En Chine, la semaine passée (vdlc n°37) G.W. Bush a surpris en partageant un culte avec ses coreligionnaires du temple de Gangwashi.
Mais au fait, qui sont ces protestants «contrôleurs du dogme», selon leur appellation en chinois (jidu, 基督)?
Dans leurs 13.000 églises rouvertes après la Révolution culturelle, ils seraient 30M -triple du chiffre officiel. Leur spécificité est un niveau élevé d’éducation et de culture, bien audible dans leurs chorales raffinées, aux sons venus de l’Occident, avec costumes et orchestre.
Ils sont aussi dévots, d’une foi choisie et re-née après 30 ans de veilleuse, rallumant un flambeau que leurs pères avaient caché pour assurer leur survie. Beaucoup sont néo-convertis, attirés par la soif de spiritualité et l’angoisse du vide moral. Bravant l’interdit, ils n’hésitent pas à se réunir en des milliers de cultes, pour chanter, prier et étudier la Bible.
Économiquement, ils sont en pointe, en tous secteurs productifs : industrie, banque, commerce. Leur foi est un atout, permettant le partage des contacts, investissements, appuis -car pour eux, parole vaut contrat. Face à eux, l’Etat est embarrassé. Il apprécie la qualité de ces citoyens, mais ne peut tolérer leur prétention d’infléchir la guidance du Parti- ils croient que Dieu leur commande de jouer un rôle dans le retour à la démocratie, et font de dynamiques organisateurs.
D’où les actes de répression intermittente, comme celle du pasteur Cai Zhuohua, qui vient d’être condamné à 3 ans pour avoir imprimé 200.000 bibles sans permis. Mais généralement, la manière forte régresse. Hu Jintao plaide pour les «éduquer et unifier». Peut-être pour une raison de fond, qui vaut aussi pour les catholiques : la répression renforce et vivifie. Mieux vaut trouver un modus vivendi !
Sommaire N° 38