Le Vent de la Chine Numéro 12

du 25 au 30 mars 2001

Editorial : editorial_12_2001

C’est seulement maintenant, la session de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) bouclée, que démarre l’année politique chinoise, avec une série drue d’échéances !

Première urgence: couper court, comme depuis 10 ans aux critiques de l’ONU à Genève. Première victoire chinoise (prévisible): l’Union Européenne « soutiendra, mais ne s’associe pas à » la résolution soumise par les Etats-Unis. Pour renforcer sa majorité tiers-mondiste dans cette enceinte, Jiang part (5-17 avril 2001) pour cinq pays d’Amérique Latine, et ses ministres se ruent vers l’Europe: Tang Jiaxuan (Affaires Etrangères) à Paris, (en route vers le Chili), suivi de Li Lanqing (Vice Premier) et Xiang Huaicheng (Finance)…

A l’intérieur, le Parti Communiste se livre à un débat ardent autour des campagnes des sangedaibiao, trois représentativités, et du yidezhiguo, gouvernement par la vertu: l’enjeu est de réconcilier légitimité et modernité, modifier des dogmes forgés à l’ère des paysans aux pieds nus pour les adapter à celle des ordinateurs: la Chine de Jiang revit, douze ans après, les affres de l’URSS de Gorbatchev!

Mais l’échéance la plus pesante, est celle des Etats-Unis. Avec le Président Clinton, son allié, Pékin pouvait se permettre de battre à froid les USA. Mais une crise avec G.W. Bush est impossible, pour deux raisons: ¬ elle affaiblirait le Président Jiang Zemin au moment crucial de la mise en place de sa succession; ­ c’est des USA que dépend toujours, par la pompe globale du commerce et des Investissements étrangers directs (IED), la croissance de l’Asie. Aussi Pékin a-t-elle adouci le ton envers le programme spatial anti-missiles NMD comme sur Taiwan. Reçu à la Maison Blanche le 22/03, Qian Qichen, homme de confiance de Jiang, a reçu de vastes pouvoirs pour « trouver le deal » et rétablir le dialogue : des concessions fortes et réciproques, sur le terrain stratégique, sont possibles, à dégager d’ici six mois puis avaliser en marge du Sommet de l’APEC en octobre à Shanghai. Bush s’est déjà montré diplomate, en disant qu’il ne confierait pas dès 2001 à Taiwan les croiseurs Arleigh-Burke dotés de radars Aegis -summum de la technique US, à 1,1MM$ pièce, capable de suivre 100 cibles à la fois. Tant par prudence, que pour raisons techniques: les forces taiwanaises, n’auront pas la maîtrise d’un outil si complexe, avant au moins l’année prochaine. Ce sont donc 12 mois accordés à Pékin, pour clarifier ses intentions sur le frère ennemi ex-nationaliste!


Editorial : Jiang – un carnet de bal rempli jusqu’à l’automne

C’est seulement maintenant, la session de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) bouclée, que démarre l’année politique chinoise, avec une série drue d’échéances !

Première urgence: couper court, comme depuis 10 ans aux critiques de l’ONU à Genève. Première victoire chinoise (prévisible): l’Union Européenne « soutiendra, mais ne s’associe pas à » la résolution soumise par les Etats-Unis. Pour renforcer sa majorité tiers-mondiste dans cette enceinte, Jiang part (5-17 avril 2001) pour cinq pays d’Amérique Latine, et ses ministres se ruent vers l’Europe: Tang Jiaxuan (Affaires Etrangères) à Paris, (en route vers le Chili), suivi de Li Lanqing (Vice Premier) et Xiang Huaicheng (Finance)…

A l’intérieur, le Parti Communiste se livre à un débat ardent autour des campagnes des sangedaibiao, trois représentativités, et du yidezhiguo, gouvernement par la vertu: l’enjeu est de réconcilier légitimité et modernité, modifier des dogmes forgés à l’ère des paysans aux pieds nus pour les adapter à celle des ordinateurs: la Chine de Jiang revit, douze ans après, les affres de l’URSS de Gorbatchev!

Mais l’échéance la plus pesante, est celle des Etats-Unis. Avec le Président Clinton, son allié, Pékin pouvait se permettre de battre à froid les USA. Mais une crise avec G.W. Bush est impossible, pour deux raisons: ¬ elle affaiblirait le Président Jiang Zemin au moment crucial de la mise en place de sa succession; ­ c’est des USA que dépend toujours, par la pompe globale du commerce et des Investissements étrangers directs (IED), la croissance de l’Asie. Aussi Pékin a-t-elle adouci le ton envers le programme spatial anti-missiles NMD comme sur Taiwan. Reçu à la Maison Blanche le 22/03, Qian Qichen, homme de confiance de Jiang, a reçu de vastes pouvoirs pour « trouver le deal » et rétablir le dialogue : des concessions fortes et réciproques, sur le terrain stratégique, sont possibles, à dégager d’ici six mois puis avaliser en marge du Sommet de l’APEC en octobre à Shanghai. Bush s’est déjà montré diplomate, en disant qu’il ne confierait pas dès 2001 à Taiwan les croiseurs Arleigh-Burke dotés de radars Aegis -summum de la technique US, à 1,1MM$ pièce, capable de suivre 100 cibles à la fois. Tant par prudence, que pour raisons techniques: les forces taiwanaises, n’auront pas la maîtrise d’un outil si complexe, avant au moins l’année prochaine. Ce sont donc 12 mois accordés à Pékin, pour clarifier ses intentions sur le frère ennemi ex-nationaliste!


A la loupe : Le SIDA rappelle son existence

En octobre 2000, Shangluo (Shaanxi) se découvrit 1000 séropositifs sur 7000 paysans donneurs testés. Fin novembre à Wenlou (Henan), 300 séropositifs furent identifiés parmi les paysans, qui avaient vendu leur sang à des trafiquants sans scrupules ni matériel aseptisé. Ignorés par la presse, ces cas posaient la question de l’avancée du fléau en Chine. Le 1er décembre (Journée internationale du SIDA), Nanfang Zhoumou (Canton), en publiant l’interview d’un paysan contaminé, marqua un virage dans la manière d’aborder le sujet. En 2000, Pékin reconnaissait 20.000 cas. Aujourd’hui, elle en admet entre 600.000 et 1M.

Le 15 mars 2001, l’hebdomadaire du Sud refit parler de lui en accusant des cadres d’un hôpital militaire du Shaanxi de contrôler une bonne part des banques de sang de la province, personnages assez puissants pour bloquer toute enquête d’évaluation des cas, et toute action d’assistance aux villages frappés – puis pour se faire rayer des listes des responsables. Ceci, bien que le premier réseau de collecte clandestine dans le Shaanxi, eût été démantelé dès janvier 1997.

Aussi, de plus en plus de voix s’élèvent, réclamant la condition sine qua non pour enrayer le SIDA en Chine, tant qu’il en est encore temps -la transparence. Un autre risque pointe: celui d’une disparition de presque tous les dons de sang, et partant, d’une désastreuse paralysie des hôpitaux! NB: Le Henan annonce justement un plan pilote de Sécurité Sociale (SS) rurale à 10Y/foyer/an. Offre généreuse, mais probablement irréaliste – où trouver les fonds, dans une province pauvre, pour soigner quasi-gratuitement ces 70M de paysans, clients potentiels?


Pol : Shijiazhuang -un suspect sous les verrous

· A Shijiazhuang, capitale du Hubei (3,5 M d’habitants intra muros), le 16 mars 2001, 4 explosions ont détruit un immeuble-dortoir, et endommagé trois autres à l’usine de coton n°3. L’attentat le plus grave depuis des décennies a plongé le pays dans la consternation. La presse évoque 108 victimes (+38 blessés), les résidents parlent de 200. Accusé du mauvais coup, Jin Ruchao a été arrêté (23/3) à Beihai (Guangxi) -sa tête avait été mise à prix 150.000Y. Il aurait (selon Xinhua) tout avoué, y compris le meurtre de sa compagne une semaine avant l’attentat. Mais cette thèse passe mal: un handicapé (sourd), pouvait il réaliser seul cette attaque parfaitement réglée ? Et pour quel mobile ? Affaire de triade ? De corruption ? A ce stade, on n’en sait pas plus.  Les résidents eux, notent deux évolutions inquiétantes : paupérisation, et insécurité montantes !


Argent : Hubei, un marché ferroviaire

· avec imagination et rage de s’en sortir, la Chine de l’intérieur vient de réinventer le commerce ambulant. A Fenghuo (Hubei, près de Wuhan), en mars 2000, Secrétaire du Parti et directeur des finances proposaient à leurs 1500 paysans de reprendre collectivement, pour 1,2M$ (montant astronomique pour la région), 600 mètres de voie ferrée et quelques wagons: l’investissement a suffi pour doter le village, à très bas prix, d’un marché au gros de légumes et de viande. L’outil a connu le succès immédiat auprès des producteurs, grossistes et détaillants, heureux d’éviter les frais exorbitants d’octroi à l’entrée de Wuhan. Dès 2000, le marché de Fenghuo a réalisé 18M$ de contrats et 0,97M$ de profits. Le directeur des finances espère 2,4M$ de revenus par année d’ici trois à cinq ans. Serait-ce la parade des campagnes, aux taxes abusives de la ville?

· marché très porteur (8% du PIB en 2000), l‘immobilier est une des priorités du dixième plan, qui veut accroître la surface urbaine lotie de 10m2 par habitant fin 2000, à 23m2 par habitant en 2005. Presse et administration recensent les obstacles qui se dressent -sans grands changements depuis 12 mois: ¬ la mise en place d’une législation définissant mieux les droits et devoirs de l’acquéreur (notamment le titre de propriété); ­ celle des prêts bancaires et de l’hypothèque. 5M de familles, d’ici 2005, auront accès à 60MM$ de crédit; ® le renforcement de la qualité (souvent trop basse) de la construction; ¯ la création d’un marché secondaire, qui reste embryonnaire, freiné par les points ¬ et ®. Enfin °, pour faire décoller l’immobilier, une hausse des salaires est indispensable.

· en août 2000, Huarong, structure de défaisance de l’ICBC avait épongé 75M$ de dettes du groupe Monkey King de Yichang (Hubei), et préparait la revente des 105M$ d’actifs à des investisseurs étrangers: c’était compter sans un «coup de Jarnac» de l’entreprise d’Etat qui (27 février 2001) déclarait la faillite auprès du tribunal de Yichang -sans prévenir Huarong- avec sur ses livres, seulement 45M$ de capital: elle avait fudichouxin, « retiré le bois sous la marmite », et offert ses actifs, allégés de toutes dettes, à la mairie de Yichang – ne permettant à Huarong de récupérer que 10% des dettes. L’Etat, victime, envisage de rayer Monkey King des firmes cotées en bourse! NB: le sujet préoccupe également la Banque Mondiale, dans son « rapport sur les faillites de EE en Chine » (19/03), qui réclame l’adoption immédiate des « amendements à la Loi de la Faillite », au placard depuis 1995 pour « préserver la stabilité sociale ». Faute d’un instrument efficace pour gérer les situations d’insolvabilité, et d’une protection minimale de ses investisseurs, c’est la croissance toute entière qui pâtira, avertit la Banque mondiale!


Politique : politique_12_2001

· A Shijiazhuang, capitale du Hubei (3,5 M d’habitants intra muros), le 16 mars 2001, 4 explosions ont détruit un immeuble-dortoir, et endommagé trois autres à l’usine de coton n°3. L’attentat le plus grave depuis des décennies a plongé le pays dans la consternation. La presse évoque 108 victimes (+38 blessés), les résidents parlent de 200. Accusé du mauvais coup, Jin Ruchao a été arrêté (23/3) à Beihai (Guangxi) -sa tête avait été mise à prix 150.000Y. Il aurait (selon Xinhua) tout avoué, y compris le meurtre de sa compagne une semaine avant l’attentat. Mais cette thèse passe mal: un handicapé (sourd), pouvait il réaliser seul cette attaque parfaitement réglée ? Et pour quel mobile ? Affaire de triade ? De corruption ? A ce stade, on n’en sait pas plus.  Les résidents eux, notent deux évolutions inquiétantes : paupérisation, et insécurité montantes !


A la loupe : Bétail chinois: le bonheur est dans le pré

La fièvre aphteuse sévit en Union Européenne (Grande-Bretagne, France, Pays Bas) mais aussi, depuis mai, en Mongolie, où 60.000 cas ont été répertoriés dans un troupeau affaibli par 2 hivers glaciaux. Les foyers d’infection les plus proches, ne sont qu’à 60km de la Mongolie Intérieure (en Chine), pacage de 50M de boeufs, chèvres, ou moutons, 1/3 du cheptel national. Pour Xu Yanhui, Directeur des service vétérinaires provinciaux, la situation est sous contrôle, même la contagion par voie éolienne reste un risque fort: « aucun cas n’a été constaté en Chine, et la prophylaxie est à son max », bannissant les produits animaux frais européens, mongols et birmans. Mais la contrebande demeure: depuis juin 2000, 20 contrôles douaniers ont permis de saisir 14 tonnes de laine mongole porteuse de fièvre aphteuse, et pas moins de 450.000t de peaux. La Chine n’est pas au delà de tout soupçon: en avril, un blocus Sud-coréen a frappé le foin chinois, accusé d’avoir infecté son bétail.

Le 15 février 2001, au terme d’une enquête-éclair (5jours), Pékin concluait que son cheptel était indemne d’ESB. Mais tout risque ne peut être exclu, puisque les imports de farines animales d’UE n’ont été interdites qu’en janvier 2001 et que, selon un responsable des tests nationaux d’ESB à Qingdao (Shandong), bétail ou produits infectés d’Europe, ont pu être importés avant que la crise n’éclate dans ces pays. D’autre part, les experts étrangers s’accordent à dire que les tests vétérinaires ne sont pas suffisants en Chine pour garantir l’innocuité de tout le cheptel.

Ces réserves mises à part, la Chine a un élevage en bon état, ce qui lui vaut une double plus value: davantage d’exportations (pour 860M$en 2000) grâce à l’embargo sur des viandes d’UE et d’Argentine, et une protection « à rallonge » pour son marché, en fermant ses portes (entre autres) aux poudres de lait pasteurisées, non suspectes de contamination, mais qui laissent la place libre au secteur laitier intérieur, en pleine expansion !

 


Joint-venture : Alcoa – l’aluminium sera chinois, ou ne sera pas

• après avoir fait couler de l’encre en ouvrant (en 2000) tom.com, JV de e-business (VdlC n°6/V), le magnat hongkongais Li Kashing réoriente ses investissements vers des secteurs plus conventionnels. Hutchison Whampoa, son vaisseau-amiral va payer 121M$ pour 49% du terminal conteneurs de Beilun-Ningbo (Zhejiang). Avec une capacité annuelle de 700.000 EVP, Ningbo est un des six ports (10 en décembre 2001) à dépasser les 100Mt de fret dans l’année. Ce contrat consolide la position d’investisseur étranger n°1 dans les ports chinois de Hutchison. Les huit ports nationaux dans lesquels il détenait des parts ont trusté 25% du fret. En même temps que Beilun, Hutchison vise une majorité dans la troisième tranche du port de Yantian-Shenzhen. Ceci a induit le Ministère des Communications à interdire désormais les prises de contrôle d’outil portuaire par « l’étranger ». Décision non rétroactive: Hutchison conservera ses majorités dans les deux premières tranches de Yantian! NB: il peut être utile de rappeler que le consortium Hongkongais n’a pas infligé ce genre de souci qu’à la Chine, mais aussi, en 1997, aux Etats-Unis, en obtenant pour 20 ans la concession de gestion des Ports du Canal de Panama.

• la quasi-récession de leur pays est pour les firmes nippones un puissant incitatif à délocaliser. Toshiba, n°3 japonais du téléviseur, transfère en Chine toute l’activité de production d’appareils conventionnels. Son usine de Dalian (Liaoning) montait 1M d’appareils par an. Dès avril 2001, elle en sortira 1,5M/an, grâce à une chaîne supplémentaire (2,4M$ d’investissement), et 800 emplois en plus des 1200 existants. Tokyo conserve l’usine de TV digitales extraplates (3000 emplois). Cette initiative confirme la montée en puissance technique de la Chine et le nouveau flux des capitaux. Au début des années ’90, 60% des investissements d’Asie allaient aux pays de l’ASEAN -Mitsubishi et JVC avaient choisi l’Asie du Sud-Est pour leur délocalisation. A présent c’est en Chine qu’ils vont – et le milieu spécialisé s’attend à voir Panasonic et Sony, les concurrents, emboîter le pas de Toshiba en Chine.

• pour la deuxième fois en trois ans, les projets de JV chinoise d’Alcoa, un des leaders mondiaux du secteur ont été anéantis en février 2001, lorsque Pékin a refondu le meilleur de son aluminium sous le holding Chinalco. A une alliance étrangère, Chinalco préfère la collecte de fonds sur les bourses de Hong Kong et New York. Aucune date n’est avancée toutefois, les marchés à terme de l’aluminium étant en baisse (1500$/tonne à Londres, soit moins 120$ en trois mois). La naissance de Chinalco est un des éléments du plan de restructuration du secteur, doté de 1,58MM$, qui entraînera sous 3 ans la fermeture ou la rénovation de 2/3 des 119 fonderies. Alcoa, Alcan et d’autres géants de l’aluminium laissent entendre qu’ils déclineront l’offre de prise de participation dans Chinalco, précisément parce qu’ils n’obtiendront pas le contrôle direct des opérations. Réponse de Chinalco: « si les groupes choisissent de ne pas participer à l’OPV aujourd’hui, cela n’exclut pas une coopération plus tard » – Retour à la case départ !


Temps fort : BP Lauréat à Shenzhen!

Et ce fut BP. Au terme d’une compétition haletante entre les finalistes Shell, Exxon Mobil et l’australien Woodside Petroleum, BP Amoco a été choisi comme partenaire étranger pour le premier complexe Gaz Naturel Liquéfié (GNL), à Shenzhen (616M$). Le groupe anglo-américain détiendra 30% de la JV, un consortium cantonais 31%, CNOOC 30%, et 2 firmes hongkongaises de génie civil 6%. BP paiera 180M$ dans la première phase (2002-2006), comprenant le terminal d’une capacité de 3Mt/ an et un gazoduc de 300km à travers le delta de la Rivière des Perles, dont la capacité sera portée en 2008 à 2Mt/an et la longueur 480km (seconde phase).

Ce succès couronne la persévérance de BP: fin 2000, le groupe avait investi 2,5MM$ dans des gisements pétrolifères et usines chimiques en Chine. Il avait aussi pris près d’1MM$ de parts dans Sinopec (avec qui il prépare une JV de 3MM$ d’éthylène à Shanghai) et Petrochina  (avec qui il finalise une JV de 800 stations d essence dans le Fujian). BP pourrait aussi remporter le contrat de fourniture gazière à Shenzhen, à partir de gisements dont il détient des parts, au Nord-Ouest australien (sous-marin) et en Irian Jaya (Indonésie), pour un contrat de 500M$/an que Pékin veut allouer cette année.

Observateurs et concurrents malheureux estiment (c’est de bonne guerre) que des raisons politiques ont pu jouer dans ce choix. Mais la vie continue – d’autres projets attendent. Troisième marché mondial de l’énergie, Pékin anticipe une hausse de demande de 6% par année (contre 1,5% dans l’UE et 0,5% aux Etats-Unis) pour les années à venir, et pour remonter la pente écologique en réduisant la part du charbon, celle du gaz doit passer de 2% en 2001, à 8% d’ici 2010.

Le coup d’envoi des travaux du gazoduc de 4000km, Xinjiang/Shanghai (4MM$) est fixé entre septembre et décembre Les grands groupes seront tous au rendez vous – l’attribution du terminal GNL marque avant tout une fin symbolique: celle du monopole public, en terme d’approvisionnement énergétique.

 


Petit Peuple : vengeance, inc.

· la société chinoise vit une contradiction poignante, entre tous ses motifs de contrariété (pollution, promiscuité,  hongyanbing, « maladie des yeux rouges » c’est-à-dire jalousie face à l’enrichissement sélectif, conséquence de la fin de l’égalitarisme économique), et l’incapacité de les exprimer. Mais en même temps, les progrès de la technique et la prospérité offrent de plus en plus des palliatifs, sous forme de services de vengeance sublimée. Ainsi, FM365.com, le site internet, s’est taillé un franc succès, en offrant en ligne une version virtuelle des jeux de massacre de notre enfance, où l’internaute peut exécuter des fonctionnaires notoirement corrompus, déjà exécutés pour fraude. Ainsi, une marionnette portant les traits de l’ex-vice Président de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) Chen Kejie traverse l’écran en courant, avec sa maîtresse blonde dans une main et une valise de dollars dans l’autre. Autre service fort prisé: femmes délaissées, employés brimés et citoyens roulés peuvent faire téléphoner anonymement à l’objet de leur ire, et lui proférer toutes sortes de noms d’oiseaux et d’offres oiseuses (telle celle de l’occire), toute heure du jour ou (de préférence) de la nuit. Il en coûte 2Y/ la minute. Après publication par le Journal de la jeunesse de cet édifiant et nouveau petit métier, le service était toutefois suspendu. Mais la nouvelle est emblématique d’une époque plus égotiste (personne n’aurait pensé à une telle pratique, il y a deux ans), et décidément moins sous contrôle.