Le Vent de la Chine Numéro 36 (2025)
Dans une Asie en ébullition, Donald Trump et Xi Jinping se sont enfin retrouvés, six ans après leur dernière poignée de main à Osaka. Une rencontre improbable entre deux dirigeants que tout oppose, mais que la conjoncture force à dialoguer : guerre commerciale, tensions en mer de Chine, effondrement des échanges bilatéraux, et la quête de leadership sur un monde en recomposition.
Pour Trump, fraîchement revenu à la Maison-Blanche, il s’agissait moins de renouer le dialogue que de rejouer une scène familière : celle du « deal-maker » face au rival chinois.
La rencontre du 30 octobre à Busan, en Corée du Sud, en marge du sommet de l’APEC, est seulement la cinquième entre les deux dirigeants et la première depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche début 2025. La dernière remontait à juin 2019, lors du sommet du G20 à Osaka.
Pour Donald Trump, cette entrevue conclut une intense activité diplomatique en Asie, commencée par sa participation au sommet de l’ASEAN — la première d’un président américain depuis 2022, Joe Biden ayant préféré y dépêcher Kamala Harris en 2023 et 2024.
Ce déplacement intervient dans un contexte régional tendu : guerre civile au Myanmar, affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge, tensions accrues en mer de Chine méridionale, et hausse des droits de douane américains. Le président Trump affirme que son intervention a permis de mettre fin aux combats, se présentant comme un « artisan de la paix » et réaffirmant la centralité du leadership américain dans une région dominée par l’influence chinoise.
Le président américain s’est ensuite rendu au Japon pour rencontrer la nouvelle Première ministre, Sanae Takaichi. Le communiqué de la Maison-Blanche saluait, dans un style digne du Parti communiste chinois, « une démonstration audacieuse de la force et du talent inégalé du président Donald J. Trump en matière de négociation ».
En réalité, il s’agissait moins d’accords conclus que de promesses d’investissements : après avoir menacé d’imposer une taxe de 25 % sur les produits japonais, Trump a réduit ce taux à 15 % en échange d’engagements d’investissements massifs au profit des États-Unis — 550 milliards de $ selon Tokyo —, assortis d’achats accrus de riz, de soja et de voitures américaines. Quant aux 332 milliards destinés aux infrastructures énergétiques américaines, ils soulignent surtout la dépendance structurelle du pays au financement étranger.
Cette tournée asiatique s’est donc conclue par la rencontre avec Xi Jinping au sommet de l’APEC. L’organisation, qui regroupe 21 économies représentant plus de 50 % du PIB mondial et 40 % de la population mondiale, demeure un forum clé pour les équilibres économiques et stratégiques de la région. Les échanges bilatéraux entre Washington et Taipei y sont désormais observés avec autant d’attention que les discussions entre Washington et Pékin.
C’est dans ce contexte que la rencontre Trump-Xi a eu lieu, rendue possible par une accalmie relative dans la guerre douanière opposant les deux puissances. Depuis le début de son second mandat, Donald Trump a multiplié les hausses et baisses de tarifs douaniers sur les importations chinoises, utilisant les droits de douane comme un levier de négociation permanent. Prétextant la lutte contre le fentanyl venu de Chine, il a successivement relevé puis abaissé les taxes, atteignant parfois des niveaux cumulés supérieurs à 120 %, avant d’annoncer, après sa rencontre avec Xi à Busan, un allègement à 47 %.
Derrière ces effets d’annonce, l’impact réel reste limité : au-delà d’un certain seuil, les taxes finissent par étouffer les échanges. Selon l’OMC, les exportations chinoises vers les États-Unis devraient chuter de 77 % en 2025. En 2024, la Chine avait déjà perdu sa place de premier exportateur vers les États-Unis pour la première fois depuis 2006, représentant 13,9 % du total des importations américaines — sa plus faible part depuis 2004.
La guerre commerciale de Trump, en favorisant le découplage entre les deux économies, semble paradoxalement profiter à Pékin, désormais moins dépendante des États-Unis pour sa croissance tout en conservant son monopole sur les terres rares.
La seule véritable concession obtenue par Trump fut un report — et non une annulation — de l’élargissement des contrôles chinois à l’exportation sur ces métaux stratégiques. Pékin a aussi promis d’acheter 25 millions de tonnes de soja par an pendant trois ans, une promesse déjà formulée en 2020… et jamais tenue. De fait, pourquoi acheter du soja américain quand elle peut acheter du soja à un pays moins hostile comme le Brésil ?
Cela n’a pas empêché Trump de qualifier la rencontre de « succès valant 12 sur 10 », dans un de ces dithyrambes dont il a le secret. Côté chinois, Xi Jinping a adopté un ton plus feutré, mais non moins confiant : « Nous sommes tous deux à la barre des relations sino-américaines », aurait-il déclaré. « Nous devons maintenir le cap, naviguer dans ce contexte complexe et assurer la progression stable du navire. » Une métaphore maritime qui sonne comme un message implicite : la Chine reste convaincue de sa capacité à prévaloir à long terme.
Prévue pour durer quatre heures, la rencontre n’aura finalement duré qu’une heure quarante — un ballet diplomatique soigneusement chorégraphié pour rassurer les investisseurs, où l’on évite soigneusement les sujets qui fâchent : Taïwan, Nvidia, Russie, Gaza. La poignée de main entre les deux dirigeants, mise en scène sous les flashes, symbolise cette confiance contrainte : celle de deux puissances fatiguées de s’affronter, mais incapables de se faire réellement confiance.
Au fond, la question n’est plus de savoir quel pays dominera l’autre dans un essor supposé infini — malgré l’impossibilité écologique d’un tel progrès continu, la dette mondiale, supérieure de 235 % au PIB global, n’étant que le reflet financier de notre dette écologique — mais bien de savoir lequel s’effondrera le premier, miné de l’intérieur par la corruption de ses dirigeants et la lassitude de ses citoyens.
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