Le Vent de la Chine Numéro 1
le sens des vents: entre le nouvel an solaire, occidental, et le lunaire asiatique, c’est le moment pour le pouvoir de présenter, pour l’année 1996, ses projets en tous genres -et pour nous, de tenter de les classer -entre le possible et l’irréaliste, l’utile et l’idéologique, l’ouverture ou le repli sur soi.
C’est aussi le temps pour Pékin de s’occuper des deux « écorchures » permanentes de l’Empire socialiste -Hong Kong et Taiwan. Pékin pâtissant de sa prétention irréalisable, d’avaler ces deux brillantes filles de l’Orient et de l’Occident, sans s’en laisser « corrompre », sans rien retenir qui remette en cause en quoi que ce soit son appareil sclérosé !
A Taibei comme à Pékin, on a tiré ses leçons des clash des mois passés.
Pékin s’apprête à soumettre la pression maximale à son adversaire, craignant que Lee Tenghui, une fois premier président légitimement élu (en mars) ne conduise l’île à l’indépendance.
D’où menaces à peine voilées du président communiste Jiang Zemin, de "dévoiler la face cachée de Lee Tenghui" : il y aura d’autres exercices militaires chinois face à Taiwan, avant le scrutin.
Côté gouvernement taiwanais, on annonce de très importants achats d’armes et une "percée" dans les relations avec Pékin -qui pourrait intervenir sous la forme du rétablissement (que Taiwan accepterait, contraint et forcé) des liaisons directes, aériennes et navales!
150 membres viennent d’être désignés par Pékin, comme le futur pouvoir local. 2/3 sont locaux, 1/3 chinois.
La bonne nouvelle est qu’il contient toutes les tendances, sauf, l’alliance démocratique de Martin Lee (première formation politique de Hong Kong, son rival et sa bête noire).
Il fait la part belle aux gros industriels (amis personnels des dirigeants à Pékin), et reprend en fait la chambre "patricienne" du bon vieux temps colonial.
Voici donc la future assemblée non élue de Hong Kong, qui abolira l’actuelle.
Mais l’opposition démocratique restera, dans la rue et dans les coeurs, et l’éliminer de la photo n’est certainement pas régler le problème!
Le chantier "Oriental plaza", une des causes de la chute de Chen Xitong en juin dernier, devrait "bientôt" redémarrer, selon le maire de Pékin.
Mais on ignore ce qu’il restera du projet initial -2 milliards de $, 120 000 m²-, de ce JV entre la mairie de Pékin, et Li Kashing, le plus riche magnat de Hong Kong (qui figure, bien sûr, dans l’assemblée préparatoire).
La Cosco, premier groupe maritime mondial, aura achevé sa restructuration d’ici 6 mois.
Ses 293 filiales et J.V. seront regroupées en 4 corporations et 8 sous-groupes. Parmi ceux ci, lancement d’une flotte Cosco (HK), de 80 vraquiers d’une capacité de 4 millions de DTW
Vague d’exécutions: en 8 jours, 7 à Pékin, 16 à Shenzhen, 24 à Canton -sans doute bcp plus. Cette tendance est cyclique (tous les ans avant la fête du printemps lunaire), mais cette année plus forte,et plus tôt, signe de nervosité!
France et RFA ont dénoncé la confirmation du verdict de 14 ans de prison contre Wei jingsheng. Un but-étrange, mais patent- du régime est atteint : le refroidissement à court terme des relations avec l’Europe et l’Amérique.
L’année1996, en Chine, a débuté près de Hangzhou au temple de Jingci, sous les 108 coups sonnés par une cloche de 10 tonnes. A Pékin, le Président Jiang a qualifié 1995 d’année « dont les Chinois pouvaient être fiers »!
Elles partent dans tous les sens, répondant à l’immensité des problèmes de cette société géante qui s’éveille.
En international, la Chine veut entrer à l’OMC (organisation mondiale du commerce) -elle va baisser en mars ses taxes douanières de 36% à 23%.
D’où plus de consommation prévisible de produits étrangers (pour les villes).
Pour compenser, on va augmenter la TVA, et introduire la feuille d’impôts individuelle. On va aussi systématiser la Sécurité sociale (aujourd’hui seulement pour les villes), santé et retraite. L’Etat veut poursuivre lutte contre l’inflation (la faire repasser sous 10% en 1996), s’attaquer au problème des usines publiques pourries déficitaires (en restructurer 1000), tout en émettant près d’un milliard de $ d’emprunts pour financer le développement de secteurs clés, non rentables pour l’étranger : pétrochimie, chemins de fer et centrales électriques.
Moins crédible, le pouvoir prétend aussi régler, par de nouvelles méthodes, des problèmes anciens : l’analphabétisme (d’ici 2010) et le contrôle des naissances en milieu rural!
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