Le Vent de la Chine Numéro 16

du 22 avril au 5 mai 2001

Editorial : editorial_16_2001

La crise sino-américaine est entrée dans sa 4. semaine. 2 jours de palabres à Pékin n’ont rien dénoué. Le 18 avril, les américains claquaient la porte après deux heures pour revenir le 19 ayant reçu la promesse qu’on discuterait la restitution de l’avion US. C’était pour se séparer sans accord – les USA repartaient les mains vides!

Pékin maintient fermeté, et étonnante placidité. Durant une part des 11 jours de détention de l’équipage, Jiang (n°1) était en Amérique Latine, Li Peng (N°2), Zhu (n°3) en province et Zhang Wannian, Chef d’Etat-major, en Australie.

Indice d’un style de gouvernement: le Politbureau a voté son analyse («accident», faute US»), ses exigences («des

excuses»), et la suite s’est gérée «au mégaphone», entre les 2 Prsdts!

Une cérémonie (20 avril) en l’honneur du pilote disparu Wang Wei, fermait la porte à tout compromis. Tout se passe comme si le Parti, l’APL et la fraction agissante de l’opinion se retrouvaient unis comme plus depuis longtemps derrière une image rassurante de la Nation: la tentation est grande, d’exporter ses problèmes -manière, au passage, d’évoquer ce qui se passerait, dût le régime souffrir déstabilisation ou humiliation!

A l’étranger, à court terme, cette ligne dure n’a pas nui à la Chine, qui y gagne en charisme, ayant su contraindre les USA à discuter du principe de leur espionnage aérien. Ceci explique en partie pourquoi à l’ONU, à Genève, la Chine a brisé la tentative (US) de discuter de ses Droits de l’homme – avec une voix de plus qu’en 2000.

Les dangers sont pour plus tard, si la Chine restait sur ses positions.

Pour l’heure, elle peut faire le plein de ses voix à l’intérieur et à l’extérieur, avant de lancer le geste conciliateur (en rendant l’avion, bien nettoyé), qui lui vaudra, à nouveau, l’image de modération.

Encore déconcertée, la Maison Blanche n’est pas prête à réagir, et ses conseillers veulent éviter tout risque, par exemple en livrant des armes sophistiquées à Taiwan, ou bien en refusant à la Chine, en 2001 les privilèges

douaniers de la clause MFN. Mais l’humeur n’est sereine ni à Washington, ni ailleurs en Asie (d’autant que la Chine vient d’arrêter le 5ème intellectuel sino-US – Wu Jianmin, 8 avril) : Lee Teng-hui, l’ex-Président taiwanais, vient de recevoir, en 24h, deux visas, malgré le souhait exprès de Pékin : un aux USA, un au Japon!

 


Editorial : Relations Chine/USA : Pékin tient la barre!

La crise sino-américaine est entrée dans sa 4ième semaine.

Deux jours de palabres à Pékin n’ont rien dénoué. Le 18 avril, les américains claquaient la porte après deux heures pour revenir le 19 ayant reçu la promesse qu’on discuterait la restitution de l’avion US. C’était pour se séparer sans accord – les USA repartaient les mains vides!

Pékin maintient fermeté, et étonnante placidité. Durant une part des 11 jours de détention de l’équipage, Jiang (n°1) était en Amérique Latine, Li Peng (N°2), Zhu (n°3) en province et Zhang Wannian, Chef d’Etat-major, en Australie.

Indice d’un style de gouvernement: le Politbureau a voté son analyse («accident», faute US»), ses exigences («des excuses»), et la suite s’est gérée «au mégaphone», entre les 2 Présidents!

Une cérémonie (20 avril) en l’honneur du pilote disparu Wang Wei, fermait la porte à tout compromis. Tout se passe comme si le Parti, l’APL et la fraction agissante de l’opinion se retrouvaient unis comme plus depuis longtemps derrière une image rassurante de la Nation: la tentation est grande, d’exporter ses problèmes -manière, au passage, d’évoquer ce qui se passerait, dût le régime souffrir déstabilisation ou humiliation!

A l’étranger, à court terme, cette ligne dure n’a pas nui à la Chine, qui y gagne en charisme, ayant su contraindre les USA à discuter du principe de leur espionnage aérien. Ceci explique en partie pourquoi à l’ONU, à Genève, la Chine a brisé la tentative (US) de discuter de ses Droits de l’homme – avec une voix de plus qu’en 2000.

Les dangers sont pour plus tard, si la Chine restait sur ses positions.

Pour l’heure, elle peut faire le plein de ses voix à l’intérieur et à l’extérieur, avant de lancer le geste conciliateur (en rendant l’avion, bien nettoyé), qui lui vaudra, à nouveau, l’image de modération.

Encore déconcertée, la Maison Blanche n’est pas prête à réagir, et ses conseillers veulent éviter tout risque, par exemple en livrant des armes sophistiquées à Taiwan, ou bien en refusant à la Chine, en 2001 les privilèges douaniers de la clause MFN.

Mais l’humeur n’est sereine ni à Washington, ni ailleurs en Asie (d’autant que la Chine vient d’arrêter le 5ème intellectuel sino-US – Wu Jianmin, 8 avril) : Lee Teng-hui, l’ex-Président taiwanais, vient de recevoir, en 24h, deux visas, malgré le souhait exprès de Pékin : un aux USA, un au Japon!

 


A la loupe : WEF à Pékin – le retour du manège

Inventeur de la formule, le World Economic Forum (Sommet de Davos) est revenu à Pékin (17 au 19 avril), décortiquant l’économie chinoise et faisant le point sur les thèmes de l’année. Parmi ceux-ci, la naissance d’une petite bourgeoisie. En elle, Kodak trouve en Chine son second marché après Etats-Unis, avec 9,2 MM$ d’investissements sur 9 sites et 6000 boutiques Kodak Express (concept de franchise développé pour la Chine). Le consommateur a une demande émotionnelle de référence-image. La croissance (de la famille, du bureau) se photographie -«Adieu, pauvreté»!

En énergie, on nous rappelle que le Chinois ne consomme que 1,2 baril/an, contre 4,2 dans le monde, et que la dépendance pétrolière à l’import atteindra, d’ici 2020, 76%. Le charbon, trois à quatre fois moins cher, continuera à progresser en dépit de ses pluies acides (15MM$ de pertes/an -mais peut on calculer le préjudice d’une vie sans arbre?). Les pétroliers doutent de la capacité de financement du gazoduc Est-Ouest (21MM$) -moins pour la faiblesse des réserves prouvées, que de l’impératif de construire, en même temps, les réseaux urbains de distribution.

La Bourse garde son intriguant statut de premier ET dernier de la classe mondiale. Troisième d’Asie avec 1100 firmes listées et 604MM$, elle monte de 60% par an -quoique 54% des parts soient à l’Etat, dont les intérêts d’actionnaire ne sont pas représentés au conseil de direction. La bulle éclatera, pensent les experts, mais en attendant, les meilleures valeurs chinoises, qui se languissent en bourse de Hong Kong (dont elles forment 28% du capital), rêvent de retour au pays !


Pol : L’oeil était sur le net…

· En octobre 2000, éclatait l’alerte au HIV, avec 1300 cas avérés (en réalité, beaucoup plus) dans le Henan et le Shaanxi, dus à la collecte vénale du sang (cf VdlC n°12/VI). Aujourd’hui, dans une tentative pour reprendre le contrôle Pékin annonce sa première émission de bons d’Etat destinés aux infrastructures sanitaires, pour 2001-2002. Les 115 M$ recueillis iront à l’équipement ou à l’ouverture de banques du sang à l’Ouest et au Centre. Ces financements permettront de soutenir l’application de la loi du don du sang, et du règlement de 1996 sur les produits du sang. L’initiative était réclamée par l’OMS et fort urgente: face au scandale mal étouffé du sang contaminé, le risque de voir disparaître tout don de sang, vénal comme bénévole, ne peut être évité que par une politique assortie de financements!

· «ceci figurera dans votre dossier salarial» n’est plus une menace en l’air en Chine. Lancé le 26 mars 2001, le site «Fichiers Noirs» a déjà convaincu 20.000 sociétés de payer 36$/an (pour moins de 50 employés) ou 0,72$/pers. (+de 50). Sur demande, le site intègre dans sa banque de données paresse, malhonnêteté, crimes, mais aussi initiatives, bon travail et performances de chaque salarié. L’employé reçoit aussi, du patron, une note de 0 à 99. L’idée de Fichiers Noirs est d’offrir aux firmes les références sur leurs postulants, et de faire échec au nomadisme professionnel. Comme la base de données des diplômes (cf VdlC n°6/VI), le site veut faire échec aux CV falsifiés. Le secteur des technologies de l’information, où les employés font preuve d’une grande mobilité, a le mieux répondu à l’appel. Mais parallèlement, des voix s’élèvent pour contester la légalité du procédé, en regard à la vie privée.


Argent : Sinopec investit et change les prix

· un des grands producteurs de céréales fourragères du pays (5% du marché), Eastern Hope -une des quatre branches de la nébuleuse familiale Hope- sous la férule de Liu Yongxing, troisième fortune nationale, est aussi, peut-être, le seul groupe privé qui ose taquiner la finance publique. Ayant 60M$ à placer et cherchant à se diversifier, Hope avait jeté son dévolu sur le secteur bancaire: le 5 avril 2001 il acquérait 15M de parts de la banque Everbright, et offrait d’en reprendre le double, pour 10% du capital. C’était sans compter sur l’opposition d’Everbright, qui a repoussé l’offre publique d’achat hostile, réticente à laisser une entreprise privée augmenter son contrôle, même minoritaire. D’autres, privés, ont moins d’états d’âme: détenteur de 5% de Minsheng Insurance, premier assureur privé, Hope attend le feu vert pour devenir son premier actionnaire avec 15% des parts (18M$). Par ailleurs, Hope détient 5% de Shanghai Bank, Minsheng Bank, Chengdu Commercial Bank, et Shanghai Bright Dairy (investissement total : 60M$), et pour Liu Yongxing, «ce n’est que le début !».

· au premier trimestre 2001, le PIB chinois a cru de 8,1% (239MM$), dépassant de 7,5% les prévisions. L’ export, bien qu’en hausse de 14,7% (59,3MM$) n’a pas atteint les cimes de 2000 (+27,8%). Pendant ce temps l’import, à + 17,3% (54,5MM$) faisait piquer du nez l’excédent commercial de 9% (4,8MM$). Pékin a compensé cette dérive par davantage de dépenses: les investissements d’infrastructures sont montés de 12,4% (46,8 MM$) en janvier-mars (14% en mars) contre 9,3% en 2000. Pour mieux vacciner son économie contre la fatigue mondiale, l’Etat émettra 60,2MM$ de bons en 2001. Quant à la consommation, moteur de croissance responsable de 60% PIB, les ventes au détail ont augmenté de 10,3% (112 MM$) et l’indice des prix a progressé de 0,7% au 1er trim. (contre 0,4% en 2000), grâce à la hausse des salaires des cadres et aux dépenses du Nouvel an Chinois. L’indice, bien en dessous des 2% synonymes d’inflation, trahit le maintien très ferme chez l’usager, de sa réticence à sortir le porte-feuille. Contrairement aux investisseurs "étrangers", aux starting blocks de l’OMC. De janvier à mars, les investissements directs étrangers réels ont augmenté de 11,7% (8MM$), ceux contractés de 44,3% (16MM$). Le 31 mars, à 176 MM$, les réserves en devises faisaient la roue (contre 165MM$ fin décembre). Les résultats de ce 1er trim. forcent plusieurs économistes chinois à revoir leur copie pour 2001: le PIB atteindrait 7,5-7,8% (au lieu de 7%, chiffre précédent). D’autres persistent et signent: il y a trop d’incertitudes, notamment pour l’économie US…

· le 16 avril 2001, Sinopec, n°2 du pétrole/gaz, publiait des profits nets de 2,3MM$ en 2000 (+306%) sur un chiffre d’affaires de 39MM$. Résultats dus, admet le groupe, à la flambée des cours mondiaux, une forte demande et ses efforts en marketing et en baisse des coûts. Malgré des prix plus bas cette année, qui ont fait chuter son titre à Hong Kong (1,26HK$ le 19/4 contre 1,61HK$ lors de sa mise en circulation en octobre 2000), le géant à de grandes ambitions pour 2001. Il veut: Ê épargner, sur ses coûts, 265M$;

Ë émettre 3MM de parts «A» en bourse de Shanghai, pour 1,2MM$, destiné aux financement de 2 oléoducs (Ningbo-Nankin via Shanghai, Maoming-Kunming, ce dernier destiné aux produits raffinés) et au rachat des actifs « nobles » de National Star, titulaire de 53,6Mt de réserves prouvées de brut, et de 73MM mètres3 de gaz. National Star augmentera la capacité de production de Sinopec, son talon d’Achille;

Ì conclure les négociations pour trois réseaux provinciaux de stations service avec Exxon-Mobil, Shell et BP, dans le Fujian, le Jiangsu et le Zhejiang. Chaque réseau en JV prévoyant 150 stations la première année, 500 à la fin de la troisième. La conjoncture ayant cessé d’être en sa faveur, afin d’optimiser ses ventes et ses profits au détail, Sinopec fait pression sur le pouvoir pour modifier le système de « prix national au détail », introduit en juin en remplacement du prix d’Etat. Conçu pour refléter, étalées dans le temps, les fluctuations mondiales, le système établit les prix nationaux à partir de la moyenne des cotations à Singapour le mois précédent. Sinopec déplore que le marché (raffineries, négociants) puissent connaître ces prix à l’avance, sur internet par exemple, et achète au moment le plus favorable – à la veille d’une hausse des prix- "snobant" les stocks dès que les prix sont à la baisse. Pauvres riches !

 


Politique : politique_16_2001

· En octobre 2000, éclatait l’alerte au HIV, avec 1300 cas avérés (en réalité, beaucoup plus) dans le Henan et le Shaanxi, dus à la collecte vénale du sang (cf VdlC n°12/VI). Aujourd’hui, dans une tentative pour reprendre le contrôle Pékin annonce sa première émission de bons d’Etat destinés aux infrastructures sanitaires, pour 2001-2002. Les 115 M$ recueillis iront à l’équipement ou à l’ouverture de banques du sang à l’Ouest et au Centre. Ces financements permettront de soutenir l’application de la loi du don du sang, et du règlement de 1996 sur les produits du sang. L’initiative était réclamée par l’OMS et fort urgente: face au scandale mal étouffé du sang contaminé, le risque de voir disparaître tout don de sang, vénal comme bénévole, ne peut être évité que par une politique assortie de financements!

· «ceci figurera dans votre dossier salarial» n’est plus une menace en l’air en Chine. Lancé le 26 mars 2001, le site «Fichiers Noirs» a déjà convaincu 20.000 sociétés de payer 36$/an (pour moins de 50 employés) ou 0,72$/pers. (+de 50). Sur demande, le site intègre dans sa banque de données paresse, malhonnêteté, crimes, mais aussi initiatives, bon travail et performances de chaque salarié. L’employé reçoit aussi, du patron, une note de 0 à 99. L’idée de Fichiers Noirs est d’offrir aux firmes les références sur leurs postulants, et de faire échec au nomadisme professionnel. Comme la base de données des diplômes (cf VdlC n°6/VI), le site veut faire échec aux CV falsifiés. Le secteur des technologies de l’information, où les employés font preuve d’une grande mobilité, a le mieux répondu à l’appel. Mais parallèlement, des voix s’élèvent pour contester la légalité du procédé, en regard à la vie privée.


A la loupe : Le retour des cerveaux

Le 15 mars 2001, la hongkongaise Laura Cha, ex-vice-Présidente de la Commission boursière de Hong Kong, est passée vice-Présidente de la CSRC: 1er cas d’un "pro", nommé hors Parti Communiste Chinois à un poste-clef au gouvernement (elle fit une allocution prudente lors du WEF, pour vanter cette ouverture). Guo Shuqing , lui, nouveau vice-gouverneur de la BPdC,est diplômé d’Oxford. Cette tendance répond à la directive de Zhu Rongji, d’intégrer au corps des technocrates plus de cerveaux formés hors de Chine (Cha est diplômée en Droit aux Etats-Unis), avec traitement «incitatif» (700.000$/an pour Cha, 20 fois plus que son patron Zhou Xiaochuan qui frise quand même les 3000$/ mois). Le double but (copié de Hong Kong) étant de supprimer une cause de corruption tout en oxygénant la pratique administrative. Avec 3,6% (46M) de diplômés contre 30-50% à l’Ouest, la Chine a un besoin crucial d’importer des cerveaux, ne serait-ce que pour compenser la fuite des siens, débauchés par des groupes étrangers plus généreux. La dernière mode, à la tête d’entreprises d’Etat groupes privés, est à l’embauche d’experts russes, appréciés tant pour leur background socialiste que pour leurs exigences financières, plus modestes que celles de gens de l’U.E. ou des USA.

Au sein de la bureaucratie, un besoin de printemps se fait aussi sentir: un système de concours testé dans le Guangdong devrait aboutir d’ici 2005 au recrutement public (hors PCC) d’un tiers des cadres moyens et supérieurs, et d’ici 2010, à celui d’un tiers des vice-ministres et gouverneurs. Par sa nouveauté, ce principe de recrutement par le mérite plus que par les  guanxi, pourrait transformer le paysage politique -à condition que le plafond d’un tiers envisagé pour ce mode de sélection soit élargi. A terme, le choix, face à cette opportunité visionnaire, réside entre efficacité de l’administration, et maintien en son sein du corps du Parti – tant pour les privilèges des hommes, que pour l’influence !

 


Joint-venture : Les habits neufs des impôts

· L’effort public pour réduire le déficit budgétaire par l’imposition semble porter ses fruits en 2000, l’assiette d’impôt ayant grimpé de 22,8%. Dans cet "effort", les groupes étrangers jouent un rôle puissant, ayant effectué un "triple saut" de +49,7% à 4MM$. Pour poursuivre le momentum tout en luttant contre l’évasion fiscale, l’Administration des Taxes va appliquer des 2001 (selon Deloitte & Touche) une nouvelle déclaration fiscale pour firmes étrangères, remplaçant l’actuelle, accusée d’encourager la corruption, puisque la décision d’accepter ou de rejeter la déclaration reposait sur l’inspecteur. Désormais, l’Administration disposera de toutes les informations nécessaires en un seul document, grâce à ses 23 positions et barèmes. Les 365.350 firmes étrangères sont taxées à 33%, sauf quelques bénéficiaires de dégrèvements, en cours d’abolition.

NB: Sina.com annonce (6 avril 2001) une taxe de 20% unique sur les tabacs, alcools et loisirs (karaoké, discos, golf, bowling…) pour remplacer bientôt la pléthore de taxes et accises.

 


Temps fort : Banques étrangères: le silence des loups

Un vif débat oppose économistes libéraux et conservateurs, sur la place à faire à la banque étrangère: ceux-ci décrivant celle-là comme meute de loups s’apprêtant, une fois la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce, à ne faire qu’une bouchée des agneaux nationaux. Jusqu’à présent toutefois, les loups semblent «au régime». S’ils ont progressé en nombre d’agences (de 21 à 178 entre 1999 et 2000) voire en actifs (+ 8,8%/an, à 34,6MM$), leur volume d’affaires reste faible, en raison des barrières, telle celle géographique : les agences ne peuvent opérer que dans leur ville. Telle aussi celle des marchés : 32 agences (18%) peuvent fournir du RMB -et aux seuls étrangers. La majorité se voit coupée de la demande, en hausse, des JV et groupes étrangers en prêts-RMB – avec meilleurs taux et moindre risque de change. Ce qui a causé un report des emprunts-devises (-13,8%, à 18,8MM$ en 2000), vers ceux en  («monnaie du peuple»).

Même les 32 «chanceuses» se voient handicapées sur ce marché. Ne pouvant offrir de comptes en RMB, les étrangères doivent se fournir auprès des chinoises, à 4,5% – 5%/an, et répercuter le taux dans leur prêt à 5,85%, sans oublier la taxe sur les intérêts (50pts de base), réduisant leur profit en peau de chagrin. En face, les banques chinoises ont meilleur jeu, puisant pour leurs prêts dans l’abondante manne (peu rémunérée) de leurs dépôts privés. Une autre « haie », pour ces 32, est le plafond fixé à leurs prêts en RMB, à 50% de ceux en devises. C’est ainsi que les «loups» étrangers dînent des miettes des agneaux chinois, qui gardent le monopole des meilleurs clients. Ils se consolent des promesses de l’OMC: après 2 ans, pour tous, comptes «industriels chinois» en RMB, et comptes privés après 5 ans. Les négociations OMC, justement, achoppent dernièrement : entre autres raisons, pour permettre aux «agneaux» de convertir leur graisse en muscle – améliorer la gestion, couper dans les mauvaises dettes, entrer en bourse.

 


Petit Peuple : La justicière est à la rue

Institutrice à Hepu (Guangxi), Zhang Yaochun avait choisi en 1995 d’entrer dans la police, pour mieux s’acquitter de ses devoirs de citoyenne. La désillusion n’en fut que plus amère: son commissariat, sous l’angle du respect des lois, s’avéra vite plus proche des Ripoux que de Julie Lescaut. Comme ses collègues abusaient à qui mieux mieux, débarqua de Pékin en juin ’98, la  jilujiancha (Commission de vérification de la discipline): son sang ne fit qu’un tour, elle n’hésita pas à tout "balancer" – trafics d’armes, jeux d’argent mal acquis et amantes financées par les amendes. Les fauteurs furent bien punis, mais les limiers durent bien repartir: Zhang «la moucharde», fut mise au ban, menacée de morts imaginatives, et copieusement calomniée. On ne lui confia plus rien à faire, pas même (surtout pas!) les tampons du service… Dès lors, son sort semblait aussi scellé que celui du poisson du proverbe  fu di you yu («au fond du pot, le poisson nage »): en juillet criblée de mauvaises notes (retard, fautes de service), elle fut congédiée. Depuis, ses maints recours, attirent davantage l’attention de la presse que de la justice. A qui veut l’entendre, Zhang émet sa digne plainte : "cracher dans sa soupe, était déjà grave. Mais le faire comme femme, ça ne se pardonne pas!"