Le Vent de la Chine Numéro 17

du 6 au 12 mai 2001

Editorial : editorial_17_2001

Suivant un rituel immuable, se prononçait dans une ferme de Hancheng (Shaanxi), un des dizaines de milliers de mariages du 1er mai en Chine -la date la plus prisée pour les unions. Bardée de guirlandes, un couple de mariés miniatures sur le capot, une VW rouge (couleur de bon augure) attendait au portail. La maîtresse des cérémonies commença par balayer vivement le pourtour de la voiture pour en chasser les esprits.

Puis elle jeta noix, bonbons, cacahuètes et jujubes en grêle sur le toit. Geste propitiatoire riche de sens : la jujube est symbole de longévité et l’arachide, de fertilité. Ensuite, elle cingla la VW d’un fouet à bestiaux. Les démons une fois subjugués par cette prophylaxie animiste, la mariée sortit en  qipao (robe longue et haute, ouverte sur une jambe) écarlate, et courut pliée en deux vers la sécurité de la ferme, protégée par les crépitements interminables d’un chapelet de pétards. A l’intérieur, l’humble banquet, résultat du labeur des femmes depuis 3 jours, attendait sur les tréteaux.

Avant les agapes, restait une épreuve à franchir. Au balcon, une porte close narguait les coups et prières d’un groupe d’assiégeants, parmi lesquels le père du mari. Par dessus, au fenestron, trois hommes menaient la résistance : « on ne passe pas »… A l’intérieur, se trouvaient les cadeaux: TV, un de ces gros radiocassettes immuables des campagnes, verres et cruches, édredons, biscuits – simples choses. «A quoi jouez-vous là?», m’enquéris-je auprès d’un défenseur – jeune laboureur au teint hâlé, dont le veston explosait autour des biceps et pectoraux.

« On n’en sait rien », fut sa réponse candide, « mais y’a pas de mariage sans ça chez nous ». Il ne pouvait mieux dire. Cette saynète était une parmi 1000 farces réinventées à chaque mariage, que les amis jouent ou imposent aux époux, comme pour leur faire payer le prix de l’abandon de leur célibat. A d’autres mariages, on a pu voir le couple contraint à feindre l’union charnelle, danser sur la table du banquet, ou aspirer au goulot d’une bouteille plastique, dans laquelle étaient plantées 20 cigarettes allumées. A Hancheng, le sens du fabliau était transparent: dans la maison du père, se jouait le combat d’arrière-garde pour la virginité de la promise. Et surtout, loin des soucis des grandes villes, on faisait la noce, comme dans toutes les campagnes du monde.

 


Editorial : Trêve du premier mai – un des 10.000 mariages du jour en Chine

Suivant un rituel immuable, se prononçait dans une ferme de Hancheng (Shaanxi), un des dizaines de milliers de mariages du 1er mai en Chine -la date la plus prisée pour les unions. Bardée de guirlandes, un couple de mariés miniatures sur le capot, une VW rouge (couleur de bon augure) attendait au portail. La maîtresse des cérémonies commença par balayer vivement le pourtour de la voiture pour en chasser les esprits.

Puis elle jeta noix, bonbons, cacahuètes et jujubes en grêle sur le toit. Geste propitiatoire riche de sens : la jujube est symbole de longévité et l’arachide, de fertilité. Ensuite, elle cingla la VW d’un fouet à bestiaux. Les démons une fois subjugués par cette prophylaxie animiste, la mariée sortit en  qipao (robe longue et haute, ouverte sur une jambe) écarlate, et courut pliée en deux vers la sécurité de la ferme, protégée par les crépitements interminables d’un chapelet de pétards. A l’intérieur, l’humble banquet, résultat du labeur des femmes depuis 3 jours, attendait sur les tréteaux.

Avant les agapes, restait une épreuve à franchir. Au balcon, une porte close narguait les coups et prières d’un groupe d’assiégeants, parmi lesquels le père du mari. Par dessus, au fenestron, trois hommes menaient la résistance : « on ne passe pas »… A l’intérieur, se trouvaient les cadeaux: TV, un de ces gros radiocassettes immuables des campagnes, verres et cruches, édredons, biscuits – simples choses. «A quoi jouez-vous là?», m’enquéris-je auprès d’un défenseur – jeune laboureur au teint hâlé, dont le veston explosait autour des biceps et pectoraux.

« On n’en sait rien », fut sa réponse candide, « mais y’a pas de mariage sans ça chez nous ». Il ne pouvait mieux dire. Cette saynète était une parmi 1000 farces réinventées à chaque mariage, que les amis jouent ou imposent aux époux, comme pour leur faire payer le prix de l’abandon de leur célibat. A d’autres mariages, on a pu voir le couple contraint à feindre l’union charnelle, danser sur la table du banquet, ou aspirer au goulot d’une bouteille plastique, dans laquelle étaient plantées 20 cigarettes allumées. A Hancheng, le sens du fabliau était transparent: dans la maison du père, se jouait le combat d’arrière-garde pour la virginité de la promise. Et surtout, loin des soucis des grandes villes, on faisait la noce, comme dans toutes les campagnes du monde.

 


A la loupe : Auto – FORD presse le champignon

Il a fallu pas moins de 2 ans à Ford pour obtenir la licence à son projet de JV à 50/50, avec Chang’an (25 avril 2001). Cette alliance avec le groupe auto de Chongqing, (déjà associé à Suzuki dans la production d’Alto et de Gazelle), permet enfin au n°2 mondial, de produire des voitures en Chine (un 1er rendez-vous avait été manqué en 1997, lors de la bataille pour le 2d partenariat JV avec SAIC, remporté par GM). Investissement prévu: 98M$. D’ici 2003 sera atteinte la capacité de 50.000 voitures. Malgré la minceur de l’investissement (face à celui de la JV de GM, 1,5MM $), Ford mise sur son expérience en Chine, acquise par sa JV de fourgonnettes Transit avec Jiangling (Jiangxi), pour éviter les erreurs des autres. GM avait été encouragé à produire la Buick, modèle de luxe, Ford mise sur la compacte, (peut-être sa Ikon, faite en Inde depuis 1999) pour regonfler sa mince part mondiale dans ce segment (1%).

Cette approche, décidément, est dans l’air: Toyota, GM et VW s’apprêtent à sortir des modèles de ce type (respectivement Charade, Sail, et Bora/Polo) à des prix oscillant entre 12.000 et 15.000$, misant sur le fort potentiel de croissance et l’enrichissement. Mais la terre du miracle économique a déjà causé des désillusions. Au début des années 1990, on pronostiquait 5M de ventes de véhicules d’ici 2000: elles ont atteint seulement 2M dont 30% de voitures. Parmi les étrangers, seul VW a atteint la masse critique de 200.000 ventes/an. L’autre gagnant, à part VW, étant Pékin, qui a réalisé ses objectifs de transferts de technologie et de coup de fouet au secteur.

 


Pol : La Loi du Mariage enfin révisée

· après six mois de chantier et participation (par lettre) de 3.829 citoyens, le Comité Permanent de l’ANP a voté (28 avril 2001) 33 amendements à la Loi du Mariage, en vigueur depuis 1981. Le bilan a déçu les attentes des conjoints "légitimes" (rien que dans le delta des Perles, 100.000 hongkongais et taiwanais entretiennent une maîtresse). Redéfinie «cohabitation avec une personne étrangère au couple», la bigamie est devenue un délit passible de deux ans de prison, mais après production d’une preuve difficile à établir. Pour l’adultère, la loi se borne à prêcher sa prévention "par l’éducation, la morale et la discipline du parti», laissant le libre-arbitre face à une pratique désormais dans les moeurs. Sur un point, la loi protège les intérêts économiques du plaignant moyennant preuve de bigamie, sévices ou abandon, il peut exiger un préjudice. Présente dans 30% des foyers et responsable de 60% des divorces, la violence conjugale, est enfin réprimée – en théorie. Les enfants nés hors mariage accèdent aux mêmes droits que ceux « légitimes ». Enfin, le militaire garde son droit de veto au divorce de sa femme, sauf (c’est la nouveauté) «en cas de fautes graves» – non déterminées. Moyennant ces prudences des législateurs, le vote à la quasi-unanimité -127 voix sur 137, a abouti sur l’amorce d’une transition – les députés savent déjà qu’ils devront y revenir !

· Le 23 avril 2001, pour "assister la défense taiwanaise", la Maison Blanche a approuvé la vente de 4 croiseurs de classe Kidd, de 12 bombardiers Orion-P3 anti-submersibles et de 8 sous-marins diesels sous licence européenne (bien qu’aucun Etat de l’UE n’ait accepté de la fournir!). Les USA ajournent la vente de croiseurs Aegis, les plus modernes au monde, mais Pékin voit -on le comprend- des «dommages» dans les relations bilatérales. Le 25 avril, G.W.Bush a déclaré que les US assisteraient –militairement si nécessaire- l’île contre une attaque chinoise: c’était un tournant à 180°de la politique "chinoise" des US, qui maintenaient le flou depuis 1979. Dès lors, Pékin accusait Bush de «menacer la paix et la stabilité» -mais s’empressait de tendre le rameau d’olivier en autorisant (30 avril) l’entrée d’une mission de techniciens américains civils auprès de l’avion espion EP-3 bloqué à Hainan depuis le 1er avril. Ceux ci concluaient (5 mars) que l’appareil était réparable sur place. Le 5 janvier, G.Bush a franchi un autre pas en annonçant "d’ici ‘2004" le déploiement du parapluie anti-missiles NMD, et en proposant au monde la renégociation du traité de 1972 de limitation des Missiles Balistiques. Un Sous-Secrétaire américain est attendu à Pékin les 14 et 15 mai pour en débattre. Pékin parle désormais de «menaces à la paix mondiale» et critique Bush pour son «arrogance… son égotisme et ses caprices». D’autres nuages sombres approchent, avec les deux escales (vers l’Amérique Latine) du Président taiwanais Chen Shuibian à NY et Houston, fin du mois… En résumé : on reste dans une période troublée, mais les deux bords multiplient les contrôles pour prévenir tout dérapage !


Argent : Atterrissage dur pour la moto chinoise

· Longuement attendue, la restructuration de l’industrie Aéronautique décolle. Le 27 avril 2003, la CAAC a confirmé qu’elle fusionnerait 10 compagnies en trois groupes qui contrôleront 82% du secteur. Dès accord du Conseil d’Etat, China Southern (Canton) absorbera Northern– et Xinjiang Airlines, et passera n°1 national avec 180 appareils, 34.100 jobs et 6MM$ de capital. China Eastern (Shanghai) reprendra Northwest et Yunnan Air, englobant 118 avions, 25.100 emplois et 5,7 MM$. Southwest et National Aviation (majoritaire dans Dragonair et Air Macao) passeront sous l’aile de Air China (Pékin), rassemblant 118 avions, 20.300 employés et 6,8MM$. Six petits groupes régionaux (Shandong-, Shanghai-, Wuhan-, Shenzhen-, Sichuan-air et China Postal) ont réagi en annonçant (30 avril) leur fusion en China Sky, 100 avions et 3,6MM$. On aboutit à quatre compagnies  dont la tutelle espère l’accès à la masse critique, des réductions de capacité, de personnel et de coûts, tout en entrant plus solides à l’OMC. La CAAC promet aussi -comme depuis cinq ans- de couper ses liens d’affaires avec les transporteurs et de devenir une vraie autorité de tutelle.

NB: on ignore le sort de Hainan Airlines, seul groupe vraiment profitable des dernières années, opposé à ces mariages forcés. L’opération ne dit pas non plus comment les transporteurs se débarrasseront de leur handicap n°1- l’esprit d’administration post-maoïste.

· La plus grande au monde (12M d’unités en 2000), l’industrie de la moto chinoise souffre. Par souci écolo et de circulation, 60 villes l’ont bannie -d’autres la taxent. Victime d’une croissance débridée dans les années 1990, elle vit le syndrome de l’excédent, avec 137 groupes, sans compter les 103 sans licence… Comme nouveau marché, le secteur compte sur les campagnes, où la demande doit doubler d’ici 2005. A l‘étranger, il a vendu 2M de motos en 2000. Mais les constructeurs tuent la poule aux oeufs d’or en s’adonnant à la sous-enchère des prix. En décembre au Vietnam, la 110cc se vendait 300$ contre 750$ en décembre 99: au détriment de la finition, du SAV et des pièces de rechange. La contrefaçon vrombissante dans la moto chinoise lui vaut une image bas-de-gamme : l’étranger se reporte vers la concurrence nippone, plus chère, mais plus sûre. Tentative de réplique: le Moftec (5 mars) a imposé à l’export des normes de qualité et des quotas. Mesure utile, mais qui ne permettra pas l’économie d’un grand chambardement – fusions, JV, faillites.

 


Politique : politique_17_2001

· après six mois de chantier et participation (par lettre) de 3.829 citoyens, le Comité Permanent de l’ANP a voté (28 avril 2001) 33 amendements à la Loi du Mariage, en vigueur depuis 1981. Le bilan a déçu les attentes des conjoints "légitimes" (rien que dans le delta des Perles, 100.000 hongkongais et taiwanais entretiennent une maîtresse). Redéfinie «cohabitation avec une personne étrangère au couple», la bigamie est devenue un délit passible de deux ans de prison, mais après production d’une preuve difficile à établir. Pour l’adultère, la loi se borne à prêcher sa prévention "par l’éducation, la morale et la discipline du parti», laissant le libre-arbitre face à une pratique désormais dans les moeurs. Sur un point, la loi protège les intérêts économiques du plaignant moyennant preuve de bigamie, sévices ou abandon, il peut exiger un préjudice. Présente dans 30% des foyers et responsable de 60% des divorces, la violence conjugale, est enfin réprimée – en théorie. Les enfants nés hors mariage accèdent aux mêmes droits que ceux « légitimes ». Enfin, le militaire garde son droit de veto au divorce de sa femme, sauf (c’est la nouveauté) «en cas de fautes graves» – non déterminées. Moyennant ces prudences des législateurs, le vote à la quasi-unanimité -127 voix sur 137, a abouti sur l’amorce d’une transition – les députés savent déjà qu’ils devront y revenir !

· Le 23 avril 2001, pour "assister la défense taiwanaise", la Maison Blanche a approuvé la vente de 4 croiseurs de classe Kidd, de 12 bombardiers Orion-P3 anti-submersibles et de 8 sous-marins diesels sous licence européenne (bien qu’aucun Etat de l’UE n’ait accepté de la fournir!). Les USA ajournent la vente de croiseurs Aegis, les plus modernes au monde, mais Pékin voit -on le comprend- des «dommages» dans les relations bilatérales. Le 25 avril, G.W.Bush a déclaré que les US assisteraient –militairement si nécessaire- l’île contre une attaque chinoise: c’était un tournant à 180°de la politique "chinoise" des US, qui maintenaient le flou depuis 1979. Dès lors, Pékin accusait Bush de «menacer la paix et la stabilité» -mais s’empressait de tendre le rameau d’olivier en autorisant (30 avril) l’entrée d’une mission de techniciens américains civils auprès de l’avion espion EP-3 bloqué à Hainan depuis le 1er avril. Ceux ci concluaient (5 mars) que l’appareil était réparable sur place. Le 5 janvier, G.Bush a franchi un autre pas en annonçant "d’ici ‘2004" le déploiement du parapluie anti-missiles NMD, et en proposant au monde la renégociation du traité de 1972 de limitation des Missiles Balistiques. Un Sous-Secrétaire américain est attendu à Pékin les 14 et 15 mai pour en débattre. Pékin parle désormais de «menaces à la paix mondiale» et critique Bush pour son «arrogance… son égotisme et ses caprices». D’autres nuages sombres approchent, avec les deux escales (vers l’Amérique Latine) du Président taiwanais Chen Shuibian à NY et Houston, fin du mois… En résumé : on reste dans une période troublée, mais les deux bords multiplient les contrôles pour prévenir tout dérapage !


A la loupe : LE XINJIANG, province irréductible

En 2001, deux groupes séparatistes ont été démantelés au Xinjiang. En janvier le chef du «Parti Islamique de Dieu » (113 membres), Arkhan Abulla,fut condamné à mort. Le 27 avril, 25 hommes et leur chef Abuduai Nisemaiti furent arrêtés à Kashgar pour tentative de constitution d’une république. 50 ans après leur incorporation à la République populaire de Chine, les ouïgours, de culture turkmène, s’avèrent de peu fiables citoyens, malgré la forte minorité Han chinoise en leur sein (38% de la population de 13M d’âmes). Pourtant selon Amnesty International, la région aurait le record d’exécutions/habitant. La majorité des actes terroristes serait occultée, pour éviter de susciter des vocations, et se concentrer sur la mise en perce des réserves stratégiques en gaz et pétrole ouighour.

Pékin doit affronter l’assistance des ouïgours émigrés dans les Etats d’Asie Centrale, groupuscules intégristes (Talibans, Tchétchènes) et la nostalgie de la "République du Turkestan Oriental" (19’44-1949). D’où le durcissement du gouvernement: le 7 mars, Wang Lequan, Secrétaire provincial admit qu’un «petit nombre de forces hostiles défiait (Pékin) depuis 10 ans». Une campagne «coup de poing» suivit début avril, visant l’éradication du terrorisme en 2 ans, tandis que les 16 membres d’une Association Islamique Chinoise créée mi-avril, doivent «diffuser le Coran comme arme contre l’extrémisme», et donner l’imprimatur aux sermons des imams. La Chine coopère avec les pays de la grande famille turco-musulmane. A Ankara la semaine passée, Li Ruihuan signa un accord de lutte contre «le terrorisme, le séparatisme et l’intégrisme». Pékin espère aussi se concilier les Ouïgours par son Plan de croissance à l’Ouest. Depuis Taiwan, l’ex-leader ouïghour du Printemps de Pékin, Wuer’Kaixi croit pouvoir prédire que «les Han bénéficieront d’abord de la richesse, exacerbant ainsi les antagonismes»… L’avenir dira, mais l’enjeu, lui, est sans doute là.

 


Joint-venture : Wuxi,la pharmacienne flirte avec l’étranger

· Comment, pour les 4 structures de défaisance, récupérer le maximum des 250MM$ d’actifs théoriques reçus des 4 grandes banques d’Etat, en échange de leurs créances insolvables? N’en ayant qu’une pâle idée, trois d’entre elles veulent suivre le conseil de A. Andersen: «ravaler leur orgueil et quérir le savoir faire étranger». Le but -déjà atteint à l’étranger- est de porter le taux de récupération à 50%, au lieu des 20 à 30% maximum espérés jusqu’alors. C’est dans ce contexte qu’il faut lire le mémorandum de coopération sur 3 ans (6 février 2001) entre Cinda, Huarong et Oriental avec la SDD Coréenne Kamco destiné à assister les chinoises en gestion d’actifs et en formation d’experts. Cinda attend aussi le feu vert pour signer une JV avec le fonds d’investissement texan Lone Star, qui "réemballera" et vendra des actifs de Cinda. NB: ce pas des SDD dans la liquidation de leurs actifs en faillite, trouve sa raison dans leur cahier de charges : alors qu’elles ont dix ans pour épurer leur portefeuille, après deux ans d’existence, rien n’a été fait!

· depuis 1994, Roche a investi en Chine 200M$. Le 26 avril 2001, le groupe suisse lançait sa 6ème JV de 75M$ à Wuxi (Jiangsu), d’acide citrique pour l’agro-alimentaire, la pharmacie et les détergents. Avec 30.000t/an, l’usine quadruplera la production mondiale de Roche, à 40.000t/an. 20% de la production de Wuxi alimentera la Chine (les 4 usines de vitamines de Roche comprises), le reste allant aux marchés d’ Asie-Pacifique. Wuxi  accueille aussi (29 avril) la nouvelle usine pharmaceutique d’AstraZeneca.

NB: à en croire ces deux investissements, la pharmacie étrangère a foi dans le sérieux chinois de la guerre au piratage – 1er obstacle à l’investissement étranger. En 2000, pour 63M$ de médicaments illicites ont été détruits, 12.000 labos fermées.

 


Temps fort : LA CSRC tue les poulets – les singes sautillent

Suite au rejet d’une demande de sursis de six mois, Narcissus a l’honneur peu enviable (24 avril 2001) d’être le 1er. groupe rayé de la bourse par la CSRC. Jadis 2è fabricant chinois de machines à laver (en JV avec Whirlpool), Narcissus collectionnait les dettes depuis 4 ans (57 M$). En 2000, son titre était classé PT (transfert particulier), classe des endettés chroniques dont les actions ne s’échangent que le vendredi.

Une sanction ne vient jamais seule : le 25 avril, la CSRC taxait de 54M$ (!!!) 4 courtiers-conseils cantonais (Xinsheng, Zhongbai, Jinyi et Baiyuan) pour manipulation des parts de York-point-S&T. Au moyen de 627 comptes privés au noir et de 3 comptes société, ils avaient pris le contrôle de Yorkpoint (de 1,52% en octobre 1998, à 85% en janvier 2001) et enchéri le cours du titre (par un tour de passe-passe simulant un vif volume d’échanges). La part passa ainsi de 0,67$ en août 1998 à 15,27$ en février 2000. Les 4 associés en avaient tiré… 54M$! L’amende entraîna la chute du cours de York-point de 3%, à 3,28$. Par ces sanctions, la CSRC entend entamer le nettoyage de la bourse chinoise, «aujourd’hui pire qu’un casino» selon l’économiste Wu Jinglian (cf VdlC n°5/VI), et vise à  shaqixiahoutuer le poulet pour effrayer le singe») – décourager la fraude en bourse, renforcer la gestion d’entreprise, refroidir un marché qui en a fort besoin. Même en PT, les firmes n’ont pas fait grand chose pour améliorer leurs bilans, et les acheteurs ne se sont pas détournés d’elles, persuadés que les provinces renfloueraient toujours leurs firmes dans la tourmente. Pour que le message passe, d’autres expulsions et sanctions doivent suivre. Mais comme pour illustrer les limites politiques des pouvoirs de la CSRC dans ce nettoyage des écuries d’Augias, 4 des 11 "PT", plus chanceuses que Narcissus, ont obtenu six mois de sursis. En bourse comme ailleurs, tout le monde est égal, et certains le sont plus que d’autres!

 


Petit Peuple : Rêves répréhensibles d’un juge

· Un soir de mars, le juge Song, d’un tribunal de Chongqing fit à sa femme un poisson d’avril anticipé, d’un goût contestable: la Loi du Mariage (cf "politique") juste promulguée, tolérait désormais la bigamie et lui-même, le petit juge venait d’être désigné comme cobaye. Naïve mais point sotte, l’épouse n’y crut qu’après confirmation par 2 magistrats de mèche. Résignée, elle négocia ses conditions : que la  baoernai ("2ème poitrine") ait un emploi (Mme Song était inactive), et rapporte de l’argent à la maison, tout en dépensant ses forces de jour, ce qui en bonne logique laissait ses chances à l’autre pour l’animation du repos nocturne… Puis la brave Mme Song se mit en quête de sa rivale idéale. L’embrouille tourna à l’aigre, quand elle rencontra en rue un autre juge à qui elle révéla le pot aux roses. Réalisant son ridicule, elle retourna en ses pénates, préparer son rouleau à  jiaozi (raviolis). L’histoire parvint enfin aux oreilles du Président du tribunal, qui convoqua Song pour lui administrer un blâme politique: on ne badine pas avec la Loi Chinoise, moins encore la morale du Parti!