Le Vent de la Chine Numéro 2

du 15 au 21 janvier 2001

Editorial : editorial_2_2001

La présentation (7/01) aux USA d’un ouvrage titré «Documents de Tian An Men», a suscité un vif démenti des autorités – bien prévisible, sur ce sujet très sensible de l’histoire récente. Ce livre de 480 pages, édité par deux professeurs d’universités (Columbia et Princeton), évoque en détails les divisions de l’appareil lors du «printemps de Pékin’89». Il décrit une réunion chez Deng Xiaoping, de huit conservateurs à la retraite, la nuit du 27 mai, ayant limogé le 1er Secrétaire réformateur Zhao Ziyang et nommé Jiang Zemin à sa place: procédure non constitutionnelle, comme les réunions précédentes, où le Comité Permanent (CP) du Politbureau,en faveur du dialogue, voyait sa majorité annulée par l’accès aux votes des vieux conseillers !

Sur le fond, rien, de ce document, n’est vraiment neuf. Par contre, au-delà du mutisme de la presse officielle, ce document hâtivement retraduit en mandarin, nourrit sur la toile chinoise un débat passionné et … fugace. Les éditeurs US attribuent la démarche à un camp réformateur, décidé à relancer la réforme politique. La faiblesse de cette thèse est évidente: qui, dans cette mouvance «hors des affaires» depuis douze ans, aurait eu accès à de telles sources, et le pouvoir de les faire sortir?

NB: n’étant pas impliqué dans la répression de juin ’89, Jiang (jusqu’ au 27 mai, Secrétaire du Parti à Shanghai) ne voit pas sa réputation entachée par le rapport, ni son ambition de devenir «autorité morale», comme celle exercée à l’époque par Deng, voire «Psdt du PCC», poste honorifique occupé par le seul Mao.

Par contre,ce livre ne laisse pas indemne Li Peng, le Prsdt de l’ANP,qui s’était investi à l’époque pour la fermeté, contre Zhao. Il se trouve qu’ aujourd’hui, Jiang prépare sa propre succession en 2002 et veut remplacer 5 des 7 membres du CP par des «jeunes» de sa faction, écartant la vieille garde, y-compris Li : la publication du Doc. de Tian An Men ne nuit en rien à son projet. Entre-temps, Jiang a fait savoir, par visiteur nippon interposé, son désaccord avec ce texte: c’était le moins qu’il puisse faire, pour maintenir face au monde la solidarité gouvernementale!

 


Editorial : Souvenirs difficiles!

La présentation (7/01) aux USA d’un ouvrage titré «Documents de Tian An Men», a suscité un vif démenti des autorités – bien prévisible, sur ce sujet très sensible de l’histoire récente. Ce livre de 480 pages, édité par deux professeurs d’universités (Columbia et Princeton), évoque en détails les divisions de l’appareil lors du «printemps de Pékin’89». Il décrit une réunion chez Deng Xiaoping, de huit conservateurs à la retraite, la nuit du 27 mai, ayant limogé le 1er Secrétaire réformateur Zhao Ziyang et nommé Jiang Zemin à sa place: procédure non constitutionnelle, comme les réunions précédentes, où le Comité Permanent (CP) du Politbureau,en faveur du dialogue, voyait sa majorité annulée par l’accès aux votes des vieux conseillers !

Sur le fond, rien, de ce document, n’est vraiment neuf. Par contre, au-delà du mutisme de la presse officielle, ce document hâtivement retraduit en mandarin, nourrit sur la toile chinoise un débat passionné et … fugace. Les éditeurs US attribuent la démarche à un camp réformateur, décidé à relancer la réforme politique. La faiblesse de cette thèse est évidente: qui, dans cette mouvance «hors des affaires» depuis douze ans, aurait eu accès à de telles sources, et le pouvoir de les faire sortir?

NB: n’étant pas impliqué dans la répression de juin ’89, Jiang (jusqu’ au 27 mai, Secrétaire du Parti à Shanghai) ne voit pas sa réputation entachée par le rapport, ni son ambition de devenir «autorité morale», comme celle exercée à l’époque par Deng, voire «Psdt du PCC», poste honorifique occupé par le seul Mao.

Par contre,ce livre ne laisse pas indemne Li Peng, le Prsdt de l’ANP,qui s’était investi à l’époque pour la fermeté, contre Zhao. Il se trouve qu’ aujourd’hui, Jiang prépare sa propre succession en 2002 et veut remplacer 5 des 7 membres du CP par des «jeunes» de sa faction, écartant la vieille garde, y-compris Li : la publication du Doc. de Tian An Men ne nuit en rien à son projet. Entre-temps, Jiang a fait savoir, par visiteur nippon interposé, son désaccord avec ce texte: c’était le moins qu’il puisse faire, pour maintenir face au monde la solidarité gouvernementale!

 


A la loupe : Le monde rural attend son heure

6,2Y / jour: gain moyen du paysan chinois en 2000, 2% de plus qu’en 99 traduisant un déclin du niveau de vie depuis quatre ans -contrairement au citadin, dont le revenu a monté de 7%. Les 900M de paysans, 70% de la population, sont les oubliés de la croissance,et les 1ers jours de 2001 n’annoncent pas d’embellie, avec des prix publics en baisse et une offre toujours excédentaire. Si les chiffres officiels sont corrects, la sécheresse de l’an 2000 n’a pas trop affecté le bilan annuel : -9% , et une récolte de 460Mt. Le surplus se maintient : riz et maïs se vendent à perte, ou pas du tout.

Quelle alternative ? En 1999 les firmes rurales ont généré 41% du PIB agricole, le double de ’78. Impossible de faire mieux, en l’absence de crédits, et avec le handicap des taxes illégales locales. Reste l’exode rural. Mais cette porte se ferme aussi, avec la montée du chômage en ville (au moins 20M). L’entrée à l’OMC n’annonce qu’une vive concurrence de pays riches, disposant d’une agriculture «de rendement»

Pour soulager cette situation tendue, terreau d’instabilité sociale, le gouvernement s’en tient à ses choix du passé: la croisade de développement de l’Ouest (Xe plan, 2001-2005), plan de création de « petites villes », conversion de M d’hectares de mauvaises céréales par des semences à haut rendement, ou la reforestation. Aucune de ces méthodes n’apportant le remède miracle – le X. Plan, à l’évidence, ne suffira pas à inverser la tendance. Une seule voie demeure inexplorée, en raison de ses implications politiques: le dégraissage des administrations pléthoriques en milieu rural


Pol : 2001, la Chine-Odyssée de l’espace

· Le 10/01 à 01h , une fusée Longue Marche 2F a mis sur orbite Shenzhou II, le "vaisseau divin" (nom donné par Jiang Zemin), capsule qui aurait suffisamment gagné en technique,sur sa 1ère version Shenzhou I, pour être habitable à l’avenir. Lancé en novembre  1999, Shenzhou I avait accompli 14 révolutions en 21 heures, avant de retourner dans l’atmosphère et d’y être récupéré. Un peu plus grand que son modèle russe Soyouz, le vaisseau chinois serait conçu pour quatre «taikonautes» (du chinois taikang, espace), déjà en formation, en prévision d’un vol habité. Quand? Entre «18 et 24 mois» (selon un expert étranger), voire «5 ans», de source chinoise, plus prudente. Cela dépendra du succès du vol présent – de la survie, une semaine, des animaux et plantes à bord, pour tester le système de survie. Le vol habité sera encore précédé de deux autres vols tests. Très secret, le programme spatial chinois est dans sa 31ème année.

· Depuis juin 2000, sept Secrétaires du Parti ou Gouverneurs provinciaux ont été remplacés, dans un mouvement où chaque leader place ses hommes, dans l’attente du XVI. Congrès du Parti d’octobre 2002, où se négociera l’équipe dirigeante du prochain quinquennat.

Dans ce quadrille, Bo Xilai, 51 ans, remplace Zhang Guoguang (qui prend le Hubei), comme Gouverneur du Liaoning. Fils de l’ex-1er Min. Bo Yibo, l’un des "huit immortels" fidèles de Deng, Bo Xilai était depuis 1993 maire et Secrétaire du Parti à Dalian (Liaoning), qu’il a énergiquement convertie en une «HK du nord», au moyen d’investissements notamment de Corée/Sud et du Japon -une des villes les mieux gérées du pays.

La direction de la province est un tout autre défi : au coeur de la «ceinture de rouille», artificiellement peuplé par Mao pour faire bouclier à une invasion soviétique qui n’est jamais venue, le Liaoning est aujourd’hui mal en point, perclus de chômage, maladies, corruption et mafia.

· HK vient de perdre (11 /01) son homme le plus populaire, Anson Chan, n°2 au gouvernement, patronne des 190.000 fonctionnaires. Chan a démissionné, ayant été critiquée depuis Pékin, pour ne pas suffisamment épauler son gouverneur, Tung Chee Hwa. Sur le fond, les dirigeants de Chine veulent jouer le jeu fixé par Deng,  yi guo liang zhi, «un pays, deux systèmes» – 50 ans de droit d’administration locale. Le problème est que ces deux systèmes sont en lutte d’influence. Anson Chan était fille de cette classe de patriciens avec qui Pékin a choisi de partager le pouvoir local. Jusqu’au dernier jour, elle a défendu l’idée de la chance d’une synthèse, à Hong Kong, entre les deux systèmes. La grande question de l’an 2002, est de savoir si Chan va se présenter au suffrage, pour le poste de gouverneur, contre Tung, appuyé par Pékin – et comment évoluera, à cette échéance le principe «yi guo liang zhi»!


Argent : China Telecom – le monopole se lézarde

· En déc. 2000, Pékin ordonnait aux opérateurs de télécoms de baisser de 50% leurs tarifs internationaux:mesure pénalisatrice pour China Telecom, tarissant une source de profits déjà amputée par ses jeunes rivaux, Jitong et Netcom, avec leur service «IP» (tél.- internet) 70% moins cher.

 A l’autre bout du spectre, Railcom, mis en place pour écorner le monopole de CT (95% du marché) des lignes fixes, entre en scène fin du mois, et l’obligera à partager ses bénéfices sur la haus-se des tarifs locaux consentie par le MII. Railcom promet aussi la concurrence sur la trans-mission de données, avec son réseau plus rapide. Tout ceci pourrait jouer contre CT lors de son entrée en bourse internationale en juil. -7 à 10MM$ espérés. Pour conserver ses 20,5MM$ de chiffre d’affaires en 2000 et sa croissance de (+15%), CT devra s’aventurer sur le terrain de la concurrence -but de la manoeuvre du MII.

· La fièvre du Nasdaq et la spéculation sur les start-ups sont retombées, en Chine comme ailleurs. Selon les courtiers hongkongais, les valeurs qui caracoleront entre Shanghai, Shenzhen et HK d’ici 2002 seront l’immobilier, les transports maritime, aérien et routier. Ce dernier bénéficiera de la priorité du Xe  plan: après avoir cofinancé 16.000km de voies rapides en 2000, Pékin en prévoit 25000 autres d’ici 2005, surtout à l’Ouest. D’ici là, le réseau routier alignerait 1,6M de km et relierait 99,5% des villes, 93% des villages. Mais l’incidence des forts détournements constatés dans le secteur (cf p.1) reste imprévisible.

· En ‘2000, le commerce extérieur chinois a battu son record, avec 474,3MM$, +31,5%.Mais son excédent commercial, à 24,1MM$, a chuté de 17%, son niveau le plus bas depuis ’96, avec des exports de +27,8% « seulement », pour des imports de +35,8%. Tout au long de l’année, la courbe de croissance des exports n’a cessé de s’ éroder: en déc. ils plafonnaient à +8,5% contre +45% en juin! Merrill Lynch prédit la poursuite de la tendance en 2001 à +8%, due à la baisse de la demande mondiale, notamment des US, 2e partenaire commercial de la Chine,qui absorbe 22% de ses exportations. La Chine demeure vulnérable aux courants mondiaux: l’export compte pour 20% de son PIB. Pour contrebalancer ce frein et atteindre son objectif de 8% de croissance pour ’01, Pékin va augmenter ses dépenses d’infrastructures (déjà importantes, à 18,1 MM$), et tenter de relancer la consommation. Mais on voit mal par quels moyens, vu l’état de l’économie rurale (cf « Une ») et la hausse du chômage.

· Après un bon exercice 2000 (+50%), la bourse chinoise s’inquiète des rumeurs croissantes de délits d’initiés. Le Président de la CSRC, Zhou Xiaochuan en personne, plaide pour une intervention moindre de son organe de tutelle, afin de réduire la spéculation et assainir le marché. Le processus de sélection en Bourse, avec sa priorité systématique aux EE, va disparaître en mars. Au même moment, la CSRC mettra aussi fin au plafonnement du prix des parts, au 1er achat comme à la revente. Artificiellement sous-estimés (sauf pour quelques groupes de produits hi-tech), les prix de 1èrecotation garantissent une ruée sur les actions: les parts doublent ou triplent au 1er jour. La réforme veut éliminer ce type de distorsion et avertir l’investisseur de la réalité du marché – toutes les OPV ne sont pas gagnantes, et leurs prix doivent être régulés par la loi de l’offre et la demande.

NB: China Daily croit savoir que le lancement du marché secondaire, à Shenzhen, sera repoussé à mai, suite à la récente chute du Nasdaq.

 


Politique : politique_2_2001

· Le 10/01 à 01h , une fusée Longue Marche 2F a mis sur orbite Shenzhou II, le "vaisseau divin" (nom donné par Jiang Zemin), capsule qui aurait suffisamment gagné en technique,sur sa 1ère version Shenzhou I, pour être habitable à l’avenir. Lancé en novembre  1999, Shenzhou I avait accompli 14 révolutions en 21 heures, avant de retourner dans l’atmosphère et d’y être récupéré. Un peu plus grand que son modèle russe Soyouz, le vaisseau chinois serait conçu pour quatre «taikonautes» (du chinois taikang, espace), déjà en formation, en prévision d’un vol habité. Quand? Entre «18 et 24 mois» (selon un expert étranger), voire «5 ans», de source chinoise, plus prudente. Cela dépendra du succès du vol présent – de la survie, une semaine, des animaux et plantes à bord, pour tester le système de survie. Le vol habité sera encore précédé de deux autres vols tests. Très secret, le programme spatial chinois est dans sa 31ème année.

· Depuis juin 2000, sept Secrétaires du Parti ou Gouverneurs provinciaux ont été remplacés, dans un mouvement où chaque leader place ses hommes, dans l’attente du XVI. Congrès du Parti d’octobre 2002, où se négociera l’équipe dirigeante du prochain quinquennat.

Dans ce quadrille, Bo Xilai, 51 ans, remplace Zhang Guoguang (qui prend le Hubei), comme Gouverneur du Liaoning. Fils de l’ex-1er Min. Bo Yibo, l’un des "huit immortels" fidèles de Deng, Bo Xilai était depuis 1993 maire et Secrétaire du Parti à Dalian (Liaoning), qu’il a énergiquement convertie en une «HK du nord», au moyen d’investissements notamment de Corée/Sud et du Japon -une des villes les mieux gérées du pays.

La direction de la province est un tout autre défi : au coeur de la «ceinture de rouille», artificiellement peuplé par Mao pour faire bouclier à une invasion soviétique qui n’est jamais venue, le Liaoning est aujourd’hui mal en point, perclus de chômage, maladies, corruption et mafia.

· HK vient de perdre (11 /01) son homme le plus populaire, Anson Chan, n°2 au gouvernement, patronne des 190.000 fonctionnaires. Chan a démissionné, ayant été critiquée depuis Pékin, pour ne pas suffisamment épauler son gouverneur, Tung Chee Hwa. Sur le fond, les dirigeants de Chine veulent jouer le jeu fixé par Deng,  yi guo liang zhi, «un pays, deux systèmes» – 50 ans de droit d’administration locale. Le problème est que ces deux systèmes sont en lutte d’influence. Anson Chan était fille de cette classe de patriciens avec qui Pékin a choisi de partager le pouvoir local. Jusqu’au dernier jour, elle a défendu l’idée de la chance d’une synthèse, à Hong Kong, entre les deux systèmes. La grande question de l’an 2002, est de savoir si Chan va se présenter au suffrage, pour le poste de gouverneur, contre Tung, appuyé par Pékin – et comment évoluera, à cette échéance le principe «yi guo liang zhi»!


A la loupe : La fin de l’âge d’or (noir)

2000 fut un cru en or pour les groupes de l’or noir profitant de la flambée des cours mondiaux (moyenne annuelle de 28.7$ /baril). CNPC, Sinopec et CNOOC ont affiché des profits combinés de 7,2MM$. La chance appelant le succès, deux d’entre eux ont réussi haut la main leur entrée en bourse de NY et HK: Petrochina (CNPC) en avril, a récolté 3,1MM$, et Sinopec en oct, 3,5MM$. Le 3ème, CNOOC se représente en fév. après son entrée avortée d’oct. ’99-les conditions étaient alors peu favorables. CNOOC espère réunir 1,2MM$ (Shell a déjà promis d’ acheter pour 200 à 300M$ de parts).

Les prix pétroliers records ont en revanche pesé sur la croissance. Importateur net depuis ’93, la Chine a dû payer 70Mt en 2000, un tiers de ses besoins (record !), provoquant une hémorragie de devises (15MM$, x2 des profits cumulés des 3 groupes). L’import chinois devrait monter de 7% en 2001 (à 75Mt).Même si, comme le pro-nostiquent certains, les cours retombent à 24-25$/baril cette année, les réserves en devises (160MM$) risquent d’être entamées.

Cette vulnérabilité en approvisionnement énergétique explique la priorité donnée par la Chine à la filière gaz. Petrochina achèvera en 2003 son gazoduc Xinjiang-Shanghai de 4,8 MM$ et 4200km, et CNOOC prévoit d’ici 2010 une autre desserte entre ses gisements de mer de Bohai et le continent. En aval du terminal GNL de Shenzhen (620M$), dont on attend la désignation du contracteur étranger, Canton projet-te deux nouvelles centrales au gaz, et veut en convertir cinq autres du pétrole au gaz.

Enfin, conscients de l’imminence d’une concurrence «OMC», les groupes pétroliers accélèrent leur cure d’amaigrissement. Sinopec et Pétrochina (500.000 hommes chacun) licencient respectivement 100.000 personnes sur 5 ans, et 38.000 dès l’an passé soit 24.000 de plus qu’initialement prévu. Sinopec, sur deux ans, en attend une économie d’1,6MM$.

 


Joint-venture : premier gros cube chinois – la Zongseng

· Shanghai a posé (6/01) la 1ère pierre du plus gd parc pétrochimique du pays, 18MM$ et 10 km² pour la 1ère phase, qui abritera d’ici 2005 les ténors de la pétrochimie: la JV de BP/Shanghai Petrochem et China Petrochem (3,4MM$, pour une capacité de 900000t/an d’éthylène), le complexe BASF (1MM$), celui de Bayer (7 usines, 3,1MM$). Ceci n’est qu’une des cinq facettes du remue-ménage qui attend d’ici 2005 la  longtou («tête du Dragon», surnom de la métropole à l’embouchure du Yangtzé). Parmi les autres, figurent un des pôles asiatiques de l’électronique (15,7MM$ d’investissement., dont 6 par le groupe SMI, pour un complexe de semi-conducteurs), et les filières auto, sidérurgique, d’équipement d’environnement et d’énergie. Pour y parvenir, Shanghai offre des avantages fiscaux défiant toute concurrence -notamment celle de HK, dont elle espère attirer les groupes en mal de délocalisation.

· Au 1er rang mondial de la production de motos,  (cf VdlC n°39/V), la Chine sort sa 1ère750cc. Zongseng (privé, Chongqing) s’est lancé le 15 déc. dans le créneau, après deux années de tests dans des courses internationales. Zongseng s’est acquis la coopé. d’un français, Michel Marqueton, ancien de la Chine (il y a été négociant en vin et s’y est marié), qui a monté pour Zongseng la 1ère écurie moto de Chine, remportant une 14. Place au Gd Prix de France en mai 2000, et le Grand Prix de Macao en nov., avec sa 750cc.

 


Temps fort : Réforme des firmes d’Etat : le bilan

En sept. 1997, Zhu Rongji s’était donné trois ans pour remettre sur leurs rails les 370.000 EE de l’époque, dont 47% dites "non rentables". Début 2001, chiffres en mains, la presse affichait la réussite du pari: le secteur aurait engrangé en ‘2000 des profits de 28MM$ (+130%), et 62% des 6600 GEE seraient bénéficiaires.

Mais le rapport annuel du Bureau National d’Audit jette une ombre au tableau. L’audit des comptes 1999 de 1290 GEE est édifiant: 2,75MM$, soit 3,4% de leurs actifs ont disparu, sous for-me d’emprunts en souffrance, d’invests hors budget et de malversations. 68% des comptes étaient bancals, et au total, 11% des actifs n’ existaient plus que sur papier.

Le passage au crible des chiffres des chantiers publics n’était pas plus rassurant. 1MM$ (15% des fonds) a été siphonné dans des projets de routes. 46 projets d’amélioration de la qualité de l’air, ont révélé un "trou" de 26% (120M$). Même problème chez les banques, notamment à l’ABC, dont les livres ont trahi 33 irrégularités portant sur 1,7MM$. Autant de flous qui posent la question du niveau réel des actifs des EE, et de l’effectivité de l’assainissement des banques et EE par les SDD.

La fermeté de l’audit national signale toutefois une prise de conscience croissante dans les milieux économiques, de l’impératif de transparence comme condition préalable aux réformes (indissociables) des EE et des banques. Parallèlement apparaît une ébauche de remède: la SETC admet (9/01) que 3000 EE dites "rentables" en 1997 sur la base de leurs comptes truqués, vont devoir fermer. Le 28 déc., l’Office Statistique National dénonçait la falsification à grande échelle des chiffres en province, et promettait des sanctions.

Timides tentatives, mais plus réalistes que jamais:la SETC pense qu’avec l’entrée à l’OMC, la cure imposée aux EE, loin d’être achevée, devra durer encore pas moins de 10 ans – on est loin de faire dans le triomphalisme 


Petit Peuple : une nage entre deux manches

· On se rappelle de Zhang Jian, sportif patriote qui fête tous les 12 ans l’année du Dragon (son signe), en franchissant à la nage un détroit chinois. Le dernier a été celui de Bohai (130kmcf. VdlC n°28/V). Son prochain défi,«hors contrat», devrait être un jeu d’enfant: en 2001, Zhang Jian veut défendre les couleurs de Pékin pour les JO de 2008, en traversant la Manche (32km) sous les yeux de Paris, la principale rivale.

Le 8 jan., un autre chinois a réussi une autre traversée -et a bien failli y laisser la vie. Effectuant leur ronde sur une plage de HK, des policiers ouïrent des cris du large, que ni l’hélicoptère, ni l’hovercraft des pompiers (en standby) ne surent localiser. Ce fut la vedette des garde-côtes qui repéra Huo et le tira de la vasière où il s’était enlisé. Natif du Yunnan, Huo s’était jeté à l’eau la veille au soir à Futian (Shenzhen). Son action mérite sa place dans nos colonnes pour deux raisons:

Ê Huo a franchi la mer, sans l’aide de sa jambe droite (il est unijambiste);

Ë sa traversée préfigure celle de Zhang Jian, puisqu’il s’était lancé dans sa course vers HK, en cette période traditionnelle de générosité avant le Nouvel An lunaire, afin de pouvoir y faire la manche.