de Pékin avec le prélat bouddhiste, ni avec les US!
Pour la Chine, cette date est l’occasion de réaffirmer l’appartenance indiscutable du Tibet à la Chine, mais aussi le moment d’une réflexion sur l’avenir du Toit du Monde. Pour améliorer le sort du territoire le moins peuplé, le plus en altitude et le plus démuni du pays, Pékin change de stratégie de lutte contre la pauvreté. Finis, les parachutages annuels de crédits aux 592 préfectures déshéritées. Désormais, les fonds iront aux régions, qui devront soumettre des projets dans le cadre de réformes structurelles. Au Tibet, la nouvelle priorité ira à un marché de distribution du grain et du bétail, permettant au paysan d’espérer un meilleur profit. Inspirée de l’expérience des ONG et de l’étranger, cette approche suppose aussi une «démarche volontariste» des familles bénéficiaires.
Sous l’angle énergétique, ni charbon ni pétrole au Tibet, mais des fleuves et du soleil à volonté: d’ici 2005, la capacité hydroélectrique montera d’un tiers, à 500.000Mw, moyennant 220M$, et 2000 foyers auront leur générateur solaire (à 180$/pièce). Yardong, frontière indienne fermée depuis 1962 pour cause de guerre, va rouvrir, promettant des échanges en hausse de +15%/an (110M$ en 2000), et une route amputée de 9000 km entre Inde et Qinghai/Gansu – l’enjeu n’est pas que tibétain!
En transports, annoncé pour le 2d semestre, le chemin de fer Golmud-Lhassa prend du retard: question de tracé non arrêté, et de technique – comment éviter l’enfoncement des rails dans le permafrost.
Enfin, le Tibet poursuit un développement touristique ambitieux, ayant reçu en 5ans 2M de vacanciers dont 136.000 étrangers en 2000 (+37%). Justement, cette semaine a débuté, depuis Qinghe (Tibet), une expédition sur l’Everest, de 6500 à 8000m, de 44 sherpas de plusieurs pays d’ Asie, afin de récupérer une partie des 100t de détritus laissés par près d’ un siècle d’expéditions, ainsi que des dépouilles de 200 malchanceux alpinistes. Dans ce projet financé par Pékin, la référence au 50. Anniversaire est évidente. Celle à la candidature aux JO 2008 l’est plus encore, en raison de la signature écologique que Pékin entend lui donner!
Un mois avant le 80e anniversaire du Parti communiste chinois, le PCC, le 1er juillet, l’Etat resserre le contrôle de l’information. En avril une campagne a débuté dans les 10000 cybercafés chinois, pour inciter 22,5M d’internautes à «surfer sainement». La SARFT vient d’imposer la prise de contrôle des 3000 réseaux TV câblés (accusées de s’écarter de la ligne du PCC) par les chaînes publiques (nationales, provinciales ou municipales) avant fin juin. Les chaînes doivent d’ici là suspendre les séries importées, remplacées par des feuilletons autour des «3 Grandeurs» – Parti, socialisme et ouverture.
En presse écrite, symptomatiquement, c’est de Shenzhen, ville la plus libre du pays, que vient l’incident: l’«Urbain méridional», apprécié pour son franc-parler (car écrit à Canton – hors contrôle des potentats de Shenzhen) a subi une censure inédite: la taxe de vente de titres non locaux de 600Y/mois, payable par les détaillants. L’UM a contourné le ban en envoyant 300 jeunes vendre à la sauvette. Incident salue la disparition de la censure traditionnelle et les 1ères années de liberté de presse. Aujourd’hui non subventionnée, c’est au public que la presse doit plaire.
Enfin, la campagne nationale contre la presse, a un autre objectif plus profond : celui de conjurer le front anti-réformes, réveillé par la collision aérienne sino-US du 1er avril. Au programme depuis février, des mesures modestes sont dans l’impasse, (telle l’entrée des patrons privés au PCC, ce qui le renforcerait, mais dont la gauche ne veut pas, par peur de perdre son identité) :la campagne du jour,vise à rassurer la vieille garde, par un tour de vis provisoire sur la presse.
· Après avoir régenté la vie des chinois pendant plus de 50 ans, le système du hukou, permis de résidence liant à vie tout sujet à son village, est en sursis. Depuis longtemps, il ne sert plus à prévenir l’exode rural. Aujourd’hui, il empêche la fixation de ceux qui l’ont transgressé, entrave la scolarisation de leurs enfants, et le contrôle de la population flottante (100M), tout en faisant obstacle au libre emploi des jeunes diplômés à travers le pays. A titre de test, le hukou a disparu dans quelques villages, suite à quoi, le Min. de la Sécurité Publique vient de proposer l’abolition de la carte mal-aimée, qui devrait avoir encore, selon Bai Hejin, économiste à la SDPC, «quelques années» devant elle – les vieilles habitudes ne meurent pas vite !
· Les US viennent d’accueillir Chen Shuibian, Président. de Taiwan (21-22/5), qui a rencontré à New York des membres du Congrès et le maire. Le Dalaï Lama, lui, vit G.W. Bush en personne (23/5), le jour du 50e anniversaire de la «libération pacifique» du Tibet. Mais le lendemain, les douanes US rendirent à la Chine un bas relief du Xe siècle, dérobé dans une tombe du Hubei en ’94, mis en vente chez Christie’s. En face, Pékin annonçait unilatéralement (25/5)que l’avion EP-3 de la marine US, posé endommagé à Hainan, était autorisé à repartir, mais démonté, contrairement au souhait des USA qui veulent le réparer sur place. Autant de gestes décousus, exprimant une relation complexe entre deux pays géants, pétris d’antagonisme et d’admiration l’un pour l’autre – rien n’est simple.
· En 1999, pas moins de 15.000 enfants chinois furent tués ou blessés dans leur école, pour cause de bagarre, d’intoxication, d’équipement déficient, ou de suicide. Dans tous les cas, en droit chinois, l’établissement est financièrement responsable. Pour des lycées en déficit chronique, le fardeau est toujours lourd (434.000$ en ’99 à Shanghai), au détriment de la qualité de l’enseignement : les cours «à risques» (sport, chimie) sont suspendus. Le 19-20/5 à Shanghai, parents, administrateurs et enseignants de 30 écoles ont conféré avec des législateurs pour modifier la règle. Dès la rentrée 2001-2002, les écoles ne verseront plus de dommages que pour les accidents leur incombant – bâtiments vétustes, intoxications alimentaires, châtiments corporels. Pour les autres, les parents devront souscrire une assurance responsabilité civile, notion qui fait son entrée en Chine. Cette même assurance aura prochainement un autre client : les ouvriers, dont les usines se défausseront d’une part de leurs responsabilités (en croissance exponentielle) dans les accidents du travail (870.000 cas en 2000 et 117.000 morts). L’Etat s’apprête à ouvrir aux assureurs étrangers ce secteur d’avenir.
· Berceau d’une médecine traditionnelle, la Chine est dominée sur son marché par l’étranger. Au 1er trim. 1999, les exports de médicaments traditionnels ont chuté de 30% alors que les imports ont triplé. La tendance s’est poursuivie en 2000, avec 1MM$ d’imports du Japon, Asie du S/E et Europe, qui battent toujours plus une industrie locale surannée -en qualité, présentation (capsules, pilules, crèmes), procédés techniques high-tech, emballage et marketing. Hauts de gamme, ces décoctions ou onguents conquièrent une clientèle aisée. Pour aider son secteur à réagir, la SDPC vient d’annoncer le déblocage de « plusieurs MMY», afin d’accélérer la concentration d’une industrie faite à 80% de PME. 1er géant du médicament traditionnel chinois (inauguré le 20/5), China Medicinal Materials, a l’ambition de reconquérir la place chinoise sur le marché mondial. Le plan de la SDPC prétend aussi imposer en Chine les normes internationales: une nouvelle réglementation attend le feu vert du Conseil d’Etat.
· A peine nommé gouverneur du Liaoning, Bo Xilai, s’attelle à la modernisation de la province, en annonçant (16/5) la fusion de 4 aciéries locales –Anshan, Benxi, Dalian et Fushun. Le nouveau groupe qui produira 10Mt/an (autant que Shougang de Pékin, 1/3 des 28Mt de Nippon Steel en 1999). La concentration permettra des achats groupés de minerai et de houille, la fermeture de capacité obsolète et des licenciements (le plan reste inédit). Un processus similaire est visible au plan national – concentration imposée par la surcapacité structurelle mondiale (tirant les prix à la baisse), la microstructure de la sidérurgie chinoise, et la levée des protections douanières après entrée à l’ OMC (en 2005, la taxe à l’import tombera de 10 à 8%). En avril, Baosteel (Shanghai), Shougang et Iron& Steel (Wuhan) ont signé un accord d’achat, marketing et R&D -les 3 aciéries «pesant» ensemble 30Mt /an. La concentration offrira d’autre part, aux nouveaux groupes, une défense plus solide contre les plaintes en dumping des producteurs d’Europe et d’Amérique.
· Après avoir régenté la vie des chinois pendant plus de 50 ans, le système du hukou, permis de résidence liant à vie tout sujet à son village, est en sursis. Depuis longtemps, il ne sert plus à prévenir l’exode rural. Aujourd’hui, il empêche la fixation de ceux qui l’ont transgressé, entrave la scolarisation de leurs enfants, et le contrôle de la population flottante (100M), tout en faisant obstacle au libre emploi des jeunes diplômés à travers le pays. A titre de test, le hukou a disparu dans quelques villages, suite à quoi, le Min. de la Sécurité Publique vient de proposer l’abolition de la carte mal-aimée, qui devrait avoir encore, selon Bai Hejin, économiste à la SDPC, «quelques années» devant elle – les vieilles habitudes ne meurent pas vite !
· Les US viennent d’accueillir Chen Shuibian, Président. de Taiwan (21-22/5), qui a rencontré à New York des membres du Congrès et le maire. Le Dalaï Lama, lui, vit G.W. Bush en personne (23/5), le jour du 50e anniversaire de la «libération pacifique» du Tibet. Mais le lendemain, les douanes US rendirent à la Chine un bas relief du Xe siècle, dérobé dans une tombe du Hubei en ’94, mis en vente chez Christie’s. En face, Pékin annonçait unilatéralement (25/5)que l’avion EP-3 de la marine US, posé endommagé à Hainan, était autorisé à repartir, mais démonté, contrairement au souhait des USA qui veulent le réparer sur place. Autant de gestes décousus, exprimant une relation complexe entre deux pays géants, pétris d’antagonisme et d’admiration l’un pour l’autre – rien n’est simple.
Profitant d’une conjoncture souriante, la SDPC a supprimé (21/5) les prix imposés aux voitures made in China. Mis en place en 1998 pour couper court à une guerre commerciale, la mesure fixait des tarifs, avec fluctuation permise de 10%. En stabilisant les prix, la SDPC espère pousser à la consommation. Mais les constructeurs ont contourné depuis longtemps le carcan, en proposant gadgets gratuits (PC, équipements), ou "offres spéciales" illimitées. Pour cette raison, à en croire des groupes comme GM ou VW, la «liberté» ne changera pas grand chose – les marges sont déjà réduites, et il n’y a pas urgence- Auto-Resources-Asia s’attend à des ventes en Chine, en 2001, de +9%, à 732.000 unités!
L’initiative de la SDPC surgit en pleine mutation de la demande. En 1995, 10% des voitures étaient achetées par des privés, la part du lion revenant aux cadres et firmes. Six ans après, la tendance s’inverse: déjà 40% vont aux particuliers. Payée des deniers privés, l’auto doit désormais refléter davantage les attentes personnalisées de l’acheteur : les constructeurs couvrent les segments de marché monospace, compact, autour de 12.000$ l’unité.
En même temps, hausse des revenus urbains et dignitaires en mal de statut, ont doublé les ventes de berlines de luxe au 1r trim. A 41000$, l’attrait pour l’Audi A6 (Changchun) est si fort qu’il en coûte 4-5mois d’attente : VW renforce la production. Même tendance chez Honda, partie pour vendre 50000 Accord en 2001 (contre 32.000 en 2000) et qui réinvestit 33M$ de plus dans sa JV de Canton. Les imports ont doublé au 1er trim. à 15.000 unités
grâce à la chute des taxes douanières (de 100 à 80%).
A long terme, la question stratégique qui se posera aux constructeurs étrangers-présents ou non en Chine – sera de choisir entre production locale, ou attente de la baisse des droits en 2006, à 25%, avec l’OMC.
· Selon le dernier rapport de la BM, l’insuffisance en eau coûte à la Chine 7,2MM$/an,et coûtera bientôt 13MM$/an si rien n’est fait. A moins d’un investissement de162MM$ d’ici 2025, le manque d’eau «sera un frein très lourd au développement économique et social». De manière plus inattendue, même Shanghai, zone de lacs, rivières et marais, en souffre. Lors de sa 10e «Semaine de l’Economie de l’Eau Urbaine» (14-20 /5), la mairie a signalé que sa capacité n’atteignait plus que 1000m3/personne/an, 50% de la moyenne du pays, en dessous des 1700m3 du niveau d’alarme mondial. 99% des nappes phréatiques de la ville ne sont plus potables – prix de l’insuffisance de ses 12 centres d’épuration, qui ne traitent que 9% de ses eaux usées (6Mt/j ).Un autre point faible, tient au mauvais réseau d’adduction: 12% des 7600km de tuyaux ont plus de 30 ans et fuient. Enfin, le gaspillage prend son écot – conséquence de la quasi-gratuité. Ainsi le shanghaien, inconscient, consomme 200l/j, soit 50 de plus que le japonais. Le déséquilibre toujours plus fort entre offre et demande, apportera de nombreuses opportunités à des groupes multinationaux, tel Suez qui a déjà monté 100 stations de traitement de l’eau en Chine, et qui attend des MM$ en contrats d’ici 2020.
· A la tête d’une délégation d’ entrepreneurs, le Président. Autrichien Thomas Klestil a célébré le 30e anniversaire des relations diplomatiques avec la Chine, destination n°1(HK incluse) des exports autrichiens –860M$ de biens et services en 2000, +60%. C’était l’occasion de promouvoir ce petit pays alpin à haute tradition industrielle et technique : la mission Klestil a généré entre 430M$ et 510M$ de contrats, le plus remarquable étant celui d’AT&S, n°1 européen des circuits imprimés. Le 19/5, le groupe a annoncé une usine de 750 employés, pour 128M$ près de Shanghai. Dès 2002, ce plus gros investissement autrichien en Chine produira par an, 50M de circuits imprimés destinés à Nokia, Siemens et des nationaux comme Kejian, Haier et TCL.
Le 17/5, Long Yongtu, vice-Ministre du Commerce Extérieur, préparait à Genève avec Rob Zoellick, Représentant US au Commerce, la prochaine ronde OMC, début juin. Le débat achoppe sur l’agriculture: Canada, US, Australie veulent plus d’ouverture du marché chinois.
Mais y-a-t’il la place? Le Département US vient de réévaluer les stocks chinois: de 66,1Mt (riz, blé, maïs), ils ont quintuplé à 363 Mt soit un an de récolte, et 45Mt de plus que les réserves du monde. Résultat de 10 ans de peur d’une dépendance à l’import, et du maintien d’un prix supérieur aux cours mondiaux. Ce chiffre aléatoire (d’autres l’estiment entre 250Mt et 500Mt) permet en tout cas de rectifier une donnée essentielle: la Chine de 2001 est à l’abri du besoin, fait confirmé par le recul chaque année des emblavures (-9% en récolte, en 2000).
Une part du stockage (secret, pour éviter les taxes) reste chez le paysan. Politique et mal géré, le système coûte à l’Etat des MM$ par an (le grain se déprécie au fil des ans, en valeur protéique).Le déstockage reste prudent, afin d’éviter la chute des cours – et des revenus ruraux. D’ici 2004, sous l’ordre de Zhu Rongji, Pékin tente une 4ème réforme des offices des grains, fief socialiste: remise en selle du marché libre, relance des marchés à terme, d’aide aux paysans –coopés de crédit, zones hi-tech vertes comme celle du Shaanxi, auteur d’une chèvre clonée qui obtient 2MMY de contrats à travers le pays. Une fois à l’OMC, Pékin acceptera un quota d’import de 5% de sa récolte, jusqu’en 2004: alors les barrières disparaîtront. Le bras de fer est là: Pékin veut subventionner ses 300M de paysans -réduisant leurs prix de 10%. Les USA, en mars, acceptaient 7,5 à 8%. L’entrée de la Chine agricole à l’OMC s’avère la plus difficile au monde: logique, 800M d’êtres en dépendent. Au moins, Pékin et les provinces le savent bien : La Chine rurale n’a d’autre avenir que par le passage du "rouge" de la subvention, au "vert" de la concurrence!
· Cette affaire nous revient de Bananwan, village perdu au bord de la Ba (affluent du Yangtzé), au Sichuan. A 30 ans, cette femme s’estima victime du planning familial: après 2 naissances- des filles- son mari avait dû se soumettre à la stérilisation. Mais elle -peut-être soumise à l’enfer des critiques de ses parents et beaux parents- ne pouvait vivre sans héritier mâle: elle conçut le plan interlope suivant. Au village, les vieux garçons ne manquaient pas – faute d’avoir réuni l’épargne pour pouvoir convoler. Elle alla les voir l’un après l’autre, pour leur offrir un marché: elle serait mère porteuse de leur descendance; à la naissance, en cas de fille, elle lui rétrocéderait, moyennant finances; en cas de garçon, elle le garderait. Ainsi fut-il. Par ce trafic, elle s’enrichit, dit la chronique. Si l’amant-père s’avérait incapable de lui payer le montant prévu, elle se servait chez lui, emportant le bébé -ou tout objet de son choix- pour le revendre. L’histoire ne dit pas ce que pensait le mari – brave homme, un peu trop doux, peut-être. Sa punition lui vint du ciel: après 8 grossesses extraconjugales, le ciel ne l’a toujours pas bénie d’un enfant mâle. La justice, qui ne s’est pas inquiétée des cas de kidnapping ni de ceux de vols par effraction, pourrait se montrer plus pointilleuse face à sa fertilité débridée – en Chine, c’est un enfant, pas dix !