Le Vent de la Chine Numéro 7

du 16 février au 5 mars 1998

Editorial : Irak : Pékin dit ‘non’ à Washington !

Cette année 1998 sera celle de l’auto affirmation politique de la Chine. Le dossier irakien en donne une preuve univoque: contrairement à 1990 où Pékin, à son corps défendant, avait fini par consentir à l’invasion du pays de Saddam Hussein, cette fois, c’est un « non! » sans appel, par Qian Qichen le ministre des affaires étrangères, Li Peng et tous les ténors politiques. Bagdad certes, devrait « tenir ses engagements » (tolérer une vérification complète en Irak, des sites soupçonnés de cacher des arsenaux pour génocides), mais celle-ci devrait être brève et suivie d’une fin des sanctions qui maintiennent ce pays dans la misère depuis 8 ans.

Dans cette fronde, Pékin n’est pas seule: s’y trouvent à ses côtés Russie, France, ainsi que l’essentiel du monde arabe. Pour exprimer son ressentiment anti-yankee, tous les arguments sont bons à la presse chinoise:

de l’« irresponsabilité de l’armée américaine qui joue avec la vie des gens » (allusion à l’accident par imprudence, de cet appareil de l’USAF ayant causé la mort de 20 skieurs en Italie), aux « souffrances des femmes aux USA, victimes de l’harassement sexuel de leaders politiques » (allusion au scandale dit « zippergate » en cours outre-Atlantique): Washington se voit conseillée de s’occuper de sa propre police avant d’aller faire celle des autres.

Le fait est à retenir: la Chine, membre du Conseil de Sécurité, empêchera certainement le vote d’une armada anti-irakienne, derrière l’Amérique, sous la bannière de l’ONU: ce veto au leadership atlantique, se reverra à l’avenir.


A la loupe : 1997 : pour l’acier, année noire!

1997 fut une mauvaise année pour les métallos chinois: 107Mt d’acier produits (une quasistagnation), pour un profit global de 270MUSD, une misère ! La profitabilité est passée aux cheminées des hauts-fourneaux, avec la chute des cours (10,4USD/t/mois en moyenne), soit une perte de 900M USD, et avec le renchérissement des secteurs en amont (charbon, électricité), soit 690M USD perdus. Dans ces conditions, les « profits » réalisés, signifient en fait des économies de fonctionnement et la vente d’unités non rentables (tel Anshan-Liaoning, qui a vendu 9filiales pour 24 MUSD). Dans ce tableau, une exception : Shougang, 4. groupe national (après Baoshan, Handan et Wuhan) qui a produit 42Mt, et surtout enregistré des profits en hausse de 7,9%. Mais le cas n’est pas forcément probant : les aciéries de Pékin pourraient devoir leur bonne tenue, à des investissements de modernisation des années passées, mais aussi à leur « marché captif » Pékinois et à leurs « contacts » avec le pouvoir.


Joint-venture : Pétrole: SHELL 4,5MM USD, BASF : 2,75MMUSD

• Les brasseries Foster (Sidney) perdent des plumes en Chine. Présent depuis 1993, Foster y gère 3 brasseries à Shanghai, Tianjin et Canton. Mais crise aidant, le groupe australien n’y fait pas de bénéfices : il espère renouer avec le profit « d’ici ‘2000 » ! Les choses ne vont guère mieux pour les 800 brasseries du pays, dont 40 étrangères en Joint-venture. Sur ce marché très compétitif, l’attitude du pouvoir a été ambiguë, intervenant parfois pour interdire des Joint-ventures (« Qingdao »), et tentant plus récemment d’instaurer un plafond de 30% à la pénétration étrangère. Mais quand, cette semaine, cette dernière information fut publiée, le ministère compétent se dépêcha de démentir, quoique ce plafond inavoué soit en vigueur depuis un an… Les bières étrangères et leurs capitaux sont toujours les bienvenues en Chine.

• A Shanghai, Volkswagen coupe de 2400 USD /unité, le prix de ses Santana. Baisse exprimant les économies d’échelle réalisées, la volonté de se débarrasser des anciens modèles, mais aussi (bien sûr, surtout !) la mévente. Les autres groupes ont emboîté le pas: Dongfeng-Citroën baisse de 1200 USD le prix de la ZX, Chang’an de 700 USD le prix de son Alto (qui coûte aujourd’hui 6200USD). Le seul à refuser l’engrenage vers le bas est le groupe VW/ Changchun (producteur du modèle Jetta).

• Comme annoncé semaine dernière, Pékin a approuvé la création d’une JV Shell à Huizhou (Guangdong). La 1ère  tranche destinée à produire 800000t d’éthylène porte sur 4,5MM USD. La 2ème  tranche, raffinage traditionnel, reste à négocier. La signature a lieu lundi 16, en présence de Li Peng, à la Haye. Bataille banquière en perspective pour ce marché en or.

• BASF, 2ème  groupe chimique allemand, prépare lui aussi un très important investissement en Chine : pour 2,75MM USD, dont 50% à son compte, pour un complexe pétrochimique à Nankin, avec pour partenaire Yangzi Petrochemical et Donglian. Comme l’unité de Shell, celle de BASF ouvrira en 2003.

• A en croire 134 entreprises et 65 bureaux de représentation d’Outre Rhin en Chine, les Allemands ayant investi en ce pays, ne le regrettent pas ! 80% se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leurs affaires en Chine et 94% referaient le même choix aujourd’hui. Pour eux, les principales difficultés qui demeurent, sont le durcissement de la compétition, la pénurie des cadres qualifiés, l’insuffisance des infrastructures et des matières 1ères. Seuls 4% craignent les conséquences de l’instabilité politique pour leurs affaires.

• Après la reprise par la BNP de la branche boursière de la banque Peregrine, au tour de l’espagnol Banco Santander d’acquérir les restes, la division bancaire et asiatique. Santander qui avait échoué à reprendre l’ensemble du groupe pour 100 MUSD, empoche cette division pour 23M USD.

 


A la loupe : Le gaz vient, l’électricité part!

Cie Unifiée de Houille et Méthane de Chine (CUCBM), depuis 1996, est le groupe national chargé d’exploiter le méthane, sous-produit naturel des gisements de charbon. Chaque année, 6 MMm3 sont brûlés en torchères, ou rejetés dans l’atmosphère. Les réserves naturelles seraient de 30000 MM m3. Cie Unifiée de Houille et Méthane de Chine (CUCBM), aujourd’hui, vient de signer un contrat avec Texaco, d’exploration du méthane d’une mine de Huaibei (Anhui). L’avenir apparaît brillant pour le gaz, dont la consommation, selon Standard & Poor, consultant international, augmenterait de 420% en 20 ans (30Mt en ‘2000, 156Mt en 2020), tandis que l’électricité baisserait de 14% (892 GigaWt installés en 2020). Raison de ce revirement : l’électricité devient trop chère en Asie, avec les récentes dévaluations, par rapport au dollar.

Une ville, en tout cas, n’attend pas: Xi’an, qui achève son réseau de 193 km de canalisations haute et moyenne pression, au profit (chauffage et cuisine) de 200000 familles, à 1m3 de gaz par foyer/jour.

 


Argent : 1997: 2,2MM USD pour les infrastructures aériennes

• La presse ne l’admet pas souvent, mais une des productions agricoles les plus profitables en Chine est celle qui permet aux 320 M de fumeurs d’assouvir leur vice, l’herbe de Nicot ! Rien qu’à l’Etat, le tabac rapporte presque 10% de ses revenus fiscaux, et en 1997, 30 M de paysans en a planté, dans l’espoir de juteux bénéfices. Hélas, leur récolte « sensationnelle » de 1997 (chiffre resté secret, la récolte de 1996 était de 29,5Mt,  sèche) dépasse de très loin -2 ans, pour être précis- les besoins du marché chinois, avec ses 180 usines.

C’est pourquoi STMA, le monopole d’Etat, prépare des mesures strictes. Cette année, des contrats d’exclusivité, offerts à une fraction seulement des producteurs, devrait permettre de réguler la récolte future. Pour les autres, ce sera la reconversion.

• La CNNC, monopole des métaux non ferreux, change de patron. La nouvelle serait mince si ce Président n’était autre que Wu Jianchang, gendre du défunt Deng Xiaoping,. Depuis des années, Jiang Zemin s’efforce de réduire l’influence du « gang des petits princes » (taizibang) en général, et le clan de Deng en particulier. Le monopole national des métaux non ferreux (CNNC) a souffert de la chute des prix des métaux en 1997 et n’a réalisé qu’un profit net de 728M USD, un dixième de l’objectif. A la CNNC, on dément que cette mutation soit due à l’une ou l’autre de ces deux raisons. On ignore si Wu va conserver son autre présidence, celle de Silvère Grant International – il est aussi pressenti comme Vice-ministre des Industries Métallurgiques.

• 1998 est l’année où les achats de voitures par des particuliers, dépasse ceux des danwei (unités de travail). Selon les prévisions des constructeurs, la demande cette année devrait atteindre 1,7M de véhicules, dont 550 000 voitures particulières.

• Suite à un jeu de vases communiquant entre Everbright et China Telecom HongKong (CTHK), deux « red chips », groupes chinois de droit HongKongais, ce dernier se retrouve à la tête de la totalité des actions d’HongKong Telecom possédée par la Chine populaire, soit 13%. Elle en avait 5,4% initialement. Montant du rachat des parts d’Everbright: 1,7MM USD, ce qui signifie, sur 10 mois, un profit d’1,6HKD sur chacune des 905M de parts cédées. Ce, en dépit d’une décote « spécial Chine » de 7,7%.Pourquoi cette reconcentration des avoirs chinois sur HK-Telecom ? L’actionnaire principal d’HKT, le groupe britannique Cable & Wireless, qui détient 54%, négocie avec le Min. des P & T pour céder jusqu’à 25% de ses parts, en échange d’un accès privilégié au marché chinois des télécoms: ce qui serait une entaille dans un monopole jusqu’à présent sans faille.

• « Timidement » et avec beaucoup de retard, la Chine annonce son feu vert à l’émission de parts B (titres accessibles aux étrangers dans les bourses chinoises), pour 18 entreprises triées sur le volet, de tous les secteurs économiques. Elle en avait autorisé 15 l’an  passé. A ce jour, 101 firmes ont été cotées en parts B entre Shanghai et Shenzhen, qui ont attiré 4,4MM USD d’investissements privés. Parmi les 18 « lauréats »: Shanghai Electric Corporation, un des trois plus grands groupes nat’x d’équipement, au capital de 7MM USD. Shenzhen et Shanghai ont réagi enthousiastement à ce « ballon d’oxygène » offert par Pékin: hausse immédiate des cours de l’ordre de 10%. La période n’est pas vraiment la plus propice pour émettre de nouveaux titres en Bourse, mais les besoins des firmes en argent frais sont immenses. La restructuration n’attend pas.

• 19 groupes touristiques avaient déjà tenté leur fortune à la bourse chinoise, mais jamais à l’étranger : c’est aujourd’hui chose faite : la Cie touristique de Guilin (GTC) se place sur les marchés chinois et de HongKong. GTC espère rassembler 205M USD, destinés à la construction d’un palais des congrès/centres d’exposition, d’un complexe sportif, d’un village de vacances et à l’ouverture de nouvelles routes touristiques. Du succès de cette opération dépend la survie de GTC, car si Guilin et ses environs, une des premières destinations nationales, a reçu 408000 touristes étrangers en 1996, qui y ont laissé 119M USD, elle manque de la capacité d’investissement minimale pour se hisser au niveau de la Thaïlande ou de la Malaisie.

• L’aviation civile poursuit son effort de rénovation de ses infrastructures. 1997 avait vu l’ouverture de 10 aéroports de capitales régionales. Cette année verra la poursuite des chantiers de plusieurs aéroports internat’: Pékin, Pudong, Baiyun (Canton), et Xiaoshan (Hangzhou). Investissement total annuel : 2,2 MM USD, en hausse de 14% par rapport à 1996. La Chine attend, en 1998, 61M de passagers (+8,4%), et 9,5 MM t-kms de fret (+9,6%). Hausses qui marquent en réalité un frein à la croissance du secteur qui caracolait, depuis ’94, à 20%/an. La raison au ralentissement est due à une priorité nouvelle de profitabilité (qui prime désormais sur « l’expansion à tout prix » : la plupart des compagnies chinoises sont dans le rouge), et au contrôle strict de l’Etat des normes de sécurité, suite à une importante série noire de sinistres aériens les années passées.

• En 1997 les Entreprises d’Etat ont perdu 12MM USD dont près de 5MM en "épongeage" de dettes irrécupérables. Le pouvoir impute l’essentiel de ces pertes à la corruption des cadres, qui vendent ou dilapident les avoirs qui leurs sont confiés: depuis 1993, plus d’1/4 de million de cadres et membres du Parti ont été impliqués dans des affaires de corruption. Contrastant avec cette image d’un secteur à bout de souffle, le privé, lui, se porte comme un charme. Au 31 décembre, il comptait 29M d’entreprises employant 61M de personnes, pour un actif de 81MM USD. Le privé, l’an passé, a engagé 900 000 chômeurs, tandis que 2M de sans emploi osaient xia hai, « descendre à la mer », çà de se mettre à leur  compte. Et durant les dix 1ers mois de 1997 les revenus du secteur montaient de 23% (6MM USD) : l’Etat voit où se trouve son intérêt !

• En 1997 la Chine a publié "légèrement plus" de livres que l’année précédente: 7,1MM de volumes répartis en 120 000 titres. Ses profits par contre, ont fort augmenté +30%, soit 4,3MM USD. Rompant avec la tradition des 40 dernières années, le chinois commence à posséder des livres, se faire une bibliothèque : face à cette demande, l’édition chinoise ne suffit plus et le pays s’apprête à ouvrir tout grand les portes à l’importation.

 

 


Temps fort : Li Peng – l’adieu aux armes!

Li Peng vit ses ultimes semaines de 1er   Ministre, poste qu’il occupait depuis l’automne 1988. Dernière réception d’un hôte (son homologue pakistanais Nawaz Charif), dernière visite officielle (du 13 an 20) au G.D. du Luxembourg, aux Pays-Bas (étape d’un voyage antérieur, à laquelle il avait préféré renoncer par crainte de critiques de la rue) et en Russie.

Mais déjà, les choses changent -avant même la passation de pouvoir à Zhu Rongji: le traditionnel « discours sur l’État de l’Union », qui ouvre chaque session de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP), sera tenu non par lui mais par Zhu Rongji, qui y annoncera le programme « new deal » de 750MMUSD (voir p.2), de son cru et qu’il aura charge d’appliquer.

Li assiste aussi au « chambardement » par Zhu de son Conseil d’Etat: jusqu’à 8 ministères spécialisés (électronique, chimie, P&T…), disparaîtraient, convertis en compagnies de holding, 9 autres étant fusionnés en ministères des transports, de l’agriculture et du bien-être social. Les pouvoirs de ces ministères passant à deux superstructures, les Commissions d’Etat au Plan, et de l’Économie et du Commerce. Pendant ce temps, 500 000 ronds de cuir retourneraient en formation ou dans des emplois presque « privés » (quoique bien feutrés) dans les holdings: autres temps, autres moeurs!

 


Autres : Le ‘new deal’ de Pékin!

A Davos, devant le Gotha de la finance mondiale, le Vice 1er  ministre Li Lanqing avait jeté une bombe, en citant un futur programme d’infrastructures, doté de 750 milliards de dollars sur 3 ans. Ce n’était pas une erreur de virgule. Par la suite, des fuites (calculées afin de maintenir l’effet de mystère) ont commencé à circuler, évoquant un new deal, destiné à permettre au pays de faire face aux ans de vaches maigres promises au reste de l’Asie.

Programme tous azimuts, à long terme, incluant routes et canaux, mais aussi centrales thermiques et nucléaires, projet antipollution, et recherche scientifique (idée chère au Président Jiang), avec des « douzaines de pôles de recherche de 3ème cycle » à travers le pays, dans les universités et parcs industriels high-technologie… Assez, croit le régime, pour faire de la Chine d’ici 20 ans, la première puissance technologique au monde!

La composante nationaliste est claire dans ce projet, huile indispensable aux rouages de la vieille machine socialiste, une fois privée de son idéologie (voir notre page  «politique»).

Faiblesses de ce plan :

[1] Les instruments financiers (boursiers et obligataires) n’existant pas encore, comment, en 3 ans, attirer une telle masse de crédits? D’autant que la 1ère  « loi boursière » du pays, n’est pas prête et ne passera pas lors de cette session du Parlement. Il y aurait des divisions, querelles de compétences, sur le contrôle de cette activité, l’une des plus rémunératrices du pays à l’avenir.

[2] Cette injection massive de capitaux profitera aux Entreprises d’Etat non rentables, dont elle freinera la disparition (en exacerbant leurs mauvaises habitudes de budgétivores assistés);

[3] Les grands projets concernés, arrivant trop vite sur un marché déjà déficitaire en cadres (gestionnaires, ingénieurs etc.), auront des problèmes d’entretien et de rentabilité;

[4] Un décuplement des capacités industrielles et de recherche, est-il compatible avec le maintien d’un système politique rigide, compartimenté, vivant de la censure et de l’absence de responsabilités individuelles?

L’or noir aussi, se restructure …                      

La Compagnie Nationale Pétrolière (CNPC), première corporation nationale pétrolière, se lance dans une cure d’amaigrissement. 250000 employés seront remerciés avant la fin du siècle, ou affectés aux filiales hors secteur -construction, agriculture, services. Le chiffre pourrait paraître gros, mais il n’affectera qu’un sixième de l’effectif de cette colossale Entreprise d’Etat, qui croit pouvoir entrer d’ici 12 ans dans le sélect club des 10 « major » pétrolières mondiales.

Pour ce faire, la Compagnie Nationale Pétrolière (CNPC) refond son organigramme. D’ici fin 1998, tous ses champs exploités devront séparer leurs compagnies « pétrolières » de leurs autres activités commerciales, afin d’opérer des intégrations verticales en série. Pour cette année, sont prévues les fusions de quatre divisions: équipements pétroliers, ingénierie I (construction), et II (technologie), et transport par oléoduc.

Tous ses gisements devraient être restructurés en SARL ou en Entreprise d’Etat à 100%, tandis que leur cotation en bourse nationale ou étrangère devrait être systématiquement poussée. Enfin ses filiales faibles ou petites seront vendues/converties en coopératives.

Toutes ces mesures permettant de dégager économies d’échelle et réserves d’investissements, nécessaires pour l’expansion du groupe en Chine et ailleurs: en 1997, la Compagnie Nationale Pétrolière (CNPC) a signé 14 Joint-ventures d’exploration/ exploitation pétrolière, pour 288MUSD, portant à 1,1 MMUSD le total des fonds étrangers dans le pétrole en Chine. A l’extérieur, elle a également 14 projets, entre Pérou, Soudan, Venezuela et Kazakhstan. Projets qui lui ont permis d’importer 1Mt de pétrole en 1997. Ils seront 12M en 2000,  et 50M dix ans plus tard!

Une armée de 10M chômeurs!

Dernier chiffre du ministre du travail : 10 M d’emplois publics seront supprimés d’ici décembre 1999, sans préjuger des pertes d’emplois ailleurs (secteur privé, entreprises rurales, coopératives etc.).

Les règlements récents prévoient, pour tout licencié, une assistance minimale/ chômage. Toutes les provinces ont l’obligation d’instituer des fonds de réemploi, dont une partie affectée à l’information informatisée sur les vacances de postes, ainsi que des centres de formation continue.

Un nouveau poste apparaîtra au budget public 1998 : celui de subsides aux travailleurs urbains licenciés. A tout hasard, les peines les plus lourdes sont promises au fonctionnaire qui détournera les fonds de formation.

A Pékin, pour faire de la place, la mairie ordonne à ses patrons de congédier sous 20 jours leurs travailleurs migrants, même ceux occupant les fonctions humbles de balayeurs, jardiniers, nettoyeurs des toilettes publiques et maçons, afin de laisser la priorité aux pékinois. Le taux de chômage officiel, moins de 1%, ne justifie pas des mesures si draconiennes. Mais d’autres sources placent ce taux à plus de 15%.

Le Bureau du travail avertit que tout employé migrant, pris la main dans le sac dans un emploi interdit, tel que vendeur en magasin ou chauffeur de bus, perdrait sur le champ travail et permis de résidence.

Racket légal: la cession des Entreprises d’Etat au personnel

La Presse chinoise cite plusieurs cas récents d’une pratique apparemment courante dans les Entreprises d’Etat: les achats forcés de parts de l’entreprise par le personnel.

A Shangrao (Jiangxi), les employés ont eu 10 jours pour faire leur choix dans une peu appétissante alternative: payer 3000Y (en cash) leur part de l’entreprise ou toucher leur enveloppe et disparaître, abandonnant emploi, pension et sécurité sociale.

D’autres Entreprises d’Etat vont jusqu’à convertir en parts les salaires impayés ou menacent d’amendes les mauvais payeurs. Derrière ces opérations peu honnêtes : les mairies, qui interprètent à leur manière le mot d’ordre de Pékin, « garder les bonnes usines et vendre les mauvaises »: l’acheteur le plus simple étant l’employé. Quant au patron, une des causes du mauvais état de la firme, il demeure souvent à la barre, comme actionnaire majoritaire.