Le Vent de la Chine Numéro 43
Les 18 Présidents et chefs d’Etat de la «Coopération Economique d’Asie Pacifique» (APEC) entament ce lundi à Manille leur 4ième Sommet.
De très loin, cette réunion est l’événement de la semaine, pour l’industrie de Chine et d’Asie. Le projet, de cette organisation vieille de 7 ans à peine, est de créer à leur profit d’ici 2020 la plus importante zone de libre échange de la terre. Cette coopération ne prend pas le chemin contraignant, formaliste et coûteux d’une Union Européenne, mais n’est pas moins ambitieuse en associant des régimes hier opposés, dans un projet d’enrichissement par l’interdépendance. Au fond, l’APEC est la preuve qu’en Asie aussi, le clivage gauche-droite s’estompe – remplacé par des thématiques plus terre-à-terre – l’autosuffisance céréalière ou la gestion des groupes industriels périmés.
Le sommet de Manille est aussi important, parce que les Présidents Clinton et Jiang Zemin s’y rencontreront – dès dimanche. Tournant à 180° des USA vis à vis de la Chine, une fois levée l’hypothèque de l’élection présidentielle.
Le nouveau mot d’ordre est de «Comprehensive Engagement» ce qui, dans le sabir politique local, signifie «faire comme les autres» – mettre en sourdine sa sensibilité «droits de l’homme» pour conserver sa part du marché chinois de l’équipement et de la consommation. Au moment où à Pékin, le «tribunal intermédiaire N°1» rejetait en 10 minutes l’appel interjeté par le dissident Wang Dan (condamné à 11 ans fermes), Warren Christopher signait, avec son vis-à-vis chinois Qian Qichen, un accord pour le maintien à Hong Kong, après juin 1997, du Consulat US. Une visite «au moins» du vice-Président Al Gore en 1997 est acquise. La Maison Blanche ne s’oppose plus à l’entrée de la Chine à l‘OMC, moyennant un système «à plusieurs vitesses» concocté par la Commission Européenne de Bruxelles (qui connaît bien le sujet)… Le «challenger N°1» de Pékin rend à son tour les armes.
Une page des relations sino-mondiales se tourne. Une autre s’ouvre, pleine de promesses et d’espoirs pour la Chine, d’occuper sa place de géant dans les affaires du monde.
Comme le préfigurait le VdlC n°36, Tung Chee Hwa, poulain du Président Jiang, est assuré de l‘investiture du Selection Committee appointé par Pékin, comme futur « patron » de la Hong Kong chinoise : au 1er tour de votes, vend.15, Tung a obtenu 206 voix sur 400.
Résultats finaux le 11 décembre, mais les jeux sont faits.
Sur cette nomination, deux remarques :
1. Pour son 1er essai, la machine à voter imaginée par Pékin pour remplacer les institutions britanniques, fonctionne sans heurts : il n’y aura pas de vide juridique.
2. Le futur gouverneur n’a pas perdu de temps pour suggérer qu’Anson Chan, patronne de l’administration, gardera son poste.
C’est un deal (Chan a renoncé à se présenter au scrutin, malgré sa grande popularité).
Mais l’équipe qui en ressort est à 100% acceptable pour les milieux d’affaires de HK: Pékin, pour l’instant, fait un sans faute. La Bourse de HK ne s’y trompe pas, qui vole ces temps-ci de record en record!
California Beef Noodle, la très populaire JV de «fast food» fondée en 1991 par mme Wu Jinghong, ex-vedette de cinéma sino-américaine, traverse une tempête: le directeur général à Shanghai, a ouvert partout sur la côte des «petits frères» de ces cantines, usurpant leur nom.
Quand mme Wu, tardivement, a voulu licencier le manager indélicat, celui-ci a répliqué en fermant le restaurant de Shanghai et appelant à la grève générale! L’affaire s’est terminée dans une réunion houleuse du Conseil d’administration, confirmant le licenciement, et par une plainte de mme Wu en piratage des trois marques et produits déposés.
L’Etat polit de nouvelles règles du commerce de détail à succursales, y compris en JV.
Le progrès principal pour l’étranger consistera en l’ouverture de toutes les capitales provinciales, au lieu des 11 villes déjà autorisées. 2 licences accordées récemment : Hua Tang Yokada (Pékin) et Makro (Shanghai) -et à court terme, à en croire le min. du commerce intérieur, on en resterait là!
Problème pour «Wal-Mart», la grande surface américaine à Shenzhen (Canton) : en pleine Foire Nationale du Livre, mme Zhang Kangkang, auteur célèbre, y trouve en vente la copie pirate de son propre ou-vrage. Wal Mart jure avoir racheté le stock à une librairie de la ville…
Au 1er décembre 1996, nouveau règlement boursier pour le marché des valeurs chinoises pour étranger («B-Shares» émises en Chine, et «red chips» émis à HK).
A Shanghai comme à Shenzhen, courtiers et compagnies d’investissement, locaux comme étrangers, devront justifier d’un capital min. de 50 MY, pour briguer l’agrément aux transactions en devises.
NB : 12 banques et sociétés de courtage viennent d’être frappées d’amendes allant jusqu’à 136 000USD, pour «agiotage au noir». Ces mesures, et d’autres évoquées dans nos N° précédents, ayant pour but de réinsuffler la confiance dans 1 marché chinois déconsidéré (malgré sa jeunesse) par l’anarchisme et les délits d’initiés.
Avic et SBAC (British Aerospace élargi) signent un mémo pour former1«groupe de travail».
Visée: une pépinière à J.V. pour produire pièces et systèmes pour le futur avion de 100 places.
Par ailleurs, Avic «racle les fonds de tiroirs» pour investir dans ce projet géant : il lui faudra «au moins» 1MMUSD, dont la moitié fournie par la Bourse de Hong Kong, produit du «listing» de ses meilleures marques – fourgonnettes Songhejiang et Changhe, motos Nanfang et Jinchen,et des fournisseurs de Volkswagen-Shanghai.
L’objection (apparemment vénielle), pour la cotation sur Hong Kong, étant que la plupart de ces firmes travaillent aussi pour le militaire.
Deux cent hommes d’affaires, diplomates et journalistes belges: Une mission énorme, pour un pays dont la population n’atteint pas celle de Pékin, débarque dimanche 24 novembre 1996, sous la conduite du Prince Philippe.
Visite ambitieuse aussi par son rythme et ses étapes: Pékin (ses infrastructures, son marché, ses universités), Tianjin (son port sur la mer de Bohai, l’autoroute), Shanghai (maîtrise du Yangtzé, et Pudong, le 1er invest du monde), Suzhou (ville des parcs et des jardins) et Dalian (cultivant son look «vert»), face au Japon et à la Corée.
Bruxelles a investi en lourd dans cette visite: il s’agit de relancer la pénétration en Chine, laquelle marque le pas, après de brillants succès (Alcatel-Bell-Shanghai ou Janssens Pharma-Xian, parmi les plus grandes JV de Chine).
Il s’agit aussi de se montrer unis, comme Belgique des affaires, dépassant les divisions et mauvais rêves des derniers mois. Sursaut vital, de la part d’un Etat dont l’existence se confond, depuis 1830, avec l’export, la technique et le développement.
Shanghai se dit prête à créer, d’ici 5 ans 200 grandes entreprises et 600 autres moyennes, dans ses banlieues jusqu’à présent encore à la traîne du développement très vif de la métropole du Yangtzé.
Parmi ces groupes délocalisés, 5 visent des ventes annuelles de 600M USD, et 20 autres, des ventes de 30MUSD
«En haut, il y a les ordres, en bas, les contrordres» (dicton) : Dazhong, géant des taxis shanghaiens, a trouvé le moyen de contourner le verrou sur toute licence nouvelle : en reprenant -gratuitement- une usine publique de rechapage de pneus, elle a reçu 180 licences toutes fraîches : donnant – donnant!
Avant que ne s’ouvrent grand à l’étranger, les portes de l’assurance chinoise, CITIC prépare pour 1997 sa propre compagnie. Siège à Pékin, 500 M Y, dont 30 à 40% sous contrôle de CITIC, le reste fourni par 22 «poids lourds» de l’aviation, du pétrole, des transports et télécoms.
L’Etat va injecter des aides à l’industrie mécanique, «compatibles avec l’OMC» :
Des producteurs chinois de ces équipements lourds perdent des contrats au profit de l’étranger, jugé plus fiable et avantagé par des conditions «imbattables»de financement.
La perte en contrats va jusqu’à 70% et en profits,à 40%.Cas intéressant: Pékin obtient les conditions de contrats les plus favorables, mais doit redépenser en subventions une partie du rabais : l’ensemble du marché sectoriel perdant sa profitabilité dans l’affaire.
Le dernier en date, Siemens, va mettre 500 MUSD dans une centrale thermique de 1300 Mw à Hangfeng (Hebei). Mise à feu en 2001.
Dupont vient d’ouvrir à Foshan (Canton) la plus grande usine de film polyester en Chine : 22 000t/an.
L’américain Intel va produire des cartes à Puce à Pudong. 500 ouvriers (1ère phase) et 99 MUSD. Ouverture mi-1998.
Pékin se plaint d’un «sabotage» par Canton, de la campagne de la «société spirituelle socialiste» (suivant la vieille technique de la «réunion d’étude», ou chacun apporte sa propre lecture)!
Visite protocolaire (18-25 nov) de Roman Herzog, Président de la RFA.
Le Pot à fleurs doré de 3,5 m, exposé devant la Cité Interdite par la Fondation Cartier, est mal passé auprès des amoureux du passé et des politiques»n’aimant pas trop l’étranger.
Commentaires dans la presse pékinoise : «peu harmonieux, choquant le regard, gâchant la perspective», tandis que d’autres, dénonçant les 500000 Y «donnés» pour obtenir ce prestigieux espace publicitaire, fulminaient:«comment les Chinois peuvent ils rester passifs?»
Après hésitation, Taiwan ne va pas rouvrir le trafic maritime direct avec la Chine. Taibei maintient l’offre de «trans shipment» par ports franchisés («off shore») et résume ainsi son refus : «se presser ? Pas possible, pas besoin, pas envie!»
Les échanges sino-russes progressent à vive allure: 50% de + que l’an passé.
Pékin s’attend à un commerce bilatéral pour 1996 -proche du record de 1993 (7,7MM USD). En 1996, la Chine augmente de deux tiers ses imports chimiques, métallurgiques et aéronautiques (48 Sukhoi 27), tandis que la demande russe en cotonnades et soieries chinoises ne faiblit pas.
En peu d’années depuis la normalisation de 1989, ce commerce a mûri, passant du troc socialiste aux paiements en devises, et réduisant les barrières douanières. 2MM USD ont été payés en avril, en sus de la facture des 48 avions de combat, pour le transfert de licence. Grâce à cette coopération militaire, Pékin peut construire 2 bases «spéciales Sukhoi» – à Suixi (Canton) et dans l’Anhui.
Une centrale thermique de 1Mkw/h, partiellement russe, vient d’ouvrir à Panshan près de Tianjin, -sans compter le contrat ferme pour 2 réacteurs nucléaires dont le site, initialement fixé au Liaoning, semble se déplacer vers l’Ouest.
Lundi 18, les ministres des affaires étrangères Yevgeny Primakov et Qian Qichen se félicitaient à Pékin de ces résultats, et préparaient une visite de Jiang Zemin à Moscou, en avril prochain, afin de liquider les vieux contentieux frontaliers. Une rencontre des 1ers Ministres est aussi envisagée à Moscou, d’ici décembre…
Tout ceci pour une coopération très dynamique, entre ex-frères ennemis du socialisme, avec à la clé, des échanges qui devraient tripler d’ici 2000, pour atteindre au moins 20 MMUSD!
Shanghai, 1ère en Chine à se mettre à la collecte sélective des ordures -poubelles tricolores pour verres, cartons/ métaux, et composts.
Comparé aux pays riches, le bilan de santé de la Chine est piteux: 100 M d’hépatites B, 40M de diabètes(en hausse!), 100M d’hypertendus, 6M de tuberculeux et 1,5M de risques cardio-vasculaires -en plus du SIDA et des maladies vénériennes qui montent en flèche.
A Xuanwu (Pékin), rue de la Vache, la mosquée fête son millénaire -lieu de vénération pour cette communauté « hui » musulmane de 200 000 fidèles.
Etrange expérience à HK, qui montre la pression «capitaliste» sur ses écoles: la colonie envisage de récompenser les 20 écoles aux meilleurs résultats par une prime de max. 100000 HKD (13000USD).
Le guitariste rock He Yong interdit de représentation à Pékin pour 3 ans, suite à un concert qui n’a pas eu l’heur de plaire.
Ø 26-29 nov., Pékin : Salon international du sport et du loisirs (équipements sportifs, vêtements, vacances, caravanes, barbecues etc.)
Ø3-7 dec., Shanghai : Salon de l’équipement bancaire, financier et de bureau.
Ø décembre, Pékin :Sympos. du trans-port à grande vitesse, autoroute et auto.
Ø4-7 déc., Pékin:Salon International des produits mécaniques et électron. «high tech».
Ø 2-3 Déc., HK : Conférence sur la taxation des investissements étrangers en RPChine.