Le Vent de la Chine Numéro 6

du 11 au 28 février 1999

Editorial : Le tigre dévoré par le lapin

, tu (le lapin), dont l’année débute le 16 février, est un signe astral ambivalent. La presse souligne sa longévité, ainsi que sa vision perçante – du fait que sa mère l’aurait conçu en regardant la lune. Enfin, le lapin aiderait à éclaircir les questions de propriétés : autant de qualités utiles, pour un gouvernement en pleine restructuration de son secteur public.

La tradition, cependant, lui attribue des qualités en plus : rusé et primesautier, il est plus que tout autre doué de résistance aux adversités. Ce qui pourrait le classer comme signe propice à toutes les oppositions.

 A ce  chunjie (Nouvel An), le gouvernement s’est préparé avec une minutie exceptionnelle. 1,5MM de voyageurs sont attendus, dont 1,4 par la route. Dans les villes, outre les marchés richement fournis pour les banquets familiaux, les festivités sont de rigueur, avec danses du Tigre ou du Dragon. Rien que dans Pékin, 300 animations sont en place, concerts, jeux et foires dans les parcs et dans 8 monastères (y compris celui de Dongyue, restauré) (cf . www.bcbnet.org). L’interdiction des pétards traditionnels, presque partout en ville, a été renforcée.

Mais plus important encore que les jeux : le pain ! 36MUSD vont être débloqués pour les 460000 invalides soldats, policiers et fonctionnaires, ainsi qu’aux 480000 parents d’un mort pour la patrie, et aux 120000 pensionnés de l’Armée Rouge. Toute la Chine a reçu la consigne claire, de donner, pour le Chunjie, 150Y à chaque indigent. Les villes comptent 15M de chômeurs, soit 8% de leur population active, et sans moyens d’existence pour tant de gens, ni paix, ni stabilité possible


A la loupe : Les faillites et leurs vagues

En janvier, le VDlC annonçait la fusion des cinq compagnies d’investissements des Quatre soeurs et de la PICC (Assurances Populaires de Chine), en un géant du secteur, avec 160 succursales. Mais voilà cette décision infirmée : Dongfang (Banque de Chine), Huarong (ICBC ou Industry and Commerce Bank Corporation), Changcheng (ABC ou Agricultural Bank of China), Xinda (CCC ou China Construction Bank), avec la filiale de l’assurance nationale, ont deux mois pour fermer – indices d’une lutte interne, et de la victoire du camp des sérieux.

Leurs « cousines », les 240 ITICs (International Trust and Investment Corporation), s’apprêtent à subir le même sort – une vingtaine seulement disposant de la santé minimale pour exister selon les nouvelles règles du jeu. Ces « survivantes » telles DITIC (Dalian; «100 à 200MUSD de dette extérieure », 3,7MMUSD d’actifs et 3,2 de crédits engagés) ou FITIC (Fuzhou; «500MUSD d’emprunt étranger» dont 30M à court terme, et 1,3MMUSD d’actif), se font à la perspective qu’elles n’emprunteront plus rien d’ici fin 2000: c’est la mort du 1er « robinet » à emprunt étranger des provinces, ce qui grèvera leur autonomie face au pouvoir central. Des appels interviennent, comme par hasard, pour que Pékin laisse les provinces émettre leurs propres bons du Trésor – en dédommagement !

L’étranger, lui, se plaint du corset financier actuel, qui frappe aveuglément les mauvais comme les bons, en raison du refus des douanes, de fournir les certificats de confirmation d’import, empêchant ainsi les banques d’honorer les lettres de crédit. A l’évidence, le choix est fait d’étancher les brèches en devises (l’Etat évalue ses pertes, pour 1998, à 10MMUSD), quel qu’en soit le prix.


Joint-venture : Sponsoring : Pepsi décoiffe Coca

• Coup de tonnerre à l’est de la mer de Chine: à 64 ans, un ex-vice directeur de Hitachi, konzern nippon, arrêté comme un vulgaire pickpocket, pour avoir fait exporter vers la Chine sans permis, il y a 3 ans, 18 instruments de mesure de précision, « pouvant être utilisés dans le processus d’extraction du plutonium » à des fins militaires.

Cette arrestation risque d’embarrasser Pékin, ainsi que Bill Clinton, qui lance sous la pression de son Congrès, une « enquête indépendante sur les préjudices éventuels subis par l’Amérique, du fait de l’effort d’espionnage de la République Populaire de Chine ». L’affaire nippone constitue un cas concret d’acquisition illégale d’une technologie stratégique étrangère. Jusqu’à présent, Pékin repoussait les accusations américaines comme « vieux jeu », « datant de la guerre froide ».

• On ne sait comment Pepsi a fait, mais c’est l’« outsider », avec seulement 13,6% du marché des limonades, qui a remporté la position de mécène officiel de la ligue nationale de football pour les 5 années à venir, faisant ployer les épaules au Goliath de l’eau carbonée, Coca (48,2%). Parts qui devraient donc connaître une inversion relative d’ici 2004. Remplaçant Philipp Morris (« Marlboro »), les nouveaux sponsors précédents, Ericsson, Pepsi verseront environ 10MUSD par an à la Fédération chinoise. A ce prix, ils se partageront le plus grand « marché captif » du monde – des centaines de millions de spectateurs à chaque match diffusé. 60% de la prime ira aux 14 clubs affiliés : il faut espérer que cette manne les aide (ou ne les empêche pas), dans la quête d’un jeu plus propre, et moins corrompu.

• Deux expéditions aérostières s’apprêtent à leur tour à tenter la grande boucle autour du globe. Politiquement correcte, la première, Breitling Orbiter 3, à double enveloppe (hélium ET air chaud) est dirigée par le psychiatre helvétique Bertrand Picard (3ème  essai), et autorisée par Pékin – quoique à des conditions encore plus dures que les précédentes, au sud du 26° parallèle.

La seconde, Cable & Wireless, est britannique et interdite (souvenir de l’expédition anglo-yankee en décembre par R. Branson, qui avait ignoré les ordres chinois d’atterrissage). Elle est aussi innovante : pour éviter le territoire chinois, moyennant la recherche de vents lents et bas, enveloppe et nacelle ont été spectaculairement renforcées, afin d’emporter 2 tonnes de kérosène de plus, et disposer d’une autonomie de 25 jours.

• « Cité-U » pour PME, le Centre allemand pour l’industrie et le commerce vient d’ouvrir à Pékin, sur 5000m² loués dans la tour Land-mark. 30% ont déjà été sous-loués à prix d’amis à 14 PME germaniques (pas si « PM » que cela, d’ailleurs, comptant parmi elles Porsche). D’autres suivront. Les locataires bénéficient aussi du conseil permanent de la Chambre de Commerce allemande. Cette initiative, permettant aux PME de prendre pied à moindre frais dans ce pays cher pour étrangers, est des plus dynamiques et concrètes manifestées parmi les pays occidentaux pour assister leur petite industrie, dans ses efforts à l’exportation.

• La Chine l’annonçait depuis longtemps : c’est à présent fait, le secteur des tour operators est ouvrable (très mince) aux étrangers. Les conditions sont multiples et draconiennes : entre autres, justifier d’un chiffre d’affaires d’au moins 50MUSD, être affilié à un réseau national ou international de réservation digital. Tandis que le partenaire chinois (car la licence ne vaut que pour des Joint ventures) doit être lui aussi « international », avoir « importé » au moins 30000 touristes par an durant 3 ans, et jouir de rentrées d’au moins 6MUSD par an.

Moyennant quoi la Joint venture agréée pourra plonger sur ce marché, l’an passé, de 63M de touristes étrangers et de près de 700M de visiteurs de l’intérieur. 5 groupes étrangers ont relevé le défi, del’Allemagne, des Etats-Unis, du Japon et de Hong Kong.

• Avon, le groupe américain de produits de beauté, se fait étriller en Chine pour la seconde fois en un an. En 1998, il avait dû précipitamment, avec d’autres, renoncer à sa chaîne de commercialisation sans vendeurs « maison », par le principe des ventes « pyramidales », justement jugées déloyales par les autorités. A présent, un tribunal chinois l’enjoint de payer 12MUSD à deux firmes de Pékin et Hong Kong, pour piratage d’un logiciel d’informatique – cas rare, l’inverse étant plus dans l’ordre des choses.

Avon prétend avoir acheté la licence en 1995 aux Etats-Unis pour 25000USD à Unidata (Hong Kong), sans savoir que la vente ne lui ouvrait pas le droit d’exploitation en Chine. Jingyan (Pékin) était le détenteur local des droits. Avon, qui regrette peut-être ses 70MUSD investis au Céleste Empire, vient de faire appel – réponse d’ici 2 mois.

 


A la loupe : Pékin et Shanghai – l’antithèse

Pékin et Shanghai offrent toujours de fascinantes comparaisons, vu l’écart des vocations et des choix de croissance. De sa puissance technologique et de son influence sur le pouvoir central, Shanghai la  (« tête du dragon », allusion à sa position à l’embouchure du Yangtzé, ses 350 millions de riverains et ses 2000 km de voie navigable), tire une infrastructure exemplaire, à commencer par un réseau performant d’autoroutes sur pilotis (un trafic urbain de rêve, pour le pékinois), sa City en cours de réfection, et Pudong, la Shanghai d’avenir qui promet d’être une des métropoles asiatiques les plus brillantes du XXIe  siècle.

Sans oublier ses joyaux, le musée et le Grand Théâtre dessiné par le français J.F Charpentier – acoustiquement parlant, une des plus belles salles au monde.

Pékin en face, fait vieux jeu, même si côté théâtre, un nouvel espace moderne vient d’ouvrir. La capitale voulait copier Shanghai, et sélectionner sur concours international, un super-opéra pour un budget de 400MUSD. Le problème a été l’intervention des uns et des autres leaders dans le jeu de sélection, meilleur chemin pour bloquer le projet – même les artistes concernés, affirment qu’il est urgent d’attendre (tandis que le maire, Jia Jingling, demande à quitter son poste pour se consacrer à temps plein à son autre mandat de Secrétaire du parti.).

Par contre, si Shanghai sait se doter des outils, Pékin demeure le gardien des arts – ses orchestres et ses intellectuels sont de loin les meilleurs…Les deux métropoles apparaissant finalement bien complémentaires !


Argent : Lutte pour le monopole de China Telecom

• L’Asie aime bien les records. Kuala Lumpur tenait celui des tours les plus hautes (Petronas, 452m).Un consortium mené par la taiwanaise China Development Bank construit à présent le Taipei Financial Ctr, 101 étages, qui griffera les nuages à 508 m – record du monde. Ouverture prévue en 2002.Manière de dire «Crise? Connais pas ! », pas forcément pertinente, alors que la croissance de Taiwan, en 1998, est de 4,83% la pire en 16 ans.

• Bonheur pour les peintres, désastre pour les cultivateurs:à Nanning (Guangxi), cotonniers, kapokiers, manguiers, tulipiers et narcisses sont en fleurs – avec deux mois d’avance – et pour les fleuves, c’est déjà la saison sèche. L’hiver, sur toute la Chine, a été 3C° plus chaud que la normale – c’est son 13ème  hiver chaud consécutif. Sur le nord, 40% du grenier chinois, la sécheresse s’est installée depuis l’automne, frappant le blé d’hiver, 7Mha emblavés sont concernés.

Le problème : les nappes phréatiques baissent (phénomène mondial !), pour la Chine du Nord, de 1,5 m par an. Selon le Dr Lester Brown, expert célèbre et controversé, sous certaines conditions, la Chine devrait importer 340Mt de blé – la récolte entière américaine, et « d’ici quelques années, la pénurie d’eau deviendra pénurie de blé ».

• Commercialement parlant, l’affaire n’a rien de drôle: Shenyang Feilong a obtenu pour un de ses stimulants sexuels, l’enregistrement sous le nom de Weige (« grand frère »), que le groupe pharmaceutique américain Pfizer avait demandé pour Viagra, sa propre pilule de puissance, leader mondial. Pfizer ne peut rien faire : avant d’être protégé, le médicament étranger doit se soumettre à un parcours du combattant administratif et clinique, plus ardu que le chinois. Déjà très connu en Chine, Viagra se vend sous le manteau 50USD la pilule (prix accessible à une infime minorité) – contre 10USD les 8 pour Weige.

Volant sous les ailes de Pfizer, Shenyang Feilong, dont le nom signifie Dragon volant, s’apprête donc à empocher, après son nom, le marché de son adversaire, espérant vendre 100M de pilules /an, en affirmant : « Weige marche mieux que Viagra et en plus, étant entièrement herbal, n’a pas d’effets secondaires » . Slogan aussi accrocheur qu’invérifiable, en l’absence de tests indépendants.

• Le groupe aéronautique AVIC (Consortium Aéronautique Public Chinois) publie à son tour son plan de restructuration. On ignore dans ce plan, l’influence sans doute forte de l’échec du projet de coopé euro-chinoise avion de 100 places, une des raisons avancées alors, étant le trop grand retard technologique de la partie chinoise. AVIC se scindera en 2 unités multifonctionnelles (avions civils et militaires, et autres produits de l’électronique à l’électroménager). Le but semblant être d’introduire un peu de concurrence dans ce milieu confortable et rouillé. La fonction de régulation sera cédée à la Commission d’Etat pour les Sciences, Technologies et Industries de la Défense Nationale (COSTIND). AVIC « pèse », aujourd’hui, 500000 emplois (dont 100000 ingénieurs), 100 Grandes Entreprises d’Etat, 30 instituts de recherches et 7 laboratoires « stratégiques ». AVIC a aussi sa part de firmes cotées en bourse (8), et de coopération avec l’étranger (Boeing, Aérospatiale, Airbus, Snecma). La seule chose qu’AVIC ne dise pas, est l’état de ses profits en 1998.

• La Chine finit par s’éveiller au syndrome Y2Kchaos de l’an 2000 »), ce risque de voir tous ses ordinateurs succomber au 31 décembre à minuit, victimes d’une programmation « gestionnaire » inadaptée au changement de siècle : alors, plus d’avion, ni d’ascenseurs, ni de téléphone?

Un sondage officiel discret auprès de 512 Entreprises d’Etat, a révélé que 53% ignoraient comment détecter leur problème. La Banque Populaire de Chine et 5 grandes banques auraient bien avancé dans leur programmation (il leur reste encore 600MUSD à investir pour achever la tâche), et seraient sur le point de se livrer à un vaste test avec les ministères des telecoms et de l’énergie, afin de voir les défauts de leurs cuirasses. Dead line imposée pour se prémunir contre le Y2K : octobre, mais vu la minceur de l’assistance technique du Ministre des Industries de l’Information, nombreux sont les officiels à douter que la limite puisse être respectée.

• Etrange dualité que celle imposée à Pudong, la future métropole industrielle et financière d’Asie, bâtie à coups de MMUSD : d’une part, elle veut pour 1999 une croissance de 15% de son PIB, et investir 7MMUSD, notamment pour disposer ensuite de 100 km² de ville nouvelle, d’un aéroport international, d’un port en eau profonde, etc.

Mais d’autre part, Pudong doit pour l’heure, mettre un frein – ordres de Pékin à ses ambitions de grignoter les positions de Hong Kong comme terre d’accueil de multinationales. « Il faut entre Pudong et Hong Kong, une division des tâches », a déclaré Xu Kuangdi, maire de Shanghai à ses administrés pincés, « c’est ensemble qu’on va gagner ». Shanghai commence à réaliser – étape de maturation qu’elle ne « tuera » pas, comme elle en rêve depuis toujours, son Dieu, Hong Kong.

• Il fallait s’y attendre:l’introduction sans préparation, au 1er  janvier 1999, du pot catalytique obligatoire, dans Pékin, a cassé le marché, baissé de 60% par rapport à janvier 1998. L’occasion a « disparu » (les voitures existantes ne passe plus les contrôles, et doivent chercher une fin de vie sans gloire au fin fond des campagnes) : cette Cherokee (4×4) de 4 ans, qui trouvait acheteur en juin à 8000USD, se brade à 3000. Les véhicules neufs sont hors de prix. Intermédiaires, voire concessionnaires, se reconvertissent.

 


Pol : Retour involontaire de 9 pirates de l’air

• Début mai, quelques milliers de taiwanais pourront effectuer leur voyage annuel à l’île (chinoise) de Meizhou, terre natale de Mazu, la protectrice des marins, par voie de mer. Taibei est d’accord, et Pékin a fait bâtir une jetée de 93m. Clientèle potentielle : 100000 pèlerins.

Le port de départ reste à choisir, entre Keelung, Taichung, Tainan et Kaohsiung. L’armateur devrait être étranger et, ce modifie singulièrement l’intérêt, la traversée doit inclure une escale dans un pays tiers – ce qui en fait une croisière !

• Dans ses messages publics quasi quotidiens des derniers jours, le Président Jiang appelle (en Mongolie, en tournée d’inspection) les cadres à assister les pauvres (nouveaux chômeurs, paysans, pensionnés), et que les aides soient livrées « à temps »; la corruption, à l’avenir, serait circonvenue par une « rotation des cadres » (en postes en province) accélérée et élargie aux cadres intermédiaires, tels les chefs de district : ce qui devrait avoir pour effet d’éviter la constitution des fiefs et la mentalité de hobereaux rouges Enfin, lors d’un meeting « consultatif » sur les changements intervenus dans la Constitution (cf VDLC N°5), Jiang a adjuré les cadres d’agir selon la loi (sic).

• Apeurés et mécontents, Wanghuan et Yang Yang prennent ce mardi 9 depuis Taiwan un bateau spécial pour le continent : leurs parents chinois n’avaient rien trouvé de mieux, pour gagner une terre plus libre et riche, que de détourner un avion. Leur mère les attendra en Chine – en prison (déjà rapatriée, et subissant un nouveau procès). Les deux ados (12 et 17 ans), seront accompagnés de neuf autres pirates de l’air, renvoyés par Taibei, qui veut bien faire savoir au peuple continental que les temps où Taiwan couvrait d’or les déflecteurs de Chine rouge, sont révolus !


Temps fort : Des usines, aux oubliettes

Retardée par la crise, on l’attendait depuis longtemps. La voilà : officiellement dressée pour faire face à la surproduction, à la chute de productivité et à la croissance du chômage, la liste de la State Economic and Trade Commission (SETC) est en place, des usines vétustes condamnées d’ici 2000. Rédigée sous les ordres du vice ministre Zhang Zhigang, elle frappe 114 activités dans 10 secteurs tels mines (charbon), métallurgie (ferreuse ou non), textile, matériaux de construction etc.

L’objectif est d’encadrer toute production illégale, de qualité inférieure, polluante ou gaspilleuse d’énergie – beaucoup de monde. On parle de dizaines de milliers de petites unités productrices d’électricité, de sucre, de ciment, de verre, de papier, de plastic, d’acier, sans compter celles aux productions difficiles à recycler, piles au mercure, barquettes-repas en polystyrène (fauteuse de « mers blanches » le long des voies ferrées), etc. La SETC « espère » que les producteurs étrangers en Chine vont « vérifier le statut de leurs usines par rapport à la liste ». Les listes détaillées seront progressivement publiées.

Mesures parfaites, à condition d’être appliquées, avec des administrations locales pas toujours en leur faveur (parce que ce sont elles qui en essuieront les conséquences; fermer tout cela en onze mois, c’est court !).

Mesures qui risquent d’être d’autant moins populaires, que seules les PME (locales) sont visées, tandis que les Grandes Entreprises d’Etat (sous mandat pékinois) sont exemptes. Telle cette grande aciérie mongole, rejetant chaque année des milliers de tonnes de fluoride, ayant causé des maladies osseuses graves chez les éleveurs et l’abandon partiel de l’élevage ovin, activité majeure de cette province nordique.

 


Petit Peuple : Hong Kong : 400000 «enfants du ‘miracle’

• C’est un bon moment pour réformer le secteur des loteries – les billets s’achetant, et s’offrant le plus volontiers au moment de la pleine Lune du Printemps (Nouvel An, maintenant). En effet, des centaines de loteries fonctionnent, lucratives et illégales, sous l’égide des villes ou des grands magasins. Seules deux loteries (celles du Sport, et de Bienfaisance) ont la licence, avec quotas, sous l’audit direct de la Banque Populaire de Chine. La réforme vise notamment à forcer les organisateurs à un peu plus de transparence,

pour ne pas « décevoir » les vainqueurs. Tel le citoyen pékinois Wangqi, qui gagne une Citroën Fukang, pour apprendre qu’elle ne peut rouler, suivant les nouveaux règlements, sans pot catalytique -à installer à ses frais. Enfin, comme fraude, il y a pire : au tribunal, le mauvais gagnant a été débouté !

• Terreur des commerçants peu scrupuleux, Wang Hai, le chevalier blanc du consommateur, annonce son plan de bataille pour 1999 : les faux médicaments. Wang, qui a fondé sa compagnie de services consuméristes, a frappé, en 1998, une série de fausses cliniques de soins anti-vénériens très demandés, par les temps qui courent. En 1997, il avait mis sur la paille 200 distributeurs en téléphones GSM, en prouvant que leurs produits « importés » étaient de la camelote.

Son tout dernier « coup » : dans les toilettes d’une grande surface de Tianjin : Wang a constaté qu’on ne lui donnait pas de facture pour les 0,6Y perçus, et que cette taxe était illégale (d’après le règlement, les « commissions », petites ou grosses, sont à la charge du magasin. Pour les 1,8Y payés (ils étaient à trois), plainte est engagée !

• La mairie de Chongqing s’inquiète des résultats de cette enquête auprès des 24 villages du canton de Shizhu : 19 d’entre eux renoncent à renouveler les baux fonciers sur 30 ans, et laissent leurs terres en jachère :

[1] les paysans ne veulent plus cultiver les espèces arbitrairement imposées par les pouvoirs locaux (en fonction de leurs intérêts plus que de ceux des cultivateurs , ou du marché),

[2] les taxes illégales sont écrasantes,

[3] les prix publics, trop bas (calculés suivant les besoins des villes, déprimés par les excédents, et mal gérés par les offices des grains incompétents),

[4] s’engager comme manoeuvre à la ville, pour les jeunes, est d’un rapport bien plus sûr.

• En octobre 1998, à Nanyang (Henan), ce paysan avait acheté une sourde-muette, en des noces d’une légitimité boiteuse. Deux mois plus tard, la police détint la femme – le Commissaire expliqua au mari que vu le cas social, il lui laisserait la garde de sa moitié, moyennant un écot de 2000Y. Quand le fermier tenta de transiger à 1000, offrant à l’officier pour l’amadouer 4 cartouches de cigarettes, ce dernier prit la mouche, et alloua la handicapée ailleurs – pour 3000Y.

• Les petits investisseurs de Hong Kong en mal de délocalisation, ont créé le tissu industriel de Shenzhen, voire de Canton, en y créant des usines qu’ils dirigeaient directement, rentrant chez eux une ou deux fois par semaine, et entretenant un second foyer -souvent à l’insu de leurs épouses. De ces unions sont issus pas moins de 188000 « enfants » de moins de 29 ans                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

(en 1996) -et 400000, tous cas confondus.

La « baby-bombe » a explosé dans l’enceinte de la Cour d’Appel finale, quand un juge a lu le verdict autorisant tout ce monde en culottes courtes a rejoindre sa famille sur le « rocher ». Aussitôt, avec bon sens pratique, l’administration a commencé à établir ses quotas annuels : 100000 par an, pendant quatre ans – et le plus vaste mouvement migratoire vers l’ex-Colonie de la Couronne. Mais le plus étrange, dans cette affaire, est l’attitude de l’Armée Nationale Populaire, à Pékin, qui avait décidé en 1996, que ces candidats immigrants resteraient chez eux : l’Assemblée Nationale Populaire persiste et signe, et continue à vouloir protéger sa Région Administrative Spéciale – contre elle-même !

 


Rendez-vous : Foires de Shanghai, de Tianjin

• 5 mars, Bruxelles : 3ème   Conférence Chine-Union Européeenne sur la coopération dans le secteur de l’énergie

• 5 – 11 mars, Shanghai : Foire Chine de l’Est

• 8 – 13 mars, Tianjin : Foire commerciale

• 8 – 11 mars, Pékin : Exposition de Matériaux de construction

• 10 – 13 mars, Canton : Foire de l’emballage alimentaire

• 19 février : 2ème anniversaire de la mort de Deng Xiaoping.

• 5 mars, Pékin : session de l’Assemblée Nationale Populaire