Le Vent de la Chine Numéro 27
Ivre de limon et de fureur, le Yangtzé s’enfle et monte sur ses 6300 km de méandres, du Tibet à Shanghai (dite longtou, tête du dragon). Tantôt lisses et silencieux, tantôt tumultueux et déferlants, jamais depuis deux mois, les flots du cours monstrueux ne quittent plus leur majesté menaçante, à 22 m au dessus de Jiujiang, 30m au-dessus de Wuhan, 180 au-dessus de Chongqing, épée liquide de Damoclès sur les têtes de 10aines de M de gens.
Et le Yangtzé n’est pas le seul: la totalité du réseau fluvial chinois est en proie aux mêmes débordements, du Nord au Sud, Heilongjiang, Nen, Songhua (qui enserre Harbin de ses griffes, 9 M d’âmes, 121m sous elle), Fleuve Jaune, Hulin, Wen, Zhuo’er, alors que pluies et typhons poursuivent leur cycle estival. Affectés par cette plus grande catastrophe (pas si « naturelle » que cela) depuis 1954 : 233 M de Chinois, essentiellement ruraux (on verra pourquoi!): 1/20 de l’humanité, protégé par un magma fragile de digues détrempées et de 8M de soldats et civils épuisés de charrier autour du cadran sacs de sable, tiges de fer à béton et madriers.
Et pourtant, à cette heure, les choses semblent claires: sauf retour en force des intempéries, la Chine a gagné la bataille. Fleuves et rivières ne montent plus, aucune très grande ville n’a dû être évacuée, aucune épidémie n’est signalée, ni famine, ni flambée des prix due à la spéculation. L’heure est au bilan : on s’interroge sur les raisons profondes du dérèglement, les suites à donner. Pékin s’offre même le luxe, contraire à toutes ses traditions, d’un « déluge » d’info écrite et télévisée en direct sur « sa » catastrophe. Preuve de la confiance du régime, de tenir la situation bien en main!
– 270000 soldats et (wujing, police armée), 8 M de civils, sur la brèche depuis juillet.
– 1,56 MMY alloués au renforcement des défenses du bas Fleuve Jaune (Shandong)
– 200 000t de légumes frais en cours de livraison dans les zones sinistrées;
– Déstockage de blé et riz en cours, et circulaires pour prévenir la spéculation;
– Appel aux donations : déjà reçus, 325M USD, dont 1,3 (Aciéries Shougang), 0,25 (USA), 0,1 (Corée/Nord), 0,4 (Espagne), 10 (CICR), 32 (différentes fédérations industrielles), 0,3 (don personnel de Tony Blair, 1er Min Britannique); 0,1 de Taiwan, qui retient l’argent en attendant de savoir sa destination.
– Les assurances ont remboursé vite et fort leurs clients, essentiellement industriels: au 20 août, 120 MUSD (sur des demandes d’indemnisation de 360M); ce qui a permis à 4300 PME de redémarrer. Avant l’arrivée des flots, la PICC avait (non sans bon sens) financé l’évacuation de nombre de ses usines clientes, permettant de minimiser le sinistre. Mais cette intervention est limitée par le faible taux d’assurés: dans le Guangdong, 57 firmes assurées par la PICC (=80% du marché), sur 2000 existantes!
–NB: si vous souhaitez faire des dons: cf Ministère des affaires civiles, téléphone (Pékin) 65251532, n°cpte bancaire RMB A/C 469-330145090 (Everbright Bink of China, Beijing Branch); besoins urgents en antibiotiques, désinfectants, anti-venins, eau capsulée.
PROPAGANDE
« L‘eau emporte bien des choses, mais pas le courage », « nous menons notre plus grande guerre, depuis celle contre le KMT »… « L’Armée Populaire de Libération (APL), notre grande muraille d’acier »…
De telles formules triomphalistes abondent dans la presse officielle des dernières semaines. Pour le régime, une fois certain de la qualité de ses préparatifs, l’événement est apparu comme une chance unique d’une campagne de propagande unique en son genre, appuyée sur le concret: (shi shi qiu shi, « rechercher la vérité à travers les faits », devise chère à Deng Xiaoping).
On voit l’histoire des 112 héroïques généraux sur le front aqueux, l’un passant 10 h les pieds dans l’eau, des jours sans dormir, et se tenant éveillé en croquant des gousses d’ail; l’autre, malgré sa grosse fièvre, gardant le cap, et refusant un bon lit pour rester avec les sinistrés et avec ses troupes, sur la digue…
L’image se dégageant de cette littérature, étant celle de compétence, de courage, d’égalitarisme et de service du peuple. Cette même presse thuriféraire exprime la reconnaissance des masses envers son armée (sentiment qui épongerait, dans la mémoire collective, le souvenir du rôle de l’Armée Populaire de Libération (APL) dans la suppression du Printemps de Pékin): innombrables clichés de paysannes cuisant la soupe sur un brasero de fortune, pour des soldats épuisés, et l’on trouve même ce morceau de bravoure d’une jeune mère, faisant jaillir le lait de son sein, pour soulager les piqûres de frelons aux dos des recrues!
UNE REALITE PLUS NUANCEE
Si l’armée, indiscutablement, s’est bien comportée (elle était prête), cette campagne anti-inondation n’en a pas moins connu quelques bavures. Suivent quelques exemples, tous tirés de la presse chinoise:
– à Lindian (Jilin), 5 officiels cassés pour abandon de poste, durant 4 heures, pour jouer au mahjong.
– cadres ayant fui leur poste, et/ou confisqué des véhicules pour évacuer leur famille;
– à Harbin, Liu Xiaoqiang a été arrêté pour avoir fabriqué des bouées qui à l’usage, coulaient, tandis qu’une charcuterie industrielle s’est fait saisir 117000Y de profits mal acquis : elle avait doublé ses prix avec l’arrivée des eaux;
– à Auxian (Hunan), des cadres arrivés en renfort exigent de bons lits, la meilleure chère et à boire, pour mieux sauver les masses : 100000Y de frais pour les sinistrés;
– à Harbin, le 15 août, un paysan convoyant un camion de pierres vers le front fluvial, se fait arrêter par un certain Qin-le-5ème frère, mi-bandit, mi-policier, et sur son refus de lui verser 100Y d’octroi, se fait rosser -blessure au foie.
-en règle générale, Pékin vient d’interdire les missions dites de solidarité ou de consolation, ainsi que tout acte de prévarication ou main basse sur l’argent des donations.
DIVERS
– Parmi les évacuations d’urgence, figurent des articles imprévus: des espèces animales menacées, dont quelques dizaines de tigres de Sibérie, sauvages, qu’il a fallu capturer (sans armes!) et 100 Cerfs de David ; tandis que les 10 000 pensionnaires du pénitencier de Sifangtuozi (Jilin) ont été relogés en lieu sûr -pas une seule «belle» à déplorer.
– lors de son Congrès annuel, l’église taoïste a trouvé une belle occasion de faire montre de patriotisme, en sacrifiant 470000USD sur l’autel de la cause nationale.
QUELLES SUITES?
Dans l’immédiat, priorité au retour à la normalité.
Pour les industriels, production avant tout.
Chez DCAC/Wuhan, 180 ouvriers sur les 5000 de la JV Citroën ont été affectés à la surveillance des digues, jour et nuit -la rivière Han, est 3 m plus haute que l’usine. Dans les deux sens, les livraisons se font par camion et non plus par barge, et un effort financier exceptionnel a été consenti en faveur des PME d’ensembliers, afin de leur permettre de produire leurs pièces détachées. En juillet, 3849 véhicules étaient produits, soit +67%, la montée en puissance prévue au cahier de charges (de 30000» ZX-Fukang à 50000 cette année), n’a pas été remise en cause.
Pour les écoles, la consigne est d’ouvrir à la date prévue –1er septembre. Plus facile à dire qu’à faire: 1MMUSD de dégâts dans 45000 écoles, 3Mm² détruits et 7 endommagés, 8,5M d’élèves sinistrés, sans livres ni tableaux noirs… Ainsi à Sangzhi (Hunan), 77% des 473 coles sont détruites: 50% des enfants seront à la porte. De toute manière, vue la ruine des familles sinistrées, et le besoin de mettre les enfants au travail, les proviseurs s’attendent au plus fort taux d’absentéisme des 20 dernières années.
Les inondations, d’après m. Zhou Wenzhi, ministre de l’eau, se poursuivront encore au moins jusqu’à fin octobre, voire fin de l’année, si de nouveaux typhons interviennent.
L’impact économique sera évidemment négatif. «pas si lourd», disent ces experts, estimant que la croissance industrielle au 3. trimestre pâtira, mais pour mieux rebondir au 4., sous l’effet des investissements publics d’infrastructures du 1er semestre, qui ont gonflé et culminé en juillet (+22,8%). Selon ces mêmes voix, l’impact agricole serait limité, puisque les inondations ne concernent que 5% du terroir nat’l. D’autres voix sont plus pessimistes, tel celle de l’économiste Hu Angang qui prédit une croissance de PNB limitée à 7,3% (en dessous des 8% promis par Zhu Rongji). Tel Jiang Zemin lui même qui vient de concéder que l’objectif des 8% risque de ne pas être atteint. Zhu lui, persiste et signe.
AUTOCRITIQUE
Selon une pratique rituelle du Parti, la Chine fait sa (ziwopiping, autocritique), refusant de se satisfaire de l’idée que «c’est la faute au destin».
Le Vice 1er Min. Wen Jiabao en personne, face au bureau du Parlement (l’ANP), dénonce les «négligences dans le domaine de l’environnement…, la déforestation massive».
Les langues de la presse se délient (mais pourquoi si tard?) : le système anti-crues était «souvent obsolète et dilapidé, hors d’usage normal, dans 420 des 600 villes à risque». Les investissements étaient «beaucoup trop bas depuis longtemps… +21% /an depuis 1991, mais atteignant dans la période tout juste 115MMY, soit 1% des dépenses globales d’infrastructures depuis 6 ans»!
Conséquences annoncées : dès à présent, l’exploitation forestière au Tibet, comme ailleurs sur les rives des fleuves, est interdite.
Des investissements «considérables» vont être faits pour remettre à jour le réseau fluvial. Et l’Etat propose de racheter aux paysans les terres des bassins d’écoulement, pour les rendre à leur mission initiale, celle d’absorption du trop plein des crues. Une question cependant demeure sans réponse: comment ce système, si capable aujourd’hui de fustiger les carences de 20 ans -et que chacun connaissait sans vouloir le dire-, saura t’il prévenir d’autres accidents de ce type à l’avenir?
Chassez le diable par la porte, il revient par la fenêtre.
Amway, le géant américain des «ventes directes», avait été prié en avril par le Conseil d’Etat de congédier ses 80000 distributeurs indépendants (la pratique étant désormais bannie en Chine) : Amway vient d’ouvrir 3 magasins à Shanghai, et d’y réemployer 2000 de ses ex-démarcheurs.
Mary Kay et Avon, ses deux concurrents américains, s’apprêtent à en faire de même.
Prix du «ticket de réentrée»: avoir investi au moins 10MUSD dans le pays (Amway avait déjà une usine cantonaise de 100M, et en bâtit une autre de 30M, de cosmétiques, à Pudong), et être spécialiste des ventes directes à l’étranger.
Deux géants de l’alimentation élargissent leur marché en Chine.
Unilever (glaces Walls, thé Lipton) rachète (10MUSD) Lao Cai, le bien connu producteur shanghaïen de sauce soja. Unilever prépare par ailleurs une restructuration de ses 5 JV. Coca-Cola pour sa part, se positionne sur le marché des boissons non gazeuses, avec «Tian Yu Di» (paradis sur terre) et une gamme de thés froids.
Ces produits destinés à une clientèle jeune: 16 à 35 ans, résultent de 3 ans de recherche – le chinois moyen consomme 1,5 fois plus de boissons non gazeuses, que les autres.
Volkswagen/Shanghai envoie 21 de ses cadres chinois en Allemagne, pour 3 ans d’études en design et développement: ambition de se doter d’un bureau d’étude local, le lieu où se définit, plus qu’à l’usine même, la rentabilité du produit!
10 banques candidates retenues dans la « botte » des prochaines licences pour faire le commerce du RMB depuis Pudong :
HK-East Asia, Singapore Oversas Chinese, Development Bank (Singapour), Bank of America, Dresdner, Crédit Lyonnais, Sumitomo, Sakura, Crédit Suisse (1st Boston) et ABN-Amro.
13 août: Shashi (Yangtzé), 5ème pic de crue: 44,8m, et 49500m³ de débit, record annuel. Harbin (Nen, affluent de la Songhua): 119 m de haut (jusqu’à 134m par endroit), 8380m³.
22 août: Jiujiang, (Yangtzé, 6ème pic): 22,4m; érection en 5 jours d’une 3ème digue de défense, sur 453km de long; à Harbin, la Nen monte à 121,8m, 17400m³.
24 août: Harbin: 120,9m, 17300m³, 1,5M de gens évacués;
25 août: Chongqing (Yangtzé): 183,2m, 58000m³
26 août: typhon attendu, 7ème pic de crue sur le Yangtzé, alerte générale sur le lac Honghu (maillon faible), aux portes de Wuhan; digue rompue à Yueyang (Hunan, sud de Wuhan).
28 août: trop plein de 50% au barrage de Nanyin (rivière Songhua); pour le sauver, et sauver Daqing (Heilongjiang, champs pétroliers), l’Armée Populaire de Libération (APL) veut en faire sauter la section Est. Digue crevée par la Songhua à Jiamusi. A Chongqing, le haut Yangtzé est à 178,9m.
LES DEGATS
[1] 20MMUSD de pertes a priori (voire 35, selon l’économiste Hu Angang); à comparer avec la moyenne annuelle (depuis 1950) de2, 4 MMUSD. Dégâts surtout recensés dans: Jiang-xi, Hunan, Hubei, Heilongjiang, Jilin, Mongolie Int. Parmi ces dégâts : 21 M ha emblavés perdus, sur 29 provinces (l’équivalent d’1/2 France); 5M de maisons détruites; des villes comme Qiqihar (Mongolie Int.) ont devant elles des années de reconstruction:1000 usines fermées, 150000 réfugiés, la moitié du terroir sous la boue.
[2] Daqing inondé (1er gisement pétrolier du pays, dans le Heilongjiang) 282 puits fermés,perte de 2% de la production, seulement, grâce à une digue d’urgence de 13 km.
[3] A Baotou (Mongolie), dès juillet, 2,5 journées chômées pour les aciéries: 12 MUSD.
[4] Sans abris: au moins 2M dans le Nord-Est, logés sous tente sur les digues-température nocturne actuelle = 10°.
[5] Attendues:
– Epidémies (manque de médicaments, de routes, d’hôpitaux en état); dès aujourd’hui, on soigne grippes, dermatoses, infections oculaires, mais pas (encore) dysenterie ni choléra.
– Marées rouges : canicule et nitrates (engrais!) dans le limon des crues réunissent les conditions pour ce fléau, prolifération de plancton toxique à l’embouchure des fleuves.
[6] Commerce textile intérieur en chute libre : la rupture de tous transports Nord/Sud (route/canaux/fer) prive le négoce cantonais de 80% de ses acheteurs à Pékin, Changsha, Harbin: les prix de gros ont chuté de 50 à 75%.
La spéculation sur le HKD se fait de plus en plus précise. George Soros, créateur du célèbre fonds Quantum, ne se cache pas d’avoir la devise du rocher dans son collimateur.
Donald Tsang, grand argentier de la RAS, a déjà jeté 15% des 96MMUSD de réserves dans la défense de sa parité au dollar américain, ou 120 MMHKD, placés en achats de titres (blue chips) pour éviter l’effondrement de la Bourse locale. Hong Kong admet avoir connu, au 1er trimestre, une récession de 2,8%.
L’intense bras de fer boursier, à Hong Kong, se traduisait vendredi 28 par des échanges de titres d’une valeur de 12000HKD par habitant.
Shanghai se dote cette semaine de trois nouveaux outils de pointe:
1. (le 28), le Grand Théâtre – Opéra au dôme convexe, conçu par le français J.M. Charpentier;
2. le Centre int’l de services navals, regroupant toutes les administrations, agents et banques, et permettant d’effectuer les déclarations de transports maritimes en 15 minutes -voire même, pour les douanes, à distance, par internet;
3. un laboratoire de recherche de produits génétiques, capable de découvrir 15 clones par jour.
Cette entreprise, Shanghai Biorigin, filiale du groupe New Huangpu et de l’université Fudan, dispose d’un capital de départ de 12MUSD.
Objectif : devenir d’ici ‘2000 un des « gros » de sa catégorie dans le monde, et d’avoir à son actif d’ici là 100000 gènes, tout en détectant, à l’ordinateur, les fonctions initiales de ces découvertes.
Changhong, le gourmand sichuanais producteur TV (n°1, 40% du marché national), perd de l’argent: ses profits, 1er semestre, ont atteint 634MY, contre 930 l’an passé (moins 31,8%), et atteignent 20% de l’objectif annuel.
Incriminées : la baisse de la demande intérieure et la concurrence sauvage des pays voisins, surtout Corée du Sud, dont les chaebols (corporations) vendent à perte et luttent contre la mort.
Un média meurt, un autre naît.
Mort, à Hong Kong, du vénérable «Asia Magazine», pour avoir perdu 40% de sa pub. en 2 ans. (Asia Magazine. était le concurrent, en bien moins bon, du Far Eastern Economic Review).
Naissance, à Pékin, du quotidien Beijing Morning Post, émule du «journalisme vériste et honnête» développé avec succès par le Week end. méridional. Le Beijing Morning Post a pour autres avantages la photo couleur, et une armée de petits revendeurs à casquettes couleur bouton d’or, très actifs dans les rues matinales.
«Nouvelle donne » annoncée pour l’avion de 100 places (ce projet euro-chinois en plein turbulence depuis des lustres);
c’est Dominique Strauss-Kahn qui le révèle, ministre français de l’Economie et des Finances en visite à Pékin (26 août), préparatoire à celle du 1er Ministre Lionel Jospin le 24 septembre. Ces propositions seront soumises incessamment par le Président d’Airbus à son homologue d’AVIC.
Lin Ti-chuan, politicien taiwanais d’opposition, avait été kidnappé et assassiné à Haicheng (Liaoning) en juillet : deux locaux ont été appréhendés par la police chinoise -on n’en sait pas plus.
Parmi les lois nouvelles soumises, lundi 31, au Bureau du Parlement ( l’ANP), figurent une sur l’adoption (plus stricte) d’enfants par des étrangers, une géante (400articles) sur les contrats, introduisant dans la loi les réalités du leasing, de l’immobilier et du courtage en Bourse; une sur la protection des terres arables,et une sur les «parlements de village» (qui pourraient servir, dans l’esprit du législateur, de contre-pouvoir à l’arbitraire des chefs) une expérience de démocratie inédite en Europe.
Chen Xitong, l’ex-maire de Pékin corrompu ET vivant une inimitié personnelle avec le Président Jiang Zemin, a été condamné en plein été (au moment le plus discret) à 16 ans de prison.
Son appel a été rejeté. Cette peine la plus lourde à un haut cadre du Parti depuis les procès de la bande des Quatre, lui évite la peine de mort : non pas, comme on l’a écrit, parce qu’ «il en savait trop», mais par tradition communiste, et pour ne pas s’aliéner les derniers grognards de Deng Xiaoping.
Dans l’inconscient chinois, le Yangtzé est une divinité mythique, et sa colère répond à 40 ans d’oubli. Le Chinois de la rue croit payer deux erreurs du passé.
[1] Celle de Mao, qui avait certes doté le pays (par la contrainte) d’un réseau hors pair de contrôle fluvial, mais qui avait aussi brisé les digues de la natalité, abolissant le planning familial et encourageant un baby-boom aux conséquences incalculables.
[2] Celle de Deng, à partir de 1980, en octroyant aux villages de larges libertés, avec pour slogan, l’enrichissement privé: 200M d’enfants de Mao devenus adultes, occupaient en culture les bassins, « tampons » (qui devaient absorber le trop-plein des crues), les digues, déboisaient à tout va…
Pendant ce temps, Pékin, dans sa course à la croissance, plaçait ses crédits fluviaux dans des méga barrages comme Ertan (dont la 1ère turbine vient d’entrer en fonction) ou les Trois Gorges, projets contestés et qui en tout état de cause ne palliaient pas les lacunes du réseau existant.
Arrive, là-dessus, la vague d’air doux d’el niño, déneigeant 2 mois à l’avance le massif du Kunlun, source de tous les grands fleuves: dès fin mars, Pékin savait à quoi s’en tenir, sur la catastrophe en route. Toutes les instances locales étaient immédiatement averties, y compris (fait inouï!) par voie de presse. La préparation portait moins sur la réfection des ouvrages (impossible de réparer en 2 mois, 20 ans de laisser aller) que sur les exercices d’évacuation, le stockage de matériel, les plans de secours médical etc. Ceci, avec une priorité (pour cause politique évidente) aux villes, vis-à-vis des campagnes. Cette mobilisation, à elle seule, peut rendre compte du nombre bas des victimes (3004, sans doute sous évalué, mais d’une échelle plausible), par rapport aux crues de 1954 qui avaient causé 30 000 décès.
Les examinateurs n’en ont pas cru leurs yeux, en observant les résultats du baccalauréat 1998, qui en Chine est un concours, déterminant par les scores obtenus les 1,5M d’heureux admis aux universités:
ils sont, à 68%, «elles», les filles, qui ne laissent qu’un petit tiers des places au sexe fort.
Explication un peu machiste des universitaires: le système actuel privilégie la mémoire sur la créativité. C’est indéniable, mais peut-être les demoiselles sont elles aussi plus «bûcheuses»?
En attendant, cette promotion déséquilibrée crée pour les universités un casse-tête chinois : comment répartir les dortoirs, organiser les sports, les activités sociales? Sans compter le résultat dans 4 ans sur le marché du travail : de plus en plus de femmes occuperont les postes «mâles» d’ingénieurs, publicistes, cadres commerciaux etc.
La loi chinoise est stricte sur ce point: pas plus de 2 enfants -au max.- par famille à la campagne.
Mais à Majie, district de Malipo (Yunnan), région de minorité Miao, certains ont pris la loi de court, en imaginant de procréer pour la vente.
Ainsi, m. Luo, fermier de 41 ans, fait avec sa femme mme Zhang un 3ème enfant, mâle, né en octobre 1997, vendu en novembre 2000Y à un résident de Nanning (Guangxi)…
Avec le temps, l’exemple et la demande, jusqu’à une centaine de bébés avaient ainsi changé de berceau, vendus par des parents qui se décrivaient eux-mêmes comme «machines à concevoir», et justifiaient la pratique par le fait qu’elle «ne faisait de tort à personne».
Jusqu’à ce que la police débarque, pour mettre un terme à cette aventureuse expérience de mères porteuses aux couleurs de la Chine: entre les 9 et 10 juin dernier, 29 arrestations.
5-13 sept, Pékin Cité Interdite, Turandot de Puccini, direction Zubin Mehta
8-12 sept. Xiamen, Foire commerciale.
15-18 sept, Shanghai, Foire de l’ameublement
30 août-3 sept, Pékin : Y. Mordechai, ministre israélien défense, pour coopération diplomatique et industrielle (d’armement).