Le Vent de la Chine Numéro 2

du 8 au 14 janvier 1996

Editorial : France – Chine : le temps des éminences grises !

La visite secrète à Pékin durant les fêtes de fin d’année de Jacques Friedmann, Président de l’UAP (Union des assurances de Paris) confirme, pour la seule Chine, l’existence d’une diplomatie française parallèle.

C’est par J. Friedmann qu’a pu se faire en 1994, la normalisation et la visite d’Edouard Balladur.

Quoique hors du contrôle des institutions républicaines et du regard de la presse, ce canal offre l’avantage de pouvoir se parler franchement d’Etat à Etat, ce qui devient de plus en plus malaisé avec ce régime chaque jours plus nerveux.

La visite trahit aussi les peurs de la Chine, face aux négociations franco-taiwanaises sur l’achat de missiles: manifestement, les assurances fournies en décembre par le ministre français Yves Galland, n’ont pas suffi. Enfin, si l’on lie cette nouvelle à l’attribution par Washington d’un visa de transit au vice président Taiwanais Li Yuan Zu, apparaît en filigrane une politique peut-être concertée: éviter  toute action risquant de faire perdre la face à la Chine, mais aussi montrer, en actes, qu’on refuse l ‘image, proposée par Pékin, de Taiwan comme « province rebelle« , et de lui donner le feu vert pour tenter l’aventure d’une reconquête militaire.

 


A la loupe : LUTTE DE POUVOIR : QIAOSHI MARQUE UN POINT!

Peng Zhen et Wan Li (93 et 80 ans, ex-maire de Pékin et ex-Président du Parlement, l’ANP – le Parlement) viennent d’accepter des postes au club de réflexion de l’ANP, dont Qiao Shi est l’actuel Président.

Qiaoshi est aujourd’hui le seul rival du Président Jiang Zemin, pour le pouvoir suprême après la mort de Deng Xiaoping.

Deux autres "ancêtres" seraient plus proches de Qiao que de Jiang : Yang Shangkun, l’ex-président, et Bo Yibo. Dans toutes les courses au pouvoir du régime, les vieux cadres ont pesé d’un poids déterminant.

 


A la loupe : TAIWAN-CHINE : LES BRUITS DE BOTTES!

Loin de s’affoler face aux menaces de Pékin, Taiwan persiste et signe : son vice-président reçoit son visa américain, Taibei "fauche" à Pékin  l’ambassade du Sénégal (et est reconnu désormais par 31 pays), déploie son nouveau missile Sky Bow II d’une portée de 300 km…

Cependant que Pékin, prétend devenir en 15 ans une puissance militaire mondiale (porte-avions, chasseur bombardier avancé…), notamment grâce à la Russie…

Où est l’"intox" et où est l’avenir? Les milieux d’affaires insulaires, en tout cas, se comportent comme s’ils ne croyaient pas à la relance de la guerre!


Argent : Les fonds de pension – pas encore sous contrôle

La Chine se dote rapidement de régimes de retraites.

Problème dont s’inquiète aujourd’hui le Conseil d’Etat: les fonds de pension, qui gonflent de 30% par an (24 milliards de US$ en 1994), ne sont pas sous son contrôle, d’où manque à gagner, et risque inévitable de malversations!

Hausse majeure et inexpliquée de la Bourse de Hong Kong, qui plane à 10500 points (indice Hang Seng).

Achats étrangers, peut être originaires du Japon, en proie aux affres d’un changement de Premier Ministre.

Rumeur : l’austérité du crédit, en Chine, devrait être abandonnée d’ici l’été -l’inflation est jugulée.


Pol : Après le lâchage du Sénéngal, Pékin en visite en Afrique

Birmanie : Washington offre 2 millions de $ pour la tête de Khun Sa, le seigneur de la drogue, qui vient de se rendre à Rangoon. Celle-ci refuse. Un deal aurait été passé : que le trafic de l’héroïne continue, mais que la junte en touche sa part! 40 membres de la junte militaire sont à Pékin (du 7 au 14), dont le Général Than Shwe, Président du Slorc

Tibet : le jeune "faux" Panchen Lama, élu sous la contrainte du PCC, vient d’être rapatrié à Pékin -sa sécurité, à Lhassa, ne serait pas assurée!

A Panyu, (Guangxi), 1er braquage de banque "réussi" : 15 millions de yuans (dont 10 récupérés), 2 morts, 6 arrestations et 2 hommes en fuite.

Le Sud chinois est toujours leader pour les innovations, même en délinquance!

Après le "lâchage" du Sénégal, Pékin resserre les boulons : départ du ministre Qian Qichen jeudi pour 10 jours en Tunisie, au Tchad, à Djibouti et aux Seychelles, "sur invitation des gouvernements".

 


Temps fort : SOCIETE – les orphelinats de la honte!

En un an, la presse étrangère a souvent accusé les orphelinats chinois, décrits comme mouroirs pour enfants non voulus.

Chaque fois, la Chine a rejeté la « calomnie ». Cette fois,  « Human rights watch » revient à la charge avec une volumineuse enquête, exposant avec témoignages et photos l’abominable situation : des institutions comme l’orphelinat de Shanghai ont été ou demeurent des sites où la mort est industrie, où malnutrition, viol et torture apparaissent de règle.

Dans le cas de Shanghai, la société socialiste a tenté de redresser l’abus – un rapport accablant a été établi dès 1992.

Et puis un « gros bonnet » (Wu Bangguo, actuel « boss » de l’industrie et de l’agriculture), a décidé de couvrir le directeur pervers et corrompu -sous prétexte de protéger le renom de la Chine, face aux critiques occidentales de type « droit de l’homme »!