Le Vent de la Chine Numéro 15 (2025)

du 12 au 18 mai 2025

Editorial : « Made in China 2025 » : l’heure du bilan
« Made in China 2025 » : l’heure du bilan

Lorsque le plan industriel « Made in China 2025 » (MIC2025) a été dévoilé par Pékin en 2015, la Chine se trouvait au bas de la chaîne de valeur industrielle mondiale, produisant principalement des produits bon marché et peu avancés technologiquement. Le plan MIC2025, voulu par Xi Jinping, ambitionnait de changer cela, en faisant passer la Chine du statut « d’usine du monde » à celui de « puissance manufacturière mondiale ».

Peu fan de ce projet, le président américain de l’époque, Donald Trump, a tenté de perturber le plan chinois en lançant en 2018 une guerre commerciale et en dénonçant les subventions publiques massives qui y étaient associées. Le gouvernement américain a ensuite sanctionné plusieurs entreprises technologiques chinoises, imposé des tarifs douaniers élevés sur les produits chinois et mis sous enquête les scientifiques collaborant avec la Chine. Après que Joe Biden ait pris la tête des États-Unis en 2021, il a fait un pas de plus en imposant des mesures telles qu’une interdiction d’exportation des puces les plus avancées vers la Chine.

Ainsi, depuis le déclenchement de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, le gouvernement chinois s’est abstenu de discuter publiquement du plan MIC2025 et de nombreux documents connexes ont été retirés de ses sites web. Sous cette perspective, l’absence de bilan officiel du MIC2025 dressé par Pékin n’est pas exactement étonnant.

Néanmoins, toute personne ayant vécu dans le pays durant cette période s’accordera à dire que la Chine de 2015 n’a plus rien à voir avec la Chine d’aujourd’hui. Dans la Chine de 2025, la plupart des véhicules dans les villes sont désormais électriques et de marque chinoise. Il est également possible de prendre le premier moyen-courrier chinois, le C919, pour un vol domestique ; de se faire livrer son repas à bord du train lors d’un arrêt ; de continuer à surfer sur Internet sur son smartphone même en traversant un tunnel ; de demander des renseignements à un robot dans un centre commercial ; ou encore d’expérimenter des taxis sans chauffeur et la livraison par drone…

Les experts abondent en ce sens : le MIC2025 a permis à la Chine de franchir un cap technologique important. Dans un article daté d’avril 2024, le média hongkongais SCMP, évaluait que 86% des 260 objectifs du MIC2025 étaient atteints.

Selon une étude plus récente réalisée par le groupe Rhodium, à la demande de la Chambre de Commerce américaine, le plan a fait preuve d’une efficacité redoutable, et cela, en dépit des tarifs et sanctions américaines.

Le rapport de 90 pages met en évidence des « progrès substantiels » dans la constitution de puissants secteurs industriels, notamment dans la robotique, les énergies renouvelables, les batteries de véhicules électriques et les télécommunications, qui faisaient partie des 10 secteurs-clés ciblés par le plan. La Chine aurait également réussi à réduire sensiblement ses importations dans tous les secteurs ciblés, notamment dans le domaine des dispositifs médicaux, où cette part est tombée de 24 % en 2015 à 14 % en 2023.

En parallèle, les auteurs du rapport Rhodium soulignent l’apparition d’un phénomène de « dépendances inversées » : le monde devient de plus en plus tributaire des chaînes d’approvisionnement chinoises, notamment dans les secteurs stratégiques de l’énergie solaire et des véhicules électriques. Cette dynamique modifie en profondeur les rapports de force industriels, posant des défis importants aux pays développés et à leurs entreprises en concurrence avec les acteurs chinois, en Chine mais aussi à l’international.

Comment Pékin a-t-il réussi ce tour de force ? Grâce à une explosion du soutien étatique : entre 2018 et 2022, les avantages fiscaux pour les entreprises des secteurs désignés comme « prioritaires » ont augmenté de près de 29 % par an, atteignant 1 300 milliards de yuans (environ 185 milliards de $). En parallèle, le recours aux fonds dirigés par l’État a été multiplié par cinq entre 2015 et 2020.

L’autre levier majeur du plan MIC2025, d’après les experts de Rhodium, réside dans la capacité de Pékin à inciter, voire contraindre, les multinationales à localiser leur production et leur R&D en Chine, condition d’accès au marché intérieur.

Cela n’a pas empêché le plan MIC2025 de rencontrer certains échecs. C’est notamment le cas dans l’aéronautique (le C919 du constructeur chinois Comac, dépend encore fortement des technologies étrangères), l’Internet rapide par constellation de satellites (Starlink, fondé par Elon Musk, jouit d’une avance considérable) et la technologie de « lithographie extrême ultraviolet » (qui permet de graver les semi-conducteurs les plus avancés et reste l’apanage d’une poignée de sociétés étrangères). Il ne fait cependant aucun doute que la Chine continuera à réduire l’écart dans ces domaines et à accroître sa compétitivité dans d’autres.

Toutefois, ce rattrapage technologique ne s’est pas fait sans contreparties. Le rapport de Rhodium alerte sur des effets pervers grandissants de cette politique industrielle : une stagnation de la productivité totale des facteurs, un gaspillage important des ressources au niveau local dans des projets redondants et inefficaces, une croissance économique en berne et un ralentissement des réformes structurelles. Le système chinois reste biaisé en faveur des producteurs et au détriment des consommateurs, entraînant des surcapacités industrielles — notamment dans les batteries et semi-conducteurs — et une demande intérieure insuffisante. Ces surproductions, largement subventionnées, alimentent désormais un excédent commercial massif et accentuent les frictions avec les partenaires commerciaux de la Chine.

Quoi qu’il en soit, ce rapport, publié au moment même où l’administration Trump 2.0 entame (enfin) des négociations avec la Chine, devrait relancer le débat à Washington (et ailleurs) sur la manière de contrer efficacement les subventions étatiques chinoises. Même si cette problématique ne sera probablement pas directement abordée par les Etats-Unis lors des discussions en Suisse, elle a toutes les chances de rester d’actualité puisque Pékin vient de présenter le prolongement du plan MIC2025,  qui consiste à développer de « nouvelles forces productives », à échéance 2035.


Agriculture : Le nouveau visage de la Chine agricole
Le nouveau visage de la Chine agricole

Après le succès du plan industriel « Made In China 2025 », Pékin veut renouveler l’exploit dans le domaine agricole cette fois. Le plan décennal dévoilé avec discrétion en avril vise en effet à transfigurer la production rurale du pays, pour faire de ce dernier à l’horizon 2035 « d’un grand pays à petits fermiers, une nation agricole puissante et forte ».

Les objectifs avaient été détaillés dès février par l’Etat dans le « document central n°1 » qui, chaque année, se consacre au monde paysan. Y figuraient six objectifs : un approvisionnement stable en céréales et autres denrées, la consolidation de la campagne anti-pauvreté, la croissance des industries rurales, le renforcement de l’immobilier, l’amélioration de la gouvernance et l’optimisation de l’allocation des ressources.

De tous ces points, les premiers comptent le plus aux yeux des leaders, à commencer par l’autonomie alimentaire : le pouvoir veut s’assurer de nourrir ce peuple, tant pour résister aux éventuels blocus de puissances étrangères – et l’arrivée aux affaires du belliqueux Trump ne peut que raviver ce souci –, que pour prévenir les émeutes en cas de disette. Aussi cette sécurité alimentaire a été déclarée par Xi Jinping comme une priorité nationale. Même en évitant les famines, le pouvoir fait face à une demande incompressible en viande, en lait et œufs. La population qui s’enrichit exige de manger toujours plus et mieux. Pour satisfaire cette demande, il faut l’aliment du bétail, le maïs, le soja, dont l’an dernier, le pays importait 157 millions de tonnes, le plaçant au 1er rang mondial des importations et faisant la pluie et le beau temps sur les prix internationaux.

Les deux derniers objectifs sont apparus plus récemment. Le souci d’une meilleure gouvernance traduit la prise de conscience d’un manque de formation chez les maires ou secrétaires de village, d’inculture technique, voire d’indiscipline, nuisible à l’enrichissement. Et le souci de mieux allouer les ressources fait directement allusion à la quasi-faillite de milliers de petites caisses et banques rurales ayant dilapidé leur capital dans des placements hasardeux, ce qui les met hors d’état de pouvoir prêter aux paysans. Mais en Chine, plus de 70% des terres arables sont constituées en mini-fermes familiales de quelques « mu » (1 mu = 0,17 ha). Selon des études citées par le SCMP, près de 19% d’entre elles n’ont pas les fonds suffisants pour faire tourner leur exploitation, et 26% n’assument pas la charge de leur dette, les privant de toute chance d’emprunt pour améliorer leur rendement.

Toutes ces contraintes se reflètent dans le « document n°1 » qui affiche à la fois la volonté de « stabiliser » les terres céréalières (trop souvent « grignotées » en périphérie urbaine au profit de la construction immobilière), de renforcer les rendements (la meilleure variable, dans une perspective de hausse des récoltes) et d’améliorer la qualité. Ce dernier point marque un tournant politique par rapport à 30 ans de priorité donnée au seul volume.

Pour atteindre ces résultats, le ministère de l’agriculture et des affaires rurales (MARA) se propose d’encourager les plantations de soja et d’autres oléagineux tels le canola et l’arachide, et de vulgariser l’usage de technologies nouvelles par l’attribution de subventions ciblées. Des gains de productivité sont aussi visés via une meilleure coopération entre provinces. Dans des provinces-greniers telles Henan, Jiangsu, Heilongjiang et Anhui, un prix minimal sera fixé pour le blé et le riz, dans l’espoir de stabiliser d’ici 2030 les terres céréalières ensemencées à 117 millions d’hectares, tandis que les récoltes devraient progresser nationalement de 50 millions de tonnes par an – l’an passé, la récolte avait atteint un nouveau record de 706,5 millions de tonnes de céréales, tandis que celle en soja atteignait 23 millions de tonnes.

Toutefois un problème ancien et pourtant pressant, est celui de la compétitivité. En dépit de lourds efforts des 30 dernières années pour mécaniser et améliorer les techniques aratoires, produire en Chine reste cher, du fait d’un rendement moitié moins élevé qu’aux Etats-Unis. En soja, la Chine aux terroirs acides et moins bien adaptés, atteint 1,6 t/ha contre 3,5 t/ha aux USA. En maïs, elle atteint 6,2 t/ha contre 11 à 12 t/ha aux USA.

Pour faire face, le pouvoir multiplie les initiatives volontaristes. Fin 2024, le MARA a octroyé des certificats de sécurité à 12 types de semences OGM, réalisant ainsi un grand pas vers une production de masse en produits génétiquement modifiés. On peut supposer que Syngenta, le géant helvétique de la bio-agronomie racheté en 2017 pour 43 milliards de $ par le groupe public ChemChina, aura été essentiel dans la mise au point de ces cultivars. Mais en se lançant dans l’agronomie OGM, la Chine prend ici un risque certain, que l’Europe par exemple n’est pas (encore) prête à suivre !

L’autre plan publié en février et s’étalant sur 4 ans est dédié aux technologies agraires. Il fixe 10 objectifs traitant de sujets aussi variés que la promotion de semences nouvelles, la régénérescence des sols souvent pollués, la machinerie agricole, la prévention des pestes, celles des maladies du bétail et du poisson d’aquaculture, l’agriculture « verte » et bas-carbone, l’agroalimentaire et le développement rural.

Une autre corde à l’arc chinois sera dès cette année l’établissement de 500 consortia nationaux d’équipements agricoles dans le but affiché de faire travailler ensemble les centres de R&D, les groupes d’agro-business et les agriculteurs : ce qui est visé ici, est la mise au point de plants résistants à la sécheresse, des tracteurs, semoirs et moissonneuses guidés par GPS et des systèmes d’irrigation économes dotés de capteurs gouvernés par intelligence artificielle – un savoir-faire dans lequel le pays est à présent passé maître.

D’autres projets détaillés par le plan décennal, consistent en la construction de « villages digitaux » et de parcs agronomiques destinés à faire exploser les rendements. Un exemple pourrait être ces fermes à étage et autres « tours à cochons ». Parmi ces 1832 exploitations disséminées sur le territoire chinois, celle de Ezhou (Hubei) compte deux tours de 26 étages, capables à terme de produire 1,2 million de porcs par an (cf photo). A noter que ces établissements, pas plus que les régions superproductrices d’Europe comme la Hollande ou la Bretagne, n’ont su résoudre le problème de la pollution des sols, et que leur rentabilité à terme demeure sujette à caution.

Tous ces plans et initiatives sont mis en place pour faire face à une crise sociétale du monde rural. La Chine conserve 24% de sa population active dans l’agriculture, l’élevage ou les pêcheries, soit 176,6 millions d’humains à la campagne. 90% sont des petits paysans, avec un âge moyen de 53 ans, dont un quart sont sexagénaires. Leur force et leur dynamisme décline, et avec elle, les chances de faire fortement remonter la productivité. D’ici 2050, cette population active rurale ne sera plus que de 3%, notamment à cause de l’exode rural qui se poursuit à rythme accéléré. En 2021, ils étaient 6,91 millions à quitter le village pour la ville, soit 2,4% de plus qu’en 2020. Cela annonce certes des chances de remembrement des mini-fermes en exploitations plus grandes et rentables – le modèle de ferme idéale visée par le MARA est l’exploitation familiale de 5ha. Mais cela promet aussi un déficit en ouvriers agricoles, annonciateur d’une hausse inéluctable des coûts de production des aliments. Face à cette perspective, l’Etat pourra de moins en moins intervenir au plan financier : dès 2030, la dette publique atteindra 150% du PIB, limitant sa capacité à se refinancer.

Comme on le voit, la masse des défis posés à la Chine verte, est compensée par ses innombrables plans, lois et initiatives pour y faire face, et sa foi dans le volontarisme. En tout cas, pas besoin d’être grand clerc pour prédire que d’ici 10 ans, la face du monde rural au Céleste Empire aura changé du tout au tout, et dans un sens qui aura de quoi étonner les puissances agroalimentaires traditionnelles. L’Europe, l’Amérique, l’Australie/Nouvelle Zélande pourraient bien voir leur suprématie dans l’agro-alimentaire remise en cause.

Par Eric Meyer


Géopolitique : Russie et Chine unis pour un « nouvel ordre mondial » contre « l’Occident » ?  
Russie et Chine unis pour un « nouvel ordre mondial » contre « l’Occident » ?   

Le 7 mai, Xi Jinping est arrivé en Russie pour une visite d’État de quatre jours. Avant son arrivée, Poutine l’avait présenté comme son « invité principal » lors des célébrations du Jour de la Victoire marquant les 80 ans de la fin de la deuxième guerre mondiale. Il s’agit de la 11e visite de Xi Jinping en Russie depuis son accession à la présidence en 2013 : les deux dirigeants se sont déjà rencontrés à plus de 40 reprises – un record qui doit autant à leur longévité autocratique à la tête de l’Etat qu’à leur vision commune d’un monde à (re)bâtir sans ou contre l’Occident.

Une nouvelle fois réunis à Moscou, Xi Jinping avait qualifié le lien entre les deux pays « d’indestructible » et ajouté que la Russie et la Chine devaient être des « amies d’acier ». Lors du discours d’ouverture, chacun s’est qualifié d’« ami », tandis que Xi Jinping a décrit leur relation comme « serrée et confiante, stable et résiliente ».

Lors du défilé militaire organisé par Vladimir Poutine le 9 mai, Xi Jinping a pris place à la droite de Poutine, aux côtés de 28 autres dirigeants étrangers, dont le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le Serbe Aleksandar Vučić et le Slovaque Robert Fico. Les préparatifs ont été perturbés par trois jours de frappes de drones ukrainiens, entraînant la fermeture des aéroports de Moscou pendant plusieurs heures.

En effet, cette célébration de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie est tout sauf consensuelle et rien moins que pacifique. Elle survient alors que le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron, le premier ministre britannique Keir Starmer et le premier ministre polonais Donald Tusk, sont arrivés à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et pousser le président russe à adopter un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. Car l’attaque par la Russie de l’Ukraine, dont Moscou rejette toujours sur l’OTAN et sur « l’Occident » la pleine responsabilité, marque aussi hélas la fin de 80 ans de paix en Europe. Plus perturbant encore, la Russie de Poutine n’a eu de cesse ces derniers temps de dépeindre l’Europe elle-même comme l’héritière de cette menace nazie qu’il s’agirait à nouveau de vaincre en commençant par « dénazifier » l’Ukraine.

Un aspect particulièrement préoccupant de l’alliance entre la Chine et la Russie se situe à ce niveau de convergence idéologique. En effet, dans un article publié dans les médias russes et chinois, Xi Jinping a établi lui-même un parallèle entre « l’hégémonie » américaine d’aujourd’hui et les « forces fascistes » d’il y a 80 ans : « Les forces justes du monde, dont la Chine et l’Union soviétique, ont combattu courageusement et vaincu côte à côte les forces fascistes arrogantes. 80 ans plus tard, l’unilatéralisme, l’hégémonie et l’intimidation sont extrêmement néfastes. L’humanité se trouve à nouveau à la croisée des chemins. » Alors que le président russe est poursuivi pour crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale, notamment pour sa responsabilité dans la déportation de milliers d’enfants ukrainiens, Xi Jinping a attaqué les « criminels de guerre » de la Seconde Guerre mondiale, décrivant la Chine et la Russie comme des « forces constructives pour maintenir la stabilité stratégique mondiale ». Par un renversement ahurissant de l’Histoire, la Russie et la Chine dépeignent de concert l’Occident comme le nouveau régime fascisant qu’il s’agit de renverser pour établir un « nouvel ordre mondial » plus « libre » et plus « juste »…

Cette proximité idéologique entre Moscou et Pékin s’exprime alors que la proximité économique a atteint des sommets depuis la guerre en Ukraine, cimentant dans les faits le traité « d’amitié sans limite » signé un mois avant le début du conflit : les relations bilatérales entre les deux pays ont augmenté de 66% depuis 2021, portées par les exportations chinoises de matériel à double usage civil et militaire (ordinateurs, équipements de télécommunications et de fabrication de puces électroniques, machines-outils) ; 40% des échanges internationaux russes sont désormais libellés en yuan alors que cela ne concernait que 2% de ceux-ci en 2022 ; le nombre d’étudiants chinois en Russie a presque aussi doublé sur la même période ; les exercices militaires conjoints, particulièrement dans le domaine aérien et naval, ont été multipliés par quatre depuis 2020.

Enfin, dans leur « déclaration conjointe sur la stabilité stratégique mondiale » du 9 mai, la Chine et la Russie semblent vouloir, de façon glaçante, prévenir les grandes puissances occidentales d’un risque d’embrasement nucléaire : « Les États dotés d’armes nucléaires, qui portent une responsabilité particulière en matière de sécurité internationale et de stabilité stratégique mondiale, doivent rejeter la mentalité de la guerre froide et les jeux à somme nulle […] et s’abstenir de toute action génératrice de risques stratégiques. […] Les deux Parties notent avec inquiétude que, dans un contexte de dégradation des relations entre États dotés d’armes nucléaires, qui a parfois conduit à la menace d’un affrontement militaire direct, une masse critique de problèmes et de défis s’est accumulée dans le domaine stratégique, et le risque de conflit nucléaire s’est accru. »

S’agit-il de viser la proposition de la France d’étendre le parapluie nucléaire à l’Allemagne et à la Pologne ? S’agit-il de cibler les nouvelles velléités sud-coréennes en la matière : selon un sondage récent, plus de 70% des Sud-coréens ​​soutiennent le développement d’armes nucléaires locales ? A moins que cela ne concerne le conflit en cours entre l’Inde et le Pakistan ? Ou bien un peu de tout cela à la fois. En tout cas, la situation ne manque pas d’ironie pour deux pays qui ont permis en sous-main la prolifération nucléaire vers l’Iran et la Corée du Nord

Par Jean-Yves Heurtebise


Vocabulaire de la semaine : « Fête du Travail, jeunesse, CIA »
« Fête du Travail, jeunesse, CIA »
  1. 旅游, lǚyóu (HSK 2): tourisme, voyage
  2. 消费, xiāofèi (HSK 3) : consommation, dépenses
  3. 增长, zēngzhǎng (HSK 3) : croître, augmenter
  4. 人均, rénjūn (HSK 7) : per capita
  5. 低于, dī yú (HSK 5): inférieur à
  6. 疫情, yìqíng : pandémie, situation épidémique
  7. 水平, shuǐpíng (HSK 2): niveau
  8. 仍, réng (HSK 3): encore, toujours (littéraire)
  9. 服务业, fúwùyè : secteur des services
  10. 增速, zēngsù: rythme de croissance

刚刚过去的五一假期,中国国内旅游消费同比增长8%,达1802.7亿元人民币,但人均消费仍低于疫情水平。与此同时,中国服务业在4月增速降至七个月以来最低水平

Gānggāng guòqù de wǔyī jiàqī, zhōngguó guónèi lǚyóu xiāofèi tóngbǐ zēngzhǎng 8%, dá 1802.7 Yì yuán rénmínbì, dàn rénjūn xiāofèi réng dī yú yìqíng qián shuǐpíng. Yǔ cǐ tóngshí, zhōngguó fúwù yè zài 4 yuè zēng sùjiàng zhì qī gè yuè yǐlái zuìdī shuǐpíng.

Au cours des vacances du 1er mai qui viennent de se terminer, la consommation touristique intérieure en Chine a augmenté de 8 % par rapport à l’année précédente, atteignant 180,27 milliards de yuans, mais la dépense moyenne par personne reste inférieure au niveau d’avant la pandémie. Parallèlement, la croissance du secteur des services en avril est tombée à son plus bas niveau depuis sept mois.

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  1. 旨在, zhǐzài (HSK 7): avoir pour but de
  2. 限制, xiànzhì (HSK 4) : limiter, restreindre
  3. 青少年, qīngshàonián (HSK 2): adolescent, jeunesse
  4. 社交媒体, shèjiāo méitǐ: réseaux sociaux
  5. 措施, cuòshī (HSK 4) : mesure, dispositif
  6. 怀疑, huáiyí (HSK 4): sceptique
  7. 方案, fāng’àn (HSK 4): plan, programme
  8. 未成年人, wèichéngniánrén (HSK 7) : mineur (personne mineure)
  9. 负担, fùdān (HSK 4) : charge, fardeau
  10. 压力, yālì (HSK 3) : pression

尽管一些中国年轻人承认自己过多的时间花在网上,但许多人对政府提出的旨在限制青少年的上网和社交媒体使用时间的新措施怀疑态度。很多人认为,真正的解决方案应该是减少未成年人在线下生活中的负担,比如降低过重的学业压力

Jǐnguǎn yīxiē zhōngguó niánqīng rén chéngrèn zìjǐguò duō de shíjiān huā zài wǎngshàng, dàn xǔduō rén duìzhèngfǔ tíchū de zhǐ zàixiànzhì qīngshàonián de shàngwǎng hé shèjiāo méitǐ shǐyòng shíjiān de xīn cuòshī chíhuáiyí tàidù. Hěnduō rén rènwéi, zhēnzhèng de jiějué fāng’àn yīnggāi shì jiǎnshǎo wèi chéngnián rén zài xiàn xiàshēnghuó zhōng de fùdān, bǐrú jiàngdīguò zhòng de xuéyè yālì.

Bien que certains jeunes Chinois reconnaissent passer trop de temps en ligne, beaucoup restent sceptiques face aux nouvelles mesures proposées par le gouvernement pour limiter le temps passé par les adolescents en ligne et sur les réseaux sociaux. Beaucoup pensent que la véritable solution serait de réduire les pressions de la vie hors ligne pour les mineurs, en réduisant par exemple la pression académique excessive.

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  1. 五一长假, Wǔyī chángjià : vacances du 1er mai (fête du Travail)
  2. 视频, shìpín (HSK 5) : vidéo
  3. 标题, biāotí (HSK 3) : titre
  4. 掌握, zhǎngwò (HSK 5): maîtriser, détenir (des informations)
  5. 命运, mìngyùn (HSK 3) : destin
  6. 直言, zhíyán : parler franchement, sans détour
  7. 敏感, mǐngǎn (HSK 5) : sensible
  8. 资讯, zīxùn (HSK 7) : informations
  9. 国家安全, guójiā ānquán : sécurité nationale
  10. 先进, xiānjìn (HSK 3) : avancé ou de pointe

中国“五一”长假的第一天,美国中央情报局发布了两支中文短视频标题为《我为何联系CIA:掌握自己的命运》和《我为何联系CIA:为了更好的生活》。视频配文直言征求敏感资讯,称:“你是否掌握经济、财政、贸易政策的资讯?是否从事国家安全、外交、科技或先进制造等领域的工作?请联系我们。”

Zhōngguó “wǔyī” chángjià de dì yī tiān, měiguó zhōngyāng qíngbào jú fābùle liǎng zhī zhōngwén duǎn shìpín, biāotí wèi “wǒ wèihé liánxì CIA: Zhǎngwò zìjǐ de mìngyùn” hé “wǒ wèihé liánxì CIA: Wèile gèng hǎo de shēnghuó”. Shìpín pèi wén zhíyán zhēngqiú mǐngǎn zīxùn, chēng:“Nǐ shìfǒu zhǎngwò jīngjì, cáizhèng, màoyìzhèngcè de zīxùn? Shìfǒu cóngshì guójiā ānquán, wàijiāo, kējì huò xiānjìn zhìzào děng lǐngyù de gōngzuò? Qǐng liánxì wǒmen.”

Le premier jour des vacances du 1er mai en Chine, la CIA a publié deux courtes vidéos en chinois, intitulées « Pourquoi j’ai contacté la CIA : prenez le contrôle de votre propre destin » et « Pourquoi j’ai contacté la CIA : pour une vie meilleure ».Les vidéos appellent ouvertement à fournir des informations sensibles, demandant : « Détenez-vous des renseignements sur les politiques économiques, fiscales ou commerciales ? Travaillez-vous dans la sécurité nationale, la diplomatie, la technologie ou les industries de pointe ? Contactez-nous. »


Petit Peuple : Liu Yifan : Suivre le crabe et parvenir à l’harmonie (1ère partie)
Liu Yifan : Suivre le crabe et parvenir à l’harmonie (1ère partie)

Dans le restaurant de hot-pot du village, un attroupement s’est formé autour de lui. Musclé, plutôt grand, les traits burinés et le visage hâlé, Wang Chenghui fait sensation. Parti en Norvège il y a dix ans pour travailler une saison sur un bateau de pêche, il n’est jamais revenu. Sa mère n’a manqué de rien, il y veillait de loin. Elle se lamentait de son absence et montrait à qui le voulait les photos de son fils emmitouflé dans une doudoune sur un pont de bateau, la mer déchaînée en arrière-fond, ou une toque sur la tête dans les cuisines d’un énorme bateau de croisière.

À l’autre bout de la table, Liu Yifan observe Wang Chenghui de loin. Elle le connaît depuis l’enfance, leurs familles sont voisines et le frère aîné de Yifan a l’âge de Chenghui. Ce dernier avait toujours eu la bougeotte et une curiosité insatiable pour les pays lointains. Après plusieurs saisons sur des navires de pêche norvégiens, il a embarqué comme cuistot sur les immenses paquebots de croisière qui sillonnent les sites incontournables de l’Arctique. Un petit pactole en poche, il a ouvert il y a quelques années un restaurant chinois dans la banlieue de Tromso, la ville la plus septentrionale du monde.

Liu Yifan non plus n’habite plus au village. Elle y passe de temps en temps pour voir ses parents puis retourne en ville où elle travaille dans une entreprise publique. Un emploi stable, un bon salaire, un studio. Le seul hic ? À plus de 25 ans, elle n’est toujours pas mariée. Ses parents supplient, menacent, brûlent de l’encens, organisent des rendez-vous mais Yifan tient bon, elle se mariera par amour.

Il y a dix ans, après le départ de Chenghui, une vieille femme avait séjourné au village. Personne ne savait très bien d’où elle venait, un peu chamane, un peu clocharde, tout le monde se méfiait d’elle sauf Yifan qui adorait écouter ses histoires. Au moment de partir, la vieille s’était penchée vers l’adolescente pour lui glisser à l’oreille qu’elle devait toujours suivre son cœur et rester attentive au crabe.

Au crabe ? À part sur la table du Nouvel An, et encore pas chaque année tant c’était un mets rare et cher, Liu Yifan n’en voyait pas tellement s’agiter autour d’elle. Quant à suivre son cœur, il s’était arrêté devant Wang Chenghui et son intrépidité, Wang Chenghui et ses histoires lointaines, que faire maintenant qu’il était parti ? Si le crabe était un symbole de réussite aux examens, peut-être devait-elle poursuivre ses études ? Douée en classe, elle batailla pour continuer jusqu’au gāokǎo ( 高考, équivalent chinois du baccalauréat) et trouva un travail sérieux. Mais, au sein de son entreprise, le prince charmant en costume-cravate se faisait attendre et le visage de Wang Chenghui ne s’effaçait pas.

Quelques années plus tard, quand un officiel local eut l’idée de développer dans son village natal un élevage de crabes poilus, Liu Yifan repensa aux propos de la vieille excentrique : allaient-ils s’éclairer à l’aune de cette nouvelle activité ? L’excellente qualité de l’eau des sources qui alimentaient le village donnait à cette idée un crédit certain et tout le monde s’enthousiasma pour le projet, la famille Liu y compris. Des larves de crabes venant du lac Yangcheng (la Rolls Royce mondiale du crabe d’eau-douce) furent introduites dans les rizières. Les premiers crabes arrivés à maturation tinrent toutes leurs promesses, amenant le village à doubler sa production l’année suivante pour alimenter Shanghai et Hong Kong. Dès qu’elle le pouvait, Yifan rentrait chez elle donner un coup de main mais aucun prétendant n’émergea non plus des rizières. Le crabe poilu faisait la prospérité du village mais ne comblait pas son cœur à elle. Sa voisine, la mère de Chenghui, lui apprit le mariage de celui-ci avec une Chinoise habitant Tromso, puis son divorce avant même qu’il puisse rentrer chez lui la présenter à sa mère.

Deux ans plus tard, voici Yifan à cette table de hot-pot, près de Chenghui qu’elle n’a pas revu depuis son départ. Il est rentré pour enterrer sa mère et vider la maison. Yifan de son côté, est venue passer les festivités du Nouvel An avec sa famille. Attablé, Chenghui parle, répond aux questions. Bien que vieilli, elle lui trouve toujours autant de charme. Le voici qui raconte ses saisons de pêche en Arctique, flétan, harengs, mais aussi crabe royal. Crabe, il a bien dit crabe ?

Mais alors, les planètes s’aligneraient-elles enfin avec la prophétie de la vieille ? Chenghui s’intéressera-t-il à elle ? Vous le saurez dans le prochain épisode!

Par Marie-Astrid Prache

NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.


Rendez-vous : Semaines du 12 mai au 6 juillet
Semaines du 12 mai au 6 juillet

12 – 14 mai, Shanghai : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie de la beauté

13 – 15 mai, Shanghai : Intersec, Salon international de la sécurité et de la protection contre le feu

15 – 17 mai, Chongqing : CIBF – China International Battery Fair, Foire internationale de l’industrie des batteries

15 – 19 mai, Pékin : China Print, Salon international des technologies d’impression

15 – 17 mai, Canton : GITF – Guangzhou International Travel Fair, Foire internationale du tourisme en Chine

19 – 21 mai, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Salon international pour les professionnels de l’élevage en Chine

19 – 21 mai, Shanghai : SIAL China, Salon international des aliments et boissons

19 – 22 mai, Shanghai : Bakery China, Salon international de la boulangerie et de la pâtisserie

19 – 23 mai, Pékin : WGC – World Gas Conference, Congrès mondial du gaz, de l’exploration à l’exploitation

20 – 22 mai, Canton : Interwine China, Salon chinois international du vin, de la bière, et des procédés, technologies et équipements pour les boissons

21 – 23 mai, Pékin : AIAE – Asian International Industrial Automation Exhibition, Salon international de l’automation industrielle

21 – 23 mai, Canton : API China / PharmChina, Salon de l’industrie pharmaceutique

21 – 23 mai, Canton : NFBE – Natural Food And Beverage Expo, Salon international des aliments naturels et des boissons santé

22 – 24 mai, Chengdu : CAPAS, Salon international pour les pièces automobiles et les services après-vente

22 – 24 mai , Xi’an : HosFair, Salon international des équipements et fournitures pour l’hôtellerie, de l’alimentation et des boissons

23 – 25 mai, Changchun : HEEC – Higher Education Expo China, Salon de l’enseignement supérieur

26 – 28 mai, Shanghai : R + T Asia, Salon professionnel des volets déroulants, portes et portails et protections contre le soleil

26 – 28 mai, Shanghai : Domotex Asia, Salon des revêtements de sol

27 – 29 mai, Shanghai : ITB China, Salon international du tourisme

27 – 30 mai, Canton : Prolight + Sound, Salon international des technologies du son et des éclairages

28 – 30 mai, Nanjing : CNF – China (Nanjing) International Emergency Industry Expo, Salon international de l’industrie des urgences

4 – 6 juin, Shanghai : BuildEx China, Salon chinois de l’industrie de l’approvisionnement en eau et du drainage

4 – 7 juin, Shanghai : Design Shanghai, Salon international du design

4 – 7 juin, Shanghai : DMC – Die & Mould China, Salon international des technologies pour les moulistes et les plasturgistes

5 – 7 juin, Canton : PaperExpo, Salon professionnel de l’industrie du papier

5 – 7 juin, Shanghai: CTEF, Salon international des équipements et procédés chimiques

9 – 12 juin, Canton : LED China, Salon mondial de l’industrie des LED

11 – 13 juin, Shanghai : AIE – Aircraft Interiors Exhibition, Salon international dédié aux intérieurs de cabines d’avions

11 – 13 juin, Shanghai : Biofach China, Salon et congrès des produits bio

11 – 13 juin, Shanghai : China Aid, Salon professionnel des soins aux personnes âgées, de la rééducation et des soins de santé

11 – 13 juin, Shanghai : SNEC – PV, Conférence et exposition internationales sur la production d’énergie photovoltaïque et l’énergie intelligente

12 – 14 juin, Canton : IHE – Inter Health Expo, Salon international de l’alimentation et des produits issus de l’agriculture biologique

13 – 15 juin, Canton : The Kids Expo, Salon et conférence sur l’éducation des enfants

18 – 20 juin, Shanghai : IOTE, Salon international de l’Internet des objets

18 – 20 juin, Shanghai : MWC, Salon et conférence du téléphone portable

24 – 26 juin, Shanghai : FI – Food Ingredients, Salon international qui rassemble les principaux fournisseurs, fabricants et experts des secteurs de la santé et de l’alimentation

24 – 26 juin, Shanghai : HNCExpo – Healthplex & Nutraceutical China, Salon international et conférences dédiés aux produits de santé naturels et à la nutraceutique

24 – 26 juin, Shanghai : ProPak China/FoodPack China, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage

24 – 26 juin, Shanghai : CPHI/PMEC China, Salon de la pharmacologie et des biotechnologies

25 – 27 juin, Shanghai : CMEH – China International Medical Equipment Exhibition, Salon international des dispositifs médicaux

25 – 27 juin, Shanghai : CWIEME Shanghai, Salon international des bobinages électriques, de l’isolation et de la fabrication de machines électriques

25 – 27 juin, Chengdu : IE Expo Chengdu, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie

29 juin – 1er juillet, Shanghai : Shanghai International Shoe Expo, Salon international de la chaussure

30 juin – 3 juillet : IAAPA Expo Asia, Salon et conférence sur l’industrie des parcs d’attractions et de loisirs

4 – 6 juillet, Shanghai : CHF – China Horse Fair, Salon international des industries et sports équestres

4 – 6 juillet, Shanghai : ISPO Shanghai, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements